LIVE ‎REPORT | THE OUTBREAK METAL FEST

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Chato d’O (Blois/41) et L’Astrolabe (Orléans/45)

Les 10, 12 et 13/04/2019

[Texte : Seigneur Fred – Photos : Seigneur Fred]

Jamais deux sans trois ! La troisième édition du festival blésois The Outbreak s’est achevée avec succès ce samedi 13 avril 2019 au Chato d’O de Blois avec la prestation puissante et imparable des pionniers du Grindcore, Napalm Death, toujours en pleine forme à l’image de son chanteur Mark « Barney » Greenway arrivé dans le groupe il y a déjà trente ans.

Mais c’est d’abord du côté d’Orléans à la salle bien connue de l’Astrolabe que les hostilités commencèrent cette même semaine sous des airs Punk/Hardcore si chers à nos vétérans britanniques justement, le festival se partageant cette année l’organisation entre deux sites et créant ainsi une synergie culturelle intéressante et novatrice pour le public en quête de décibels en région Centre-Val de Loire.

Speed Jesus

Le mercredi 10 avril, le trio local Speed Jesus ouvrit donc sans préliminaires le bal pour la tête d’affiche américaine Sick Of It All devant une centaine de spectateurs orléanais attentifs et réservés. Proposant un Punk/Hardcore violent aux accents parfois Crust/Grind, nos trois gaillards envoient du lourd et maîtrisent parfaitement leurs instruments, forts de leur expérience passée ou présente dans les formations telles que Monde de Merde, Gravity Slaves, ou Brokken Roses. Leur dernier album The Giant Hack, paru fin 2018 est disponible chez Metro Beach, PPM/Opposite, et Blackout Prod. pour ceux qui auraient manqué leur set.

Monde de Merde

Ensuite on prend les mêmes, ou presque, et on recommence, avec les poètes orléanais de Monde de Merde, où l’on retrouve donc le guitariste de Speed Jesus et son batteur, accompagnés du guitariste Pierre Mestrinaro (des légendaires Burning Heads qu’il a quittés l’an dernier), du bassiste Benyamin Metal Miaow, et la frontwoman Lucette au chant. Monde de Merde se définit comme : « un cri de révolte lancé aux frères opprimés ». Et leurs cris vont réveiller l’Astrolabe qui se remplit toujours un peu plus pour une belle soirée Hardcore en perspective. L’ambiance monte d’un cran dans la joie et la bonne humeur grâce aux quelques interventions du sympathique Pierre « Pit Samprass » sous fond de revendications sociales et humanistes. Grâce à des mosh-parts bienvenues et un Hardcore Metal fédérateur, le public commence à se lâcher alors que Lucette s’époumone au micro exprimant toute sa rage avec cependant bienveillance. Derrière les fûts, Jean Guy commence à avoir des crampes (rappelons qu’il enchaîne là son second concert de la soirée). Monde de Merde nous fait passer un moment convivial en rassemblant la famille Punk/Hardcore orléanaise avant de laisser place aux rois du New-York Hardcore : Sick Of It All

Sick Of It All

Les Américains vont délivrer un set classique, musclé et sans faille avec le smile comme à chacune de leur prestation, et il en sera de même le lendemain à Paris (Gibus) ou au Betizfest à Cambrai durant le weekend. Dans le pit c’est bon enfant. Contrairement outre-Atlantique, il n’y a guère de crowd killing ou violent dancing comme c’est la mode au pays de l’oncle Sam. Sous fond du superbe back drop jaune et rouge du dernier album Wake The Sleeping Dragon (Century Media/2018), les frères Koller vont jouer leurs nouveaux brûlots sans oublier les standards (« Death or Jail », « Step Down »)… Petite déception tout de même : point de rappel, mais ce fut intense et génial. Sick Of It All a beau écumé régulièrement toutes les salles de France et de Navarre ainsi que nos festivals, on ne s’en lasse pas, le groupe méritant bien son titre de roi du NY Hardcore avec ses trente-deux ans passés à en servir la cause avec honneur.

Le vendredi 12 avril, place à plus d’intimité dans un Chato d’O en petite configuration avec : Sycomore originaire d’Amiens, les Clissonnais de Stinky (de retour d’ailleurs cette année au Hellfest) et Klone (également à l’affiche du Hellfest 2019) qu’on ne présente plus et qui vient tout juste de signer un deal avec le prestigieux label Kscope au côté de Katatonia, Ulver, Anathema, Tesseract, etc. Malheureusement, pour cause d’interviews d’Abbath à Paris et de Possessed par téléphone (décalage horaire oblige) que vous retrouverez très bientôt dans le prochain numéro de Metal Obs, nous ne pûmes assister à ce show qui d’après nos dires fut d’excellente facture, à l’image de toute façon de l’ensemble de la prog’ du festival cette année encore.

Svart Crown

Enfin, samedi 13 avril, il ne fallait rater pour rien au monde le clou de l’affiche du festival The Outbreak avec les Français de Svart Crown et surtout les infatigables et cultissimes Napalm Death de retour sept ans après leur passage dévastateur au Chato d’O avec à l’époque encore le guitariste Mitch Harris dans leur rang, parti du groupe anglais depuis jusqu’à nouvel ordre.

Mais c’est tout d’abord Ingrina, sextet originaire de Corrèze, département français plus connu pour ses présidents de la République en retraite que pour son Post-Hardcore, qui nous surprend agréablement avec sa musique en grande partie instrumentale. Doté de deux batteurs parfaitement synchrones et trois guitaristes, Ingrina prend son temps pour nous emmener dans son monde atmosphérique et progressif avant de nous assommer sur des passages lourds et telluriques. Auteur d’un premier album Etter Lys vendu au prix libre, les amateurs ne se priveront pas au stand de merch…

Mudweiser

Place au gros Rock Stoner de Mudweiser à présent avec au micro le crooner qu’est Reuno (Lofofora, Le Bal des Enragés, Les Tambours du Bronx) accompagné de l’ex-bassiste d’Eyeless, Jay, qui se démène comme un diable jusqu’à entortiller le fil de sa quatre cordes, d’un guitariste Ole à la casquette vissée sur le crâne façon Tom Morello et qui va pendant près d’une heure balancer des riffs plus Heavy les uns que les autres rappelant les riches heures de Kyuss. Si l’originalité fait défaut, l’esprit Rock’n Roll et la bonne humeur sont au rendez-vous et c’est bien ça qui compte car le public ne s’y trompe pas, headbanguant au premier rang et se déhanchant à tout va, telle la fièvre du samedi soir, emmenée par le chanteur de Lofofora qui tourne ce soir au Jack D… Nous ne pouvons que vous recommander leur dernier opus So Said The Snake (Head Records).

Svart Crown

Changement radical de registre démontrant tout l’éclectisme musical de la soirée avec les Niçois de Svart Crown menés de main de maître par JB Le Bail que nous ne manquons pas de saluer au merchandising avant de monter sur scène. Fort d’une tournée américaine l’an dernier avec Marduk et Incantation, le guitariste/chanteur nous confiera d’ailleurs préparer tranquillement un nouvel album avec Francis Caste dont on attend avec impatience les prochains extraits toujours sur l’important label allemand Century Media. Work in progress donc… En live, Svart Crown transpire et vit sa musique, jouant comme si c’était leur dernière heure. Si l’ambiance se veut noire et nettement moins joyeuse que Mudweiser, les adeptes de Black et Death Metal en ont pour leur argent. Le quatuor français est d’une puissance scénique incontestable et nous envoûte rapidement avec ses relents shamanique. Il prouve qu’il n’a rien à envier aux autres formations européennes du genre. Axant l’essentiel de sa set-list sur son quatrième album Abreaction paru en 2017 (4,5/5 dans Metal Obs), nos Niçois terminent leur show avec un vieux titre histoire de rappeler leurs racines Black Metal.

Octopoulpe

Petite entracte décalée et pleine de curiosité avant la tête d’affiche en compagnie d’Octopoulpe. Comme un certain Mr Marcaille découvert au Chato d’O il y a deux ans, nous faisons connaissance cette fois avec le multi-instrumentiste français exilé en Corée du Sud et de retour pour quelques mois pour une tournée européenne qui démarre justement à Blois. Quel honneur et surtout quelle performance ! Très visuel avec son masque à tentacules et quasiment nu avec son boxer derrière ses fûts, notre trentenaire délivre un set spectaculaire et bourré d’humour mais surtout de technique tant musicale que vidéo avec une projection à ses côtés le mettant en scène essentiellement à Séoul où il vit et expérimente comme un gamin mêlant samples des Tortues Ninjas, Mortal Kombat, Trump. Et autres extra-terrestres sous fond de Grindcore, ou plutôt de Geekcore comme l’artiste à tendance à se qualifier. Franchement ne loupez pas cet ovni incroyable en tournée un peu partout ! (En concert à Paris le 23/04, à Tours le 29/04/19).

Napalm Death

Enfin, les tôliers de Napalm Death prennent d’assaut la grande scène sans prévenir et c’est parti pour un show d’un peu plus d’une heure, sans rappel malheureusement (comme Sick Of It All à l’Astrolabe, décidément ce n’est plus la mode). Les Anglais de Birmingham vont nous mettre une énième claque Grind en pleine tronche car jamais le groupe ne nous a déçus en live depuis 1981. On se souvient encore au Chato d’O de leur terrible passage en 2012 avec à l’époque Mitch Harris à la guitare, remplacé ce samedi soir (et ce depuis 2015) par John « Johnny Cheeseburger » Cooke de Venomous Concept, un des nombreux side-projects du sympathique bassiste Shane Embury. Les classiques de ces pionniers du Grind sont passés en revue (« Creed Killing », « Suffer The Children », « Scum », « The Kill », « You Suffer »… cf. setlist en photo), annoncés à chaque fois par le souriant et bavard Barney sous fond d’humour typiquement British.

Setlist de Napalm Death

Franchement, ces mecs-là sont inusables et méritent notre respect à tous car leurs concerts demeurent tout simplement énormes, et après leur récente tournée américaine en ouverture pour les futurs retraités de Slayer, on espère qu’une chose : qu’ils ne prennent jamais leur retraite !! A voir cet été en festival et notamment au Motocultor ! Pour le festival The Outbreak, ce fut une superbe troisième édition avec des artistes tous ravis d’être là et proches de leurs fans. La parfaite organisation sur deux salles est une belle idée à développer. Quant à la qualité de la programmation cette année encore, elle démontre l’envie de faire perdurer ce festival en région Centre. Alors rendez-vous est pris toujours plus nombreux pour la prochaine édition en 2020 avec une affiche aussi alléchante, on l’espère ! [Seigneur Fred]

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