MARDUK : Viktoria

MARDUK
Viktoria
Black metal
Blooddawn Production/Century Media

MARDUK Viktoria cover

Non, « Viktoria » n’est définitivement pas le cri de joie qu’aurait pu pousser la Mannschaft si elle s’était qualifiée pour les huitièmes de finale de l’actuelle Coupe du Monde de football masculin face à la Corée du Sud (0-2), ni un concept-album sur la femme de David Beckham Non, il s’agit tout simplement du titre du quatorzième opus de nos terribles guerriers suédois de Marduk ! Et de guerre, il en est question une nouvelle fois sur ce disque du groupe de Norrköping puisque son leader et fondateur, Morgan Steinmeyer Håkansson, s’est encore replongé avec passion dans ses livres d’histoire sur la Seconde Guerre Mondiale, thème qui le passionne tant. Si le célèbre guitariste suédois (d’origine allemande par sa mère) avait remis le couvert avec brio en 2011 sur le fulgurant EP Iron Dawn, il avait ensuite ressorti l’artillerie lourde sur le réussi Frontschwein il y a trois ans. Mais près de vingt-ans après le cultissime Panzer Division Marduk qui provoqua son petit effet à l’époque sur le fameux label français Osmose Productions, Viktoria ne sent-il pas le réchauffé même si bien sûr la Seconde Guerre Mondiale demeure une source inépuisable d’inspiration dans la culture et les médias contemporains (il n’y a qu’à lire le nombre de livres ou voir le nombre de films et documentaires à ce sujet) ? Enregistrés comme d’habitude à la maison façon « Do it yourself » chez le bassiste Magnus « Devo » Andersson au Endarker Studio, ces neufs nouveaux morceaux sonnent plutôt old school côté production et collent donc parfaitement au caractère cru et direct de Viktoria. L’intro de « Werwolf » avec sa sirène en début d’album annonce par exemple une attaque éclair imminente, tel le Blitzkrieg, de trente-deux minutes rapidement suivie par un riff jouissif de Punk/Black Metal (le side-project Death Wolf de Morgan n’y étant pas étranger). Les brûlots s’enchaînent ainsi sans temps-mort avec des riffs incisifs et inspirés. On est aussi agréablement surpris par la performance et petite prise de risque vocale de son frontman Daniel « Mortuus » Rostén comme sur « June 44 » qui n’hésite pas à avoir recours à un chant clair par moment suivant parfaitement la mélodie de guitare ou à travers des interjections (l’excellent « Narva ») à la Attila Csihar (Mayhem). Les chansons sont toutes courtes et très dynamiques (le break trompeur de « Viktoria »), entrecoupées de quelques bruitages d’ambiance (« The Devil’s Song »). Et sur l’ultime « Silent Night », on retrouve cependant l’atmosphère plus Dark et dissonante des précédents albums comme Rom 5 :12 à la manière d’un « Accuser/Opposer » sans prestigieux duo malheureusement. Du fait de sa production spartiate et de son atmosphère belliqueuse, Viktoria possède finalement de sérieux atouts pour reconquérir les fans de la belle époque Panzer Division Marduk avec son thème du feu et de la guerre sans pour autant espérer convaincre les habituels détracteurs qui, à la vue du nouvel artwork froid et austère (signé Mortuus) représentant une tête de soldat allemand de la Wehrmacht lors des recrutements auprès de la jeune population locale par la Reichspropagandaleitung et du Bureau de la Guerre, ne verront là qu’une énième preuve provocatrice de l’attachement de Marduk à sa nostalgie douteuse envers le IIIe Reich. À l’instar d’un Lemmy Kilmister (Motörhead), quand on connaît un peu le bonhomme qui se cache derrière tout ce travail (c’est-à-dire Morgan) depuis 1990 et sa passion pour l’Histoire, il convient néanmoins de relativiser. À vous de choisir votre camp. 

[Seigneur Fred]

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