WOLVES IN THE THRONE ROOM : Promenons nous dans les bois…

Bien qu’originaire de la ville d’Olympia, près de Seattle, Wolves in The Throne Room ne joue pas du grunge comme c’était la grande mode jadis dans les années 90, mais un black metal atmosphérique d’obédience scandinave dont c’était aussi l’âge d’or à la même époque en Europe du Nord, le tout avec un réel esprit païen totalement enivrant. Leur septième offrande, Primordial Arcana, renforce encore un peu plus leur statut de leader sur la scène black US actuelle. [Entretien intégral avec Aaron Weaver (batterie, claviers, chant) réalisé par Zoom le 02/08/21 par Seigneur Fred – Photos : DR]

En premier lieu, comment ça va par chez vous car vous avez subi une grosse canicule cet été en Amérique du Nord dernièrement ?
En effet, on a battu tristement des records de chaleur. C’était très difficilement supportable, comme si on était dans le désert, en juillet. Il y a eu des morts à cause de la canicule, et des incendies de forêt… Maintenant ça va un peu mieux. Les nuages venant de la mer amènent du vent qui souffle, et ça fait du bien, ça rafraichit. C’est un temps plutôt propice à la dépression à présent. De toute façon, quand il fait si chaud, on se sent bien que dans la forêt.

La ville d’Olympia est située plutôt dans les terres ou sur la côte pacifique ? Cela ressemble aux environs de Seattle ?
Oui et non à vrai dire. Olympia a la particularité d’être dans les terres et de bénéficier des vents marins aussi. L’Océan pacifique n’est qu’à une heure de route d’ici. C’est un climat océanique : chaud l’été, doux et humide l’hiver. En fait, on est entouré de forêts et au nord il y a une baie formée au nord de la ville par l’extrémité du Puget Sound, à l’embouchure du fleuve Deschutes où il y a un barrage formant le lac Capitol.

Et comment ça se passe pour les concerts cet été aux États-Unis ? Les choses reprennent là-bas ?
Un gros festival de metal vient d’avoir lieu ici. On y est d’ailleurs allé cet été, c’était le weekend dernier, ici à Olympia, et ça faisait du bien, c’était sympa, même si on ne s’y produisait pas. On y était juste dans le public. C’était bien de retrouver cette ambiance dans tous les cas. Sinon, de manière plus populaire, fin août a lieu le festival d’été LoveOly en centre-ville d’Olympia gratuitement.

Vous y êtes produits dans ce festival metal qui vient d’avoir lieu en juillet ou étiez juste parmi le public ?
Non, cela fait un bail que l’on n’a pas joué live en fait, comme bien d’autres groupes…

Vous êtes donc originaires d’Olympia, près de Seattle (état de Washington) aux États-Unis, lieu plus connu musicalement pour sa scène rock grunge des années 90’s que son black metal, si tu vois ce que je veux dire… Avez-vous, toi et ton frère, tout de même grandi dans cette mouvance rock alternative avant de pratiquer votre black metal avec Wolves In The Throne Room depuis bientôt près de deux décennies ?
Oui, je comprends ta vision. (rires) Eh bien, on a toujours été dans le metal en fait, et le metal extrême. Tout a commencé quand J’ai entendu la première fois « Enter Sandman » de Metallica à la radio, quand j’avais environ treize ans, en 1991. Tout de suite, j’ai voulu découvrir leur album éponyme (NDLR : le « Black Album » qui célèbre ses trente-ans aujourd’hui !), puis tous leurs précédents albums : Kill’em All, Ride The Lightning, Master of Puppets, …And Justice For All. Juste après ça, j’ai découvert toute la scène death metal de Floride : Obituary, Morbid Angel, Deicide, Cannibal Corpse, etc. Mais en même temps, on était à fond dans ce qui commençait être le rock grunge et assez impliqué dans la scène locale. Avec mon frère, je me souviens la même année que la sortie de l’album de Metallica, on avait été voir avec des amis un groupe qui jouait avec de la distorsion non loin d’ici : c’était Nirvana. Je me rappelle avoir vu aussi Pearl Jam, Mudhoney, Nirvana, etc. durant toute cette période à Seattle quand j’étais ado vers quatorze/quinze ans. Et je pense que tout ça (le heavy, le thrash, le death metal et le rock), avec les classiques comme Metallica, Slayer, Nirvana, The Melvins, et aussi ce terreau local de rockn’roll, rajouté à la musique jazz peut-être, a forgé notre culture musicale. Enfin, bien sûr, quand on est tombé peu de temps après sur la seconde vague black metal norvégienne entre le début/milieu des années 90, alors on a réalisé que c’était cette musique que l’on pouvait utiliser pour exprimer nos émotions. Notre musique correspond tout à fait avec ce qui se dégage de l’ambiance de nos paysages par ici, nos rivières, nos forêts situées autour d’Olympia.

Et toi, tu vis en ville ou en campagne, dans les bois, personnellement ?
Non, on est tous près des bois. Olympia est une petite ville, tu sais, et je suis seulement à quelques pas de la forêt (NDLR : Capitol State Forest). C’est une grande source d’inspiration pour nous. Nos forêts ici sont magnifiques, profondes, les arbres y sont plus que centenaires, c’est très dense, riche, avec toutes sortes d’espèces animales. On a aussi de magnifiques cascades et rivières. D’ailleurs on y a tourné nos propres vidéos pour les deux premiers extraits du nouvel album, « Mountain Magick » et « Spirit Of Lightning » car notre musique est totalement inspirée par notre nature ici, à proximité de là où l’on on vit au quotidien. Notre troisième chanson, « Primal Chasm (Gift Of Fire) », qui sort sur YouTube a été tournée par contre sur la côte pacifique, du côté d’Aberdeen, par nous-mêmes pour filmer l’océan, la plage…

Aberdeen ??! Mais c’est la ville d’origine de Nirvana où vécut Kurt Cobain, non ?
Oui, exact, mais en fait on a tourné vraiment sur la côte, et pour aller jusqu’à l’océan depuis Olympia, on est donc passé par Aberdeen, et forcément on a une pensée pour Nirvana et Kurt Cobain… Tu sais, on a beaucoup de respect pour eux, pour les Melvins aussi. Leur batteur, Dale Crover, qui a par ailleurs officié brièvement sur quelques sessions studio et live comme batteur de Nirvana, est l’un de mes meilleurs amis. Il a été d’une grande inspiration pour moi à la batterie par exemple.

Dale Crover est un super gars. Je l’avais déjà rencontré au Printemps de Bourges il y a une quinzaine d’années avec Buzz Osborne (The Melvins, Venomous Concept) et Trevor Dunn (Tomahawk…) lors d’une tournée européenne avec Fantômas en remplacement de Dave Lombardo à la batterie. D’ailleurs je change de sujet, mais en tant que musicien jouant du black metal, tu n’arbores pas de corpse paints (ces maquillages grimés noir et blanc typiques du genre), ni cartouchières et autres apparats, ni tes deux autres camarades dont ton frère dans vos vidéos clips de Wolves In The Throne Room. Pourquoi ? Pour des raisons de commodité car c’est peu pratique pour être à l’aise derrière ton kit ? (rires) Ou bien la mode est passée ?
Non, on n’en a jamais porté au sein du groupe. La simple raison est que quand tous ces groupes sont apparus au début des années 90 (Emperor, Immortal, Darkthrone, Satyricon, etc.), on savait et on a alors décidé que l’on remprunterait une approche musicale similaire mais pour autant on ne copierait pas leur style. On ne veut pas être simplement une copie du même style. Avec tout le respect que l’on a pour eux (et d’ailleurs certains n’en portent plus depuis longtemps). On veut vraiment faire notre black metal en provenance de notre cœur, le plus authentiquement possible, en s’exprimant à notre manière, de notre point de vue, avec notre perspective américaine, inspirée de la manière scandinave, mais disons à notre façon, et c’est ce que l’on essaie de faire depuis bientôt vingt ans avec Wolves In The The Throne Room. Et puis c’est pas très pratique, oui, en effet, pour moi batteur : les pics, etc. (rires)

Wolves In The Throne Room est-il un groupe à la fois de scène et de studio ou uniquement de studio comme certains artistes et groupes de black metal justement qui préfèrent rester dans l’ombre et ont décidé de ne pas ou ne plus se produire live (Darkthrone, Limbonic Art, Summoning, etc.) ?
Oh non, Wolves In The Throne Room est assurément un groupe live et de studio, mais surtout live, même si bien sûr on n’a pas joué depuis longtemps là avec la situation actuelle… Tu sais, on vient de la scène underground d’Olympia, et le do it yourself est notre devise. On fait partie d’une chouette communauté ici, et on fait les choses nous-mêmes et on aime partir en tournée et se produire sur scène. Par exemple on loue un van et on traverse les États-Unis dedans, on joue le soir en concert, on aime ça, vraiment. C’est dans nos racines.

Je présume que du coup vous devez avoir les crocs en matière de concerts et avez envie de remonter sur scène alors après un an et demi d’arrêt à cause du covid-19 ?
Oh oui ! On a faim ! (rires) D’un autre côté, ça nous a fait du bien de faire un break à nous tous, et de peaufiner ce nouvel album. Et à présent notre passion pour les concerts n’a jamais été aussi forte, donc on est prêts. On a vraiment envie de se reproduire sur scène, on a plein d’énergie.

Du coup, vous avez profité de cette trêve musicale inédite pour composer et enregistrer le nouvel album, ou bien les squelettes des nouveaux morceaux étaient déjà prêts en grande partie ?
Oui, c’était pour la majorité déjà enregistré. Mais cela nous a permis de peaufiner en effet l’album Primordial Arcana, et notamment le mixage. Au départ, on avait prévu de faire appel à un autre ingénieur du son et de lui envoyer l’album à mixer. Mais en fin de compte, moi et mon frère avons décidé de travailler dans notre home studio et de tout faire nous-mêmes avec notre cœur de A à Z sur ce nouvel album.

Ce septième album s’inscrit-il directement en connexion avec le prédécesseur Thrice Woven ? Comment avez-vous travaillé cette fois et travaillez-vous en général ?
Ce nouvel album constitue en quelque sorte une nouvelle ère pour nous, sur bien des points. Je pense que c’est un grand pas en avant pour nous car on a travaillé sans aide extérieure, on a tout fait nous-mêmes ! On a travaillé en studio à côté d’Olympia, dans la forêt, dans notre propre studio (Owl Lodge Studios) dans l’état de Washington. Il n’y a pas eu d’autre producteur. On s’est beaucoup impliqué dedans, dans l’écriture, l’enregistrement, on a réalisé nous-mêmes nos vidéos, on a pris le temps, etc. Cela nous a pris beaucoup d’énergie. Selon moi, c’est le début d’une nouvelle ère pour Wolves (…). C’est frais, il y a beaucoup de créativité et de magie ici.

OK, mais lyriquement, quel est le concept de Primordial Arcana et est-il directement lié à Thrice Woven alors ? Je me souviens du précédent artwork qui semblait représenter une scène vue de haut avec des personnes comme un sorcier, un voyageur, et un monstre, un peu comme une scène en 3D isométrique dans un jeu vidéo d’heroic-fantasy…
Oui, bien sûr, c’est lié. Notre musique invoque généralement la mythologie païenne. Tous nos albums font référence à des mythologies d’anciennes cultures européennes, à la magie, mais aussi à nos rêves, à notre propre croyance et mythologie, et à d’anciennes traditions spirituelles. Cela attise notre curiosité et nourrit notre inspiration généralement. La pochette du nouvel album représente une nature morte. Il s’agit d’une offrande aux dieux nordiques, à Freya plus exactement, avec ce crâne d’un loup et divers objets et symboles. Mais en fait, ce n’est pas tant une référence à la mythologie nordique, mais plus ici tiré de visions personnelles que l’on a lors de pratique cultuelle, avec une mise en scène à notre façon, dans le cadre de notre environnement naturel que l’on a ici, et des anciens cultes indo-européens de nos ancêtres pour les éléments naturels comme les rivières, le ciel, les arbres, etc. comme d’ailleurs ceux des cultes nord-américains. On veut développer ça car ça représente beaucoup dans nos vies personnelles.

Vous ne faites pas référence aux cultures païennes précolombiennes des peuples indigènes d’Amérique du Nord par exemple car les tribus indiennes du coin auraient pu t’inspirer localement ? Pourquoi ?
Non, on se sert de nos visions et de mythologiques essentiellement européennes tout simplement parce que nos racines proviennent d’Europe étant donné que nous sommes blancs et issus de l’immigration ici. C’est tout le travail de ma vie ici. Nous respectons beaucoup les traditions et les cultes anciens des tribus indiennes ici en Amérique du Nord. Mais en fait c’est assez compliqué comme situation pour nous étant donné que l’on est venu ici coloniser une terre qui n’était pas la nôtre il y a plusieurs siècles et que l’on s’est accaparé, nous l’Homme blanc. Par conséquent, nous sommes juste des occupants en Amérique, ce n’est pas directement notre culture.

Sur Primordial Arcana, tu occupes vraiment un grand rôle, un rôle central car tu es au cœur de la musique de Wolves In The Throne Room : tu y assures la batterie, toutes les percussions, mais aussi les claviers, certaines parties de guitare également, et enfin le chant au côté de ton frère…
J’ai joué toutes les parties de batterie et synthétiseurs, oui, et me suis chargé de leur production et du mixage. Pour le chant, j’ai assuré la première partie de la chanson « Spirit Of Lightning », ainsi que quelques chœurs au chant clair ici et là.

Selon moi, deux ou trois éléments caractérisent votre musique black metal que l’on pourrait qualifier d’atmosphérique : ton jeu de batterie et de percussions, dense, lourd, entraînant ; tes claviers ; et la voix du chant principal de ton frère Nathan. C’est même assez ésotérique pour accéder et comprendre les clés de votre musique. Comment fonctionnez-vous tous les deux ? Tu proposes des idées de claviers ou de rythmes, ou bien vous composez d’abord à la guitare ?
Pour nous, le processus des chansons comment en général d’abord par des riffs composés à la guitare. Pour nous, les accroches, la mélodie du riff, c’est essentiel, la mélodie doit être centrale dans nos morceaux. On compose alors généralement la chanson en entier juste à la guitare avec ses principaux riffs. Ensuite, j’apporte le rythme et j’ajoute l’ambiance sur le morceau… Mais tu as raison à propos des percussions et de la batterie. Dans Wolves (…), j’ai vraiment un rôle particulier, un peu comme celui d’un shaman lors d’une invocation. J’y apporte le rythme, le ton de cérémonie. Il y a comme une transe. Et c’est aussi ce que j’aime et ai immédiatement aimé dès le départ dans le black metal quand j’ai découvert ce genre musical étant ado. C’est très psychédélique, spirituel, magique presque, quand ça colle avec mon rythme qui procure cet effet puissant, cette transe.

Finalement, vous avez une approche assez old school dans votre manière organique de créer, composer vos chansons sur Primordial Arcana en attendant de voir leur rendu live ?
Disons que l’on a appris à composer, à écrire à l’ancienne, et aussi très tôt sur ordinateur, etc. Mais on a vraiment une approche spéciale. Dans tous les cas, je dirai que je suis vraiment quelqu’un de particulier quand il s’agit de composer, tu sais ! (rires)

Es-tu en contact avec d’autres formations américaines de black metal (Absu, Abigail Williams, Usurper…) ?
Non, pas du tout, du moins pas avec ces groupes. On est vraiment orienté vers le black metal européen. Il y a vraiment une scène forte ici au nord-ouest des États-Unis. J’aurai bien aimé contacter certains artistes et combiner tout cela sur ce nouvel album pour en présenter certains : des sculpteurs, d’autres musiciens, divers artistes, etc. Avec certains, je suis vraiment lié. C’est un peu notre famille tout ça après tout. C’est vraiment particulier en fait,, et cela en est de même pour Wolves In The Throne Room.

Avant de conclure, j’ajouterai au sujet du nouvel album qu’il dresse un pont ou mélange la musique ambiante et folk de Wardruna avec le black metal de Bathory ou Arckanum. Qu’en penses-tu ?
Merci ! Ah ah ! (rires) Ce sont d’excellentes bases de comparaison, merci. Ce sont trois excellents groupes. D’ailleurs ce serait cool d’ailleurs qu’Einar Selvik se remette à jouer du metal comme à ses débuts.

Ce n’est pas dans ses projets, m’a-t’il dit en début d’année. Bon, quels sont les projets par contre de Wolves (…) pour la fin d’année et l’année prochaine ?
On pense vraiment revenir jouer aux festivals d’été en Europe en 2022. D’ici là, Primordial Arcana sort. Les choses sont vraiment difficiles à prévoir, peut-être à partir de janvier ou février 2022 pour notre tournée européenne.

CHRONIQUE ALBUM


WOLVES IN THE THRONE ROOM
Primordial Arcana
Black/Pagan metal atmosphérique
Century Media/Sony Music

Bien qu’originaire de la ville d’Olympia, près de Seattle, nos trois Américains ne jouent pas du grunge comme c’était la grande mode jadis durant les années 90, mais un black metal d’obédience scandinave dont c’était aussi simultanément la période faste, non pas en Amérique du Nord (si ce n’est que quelques rares groupes cultes comme Usurper ou Absu), mais sur notre bon vieux continent à la même époque. Les frangins Weaver (batterie/claviers/chant et guitares/claviers/chant), qui ont grandi avec toutes ces influences, connaissent donc à la fois leurs classiques rock et metal. Ils nous offrent cet été une septième merveille totalement réussie et passionnante qui ravira les fans de black metal à tendance atmosphérique dans un réel esprit païen comme on pouvait déjà de toute manière le ressentir sur leur précédent et excellent opus Thrice Woven qui ne faisait que confirmer un peu plus le nouveau statut d’outsider du trio américain sur la scène black metal international.

Car oui, nos trois musiciens ont les dents longues ! S’ouvrant sur le fantastique premier titre “Mountain Magick” dont l’intro vous plonge d’emblée dans l’univers naturel et spirituel de Wolves In The Throne Room, Primordial Arcana commence donc fort, et leur vidéo captée par les musiciens eux-mêmes dans les grandes forêts ténébreuses autour d’Olympia vous mettra dans l’ambiance. D’ailleurs, tout l’album y a été enregistré, sonorisé et mixé dans leur propre studio (les Owl Lodge Studios) situé en pleine nature dans les forêts de l’état de Washington. A la batterie, Aaron Weaver délivre une prestation complexe et intense, travaillant énormément sur ses toms tout en assurant les chœurs pour accompagner son frère à la voix déchirante et véritablement habitée. Divers breaks apportent des respirations essentielles à leur black metal atmosphérique. S’en suit le second morceau, “Spirit Of Lightning”, quelque part entre Wardruna et Arckanum pour les influences et l’aura qu’il dégage. La mélodie est simple, rappelant un peu le dernier ouvrage Premonitions du groupe international Sojourner avec sa ligne de guitare et son clavier.

Clairement, nos trois loups américains veulent privilégier les ambiances pour envoûter l’auditeur dans leur monde peuplé de légendes tirées de mythologies européennes (rien ici sur la civilisation précolombienne) ce qui démontre encore l’attachement absolu pour la culture européenne en général. Tout aussi long mais plus sinueux, “Through Eternal Fields” nous fait continuer un peu plus encore dans le périple brumeux et magique des Yankees. Puis un morceau menaçant, “Primal Chasm” (le tout nouveau single), avec son rythme heavy et appuyé rappellera aux fans les débuts d’Emperor et Thou Shalt Suffer de Samoth et Ihsahn il y a une trentaine d’années (déjà !). Ce faux rythme pourrait même renvoyer en fait plus précisément au célèbre hymne “Blashyrkh” d’Immortal, voire à “A Fine Day To Die” de Bathory qui avait d’ailleurs été repris par un certain Emperor en 1996… Vous l’aurez donc compris, l’univers de Wolves In The Throne Room a beau être personnel et ses compositions vraiment matures et envoûtantes, les racines du mal ici renvoient systématiquement cependant aux formations cultes du black metal scandinave. Le reste de l’album devient ensuite plus transcendantal, avec toujours l’usage de claviers sur les intros et divers passages mais ils sont totalement intégrés et ne servent qu’à développer cette atmosphère ésotérique unique boostée par des breaks intelligents et efficaces (“Masters Of Rain And Storm”) et des screams rageurs. Enfin, l’outro “Eostre” conclut avec majesté Primordial Arcana, un septième péché capital à toute bonne discographie black metal contemporaine qui se respecte, même et surtout si vous êtes nostalgiques de la scène scandinave en déclin que Wolves In The Throne Room tente finalement ici de ressusciter merveilleusement avec respect et à sa manière. [Seigneur Fred]

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