SKELETAL REMAINS : Fragments Of The Ageless

Fragments Of The Ageless - SKELETAL REMAINS
SKELETAL REMAINS
Fragments Of The Ageless
Death metal
Century Media

Loin d’eux l’idée de se dire « missionnaires » du death metal floridien, les membres de Skeletal Remains ne cessent pourtant, depuis leurs premiers pas, de rendre au death metal ses lettres de noblesse. Fragments of the Ageless vient donc s’ajouter au palmarès des Yankees qui possèdent une discographie quasi sans faute, et dont se délecte tout bon amateur de death old school US. Porte-étendard de la musique extrême de la péninsule floridienne alors qu’ils viennent de Californie (Whittier, situé entre L.A. et Anaheim), nos gaillards ont réussi une fois encore à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Avec une recette de grand-mère inchangée depuis plus de dix ans (c’est-à-dire une structure basée sur un ou plusieurs patterns et un solo de guitare), Fragments of the Ageless est un disque intense labellisé 100% made in Florida. La tradition, bien qu’efficace, n’empêche cependant pas l’innovation. Le groupe troque l’atmosphère très froide, glauque et brutale de The Entombment Of Chaos (paru en 2020) pour jeu plus technique et vertigineux.

Preuve en est dès les premières secondes de « Relentless Apetite » où s’enchaîne inlassablement les différentes mélodies et cadences. Cette rythmique cassée, voire brisée, n’enlève en rien l’efficacité d’une batterie brutale qui envoie du lourd sans concession, un peu, même beaucoup, à la manière de Morbid Angel sur un certain Gateways To Annihilation… C’est donc sans teinte ni demi-mesure que se poursuit l’album avec le très martial « Cybernetic Harvest ». Pierce Williamsmatraque ses fûts de manière quasi-militaire tandis que la cymbale ride, toujours aussi cinglante, soutient un rythme effréné et enragé. Cette violence virtuose nous replonge dans l’âge d’or des 90’s avec un solo de guitare à l’âme rétro. Le cri dantesque de Chris Monroy, sorti tout droit des enfers, vient se mêler à cette fureur tempétueuse et rend un bel hommage aux célèbres Chuck Schuldiner et John Tardy ! À contre-pied d’un death metal bien ficelé, « To Conquer the Devout » s’impose comme un morceau plus déstructuré. À l’image d’un jeu de miroir, la piste s’achève sur un solo de gratte et vient ainsi répondre à l’intro très groovy du titre. Fragments of the Ageless est à lui seul un florilège de soli (duo basse/batterie par exemple aussi sur « Forever in Sufferance »).

Les riffs putrides et le chant viscéral crasseux n’ont rien d’indigeste et nous crachent incessamment des vapeurs sulfureuses à la figure (« Verminous Embodiment »). Leurs influences musicales oscillant entre Obituary, Morbid Angel (« Cybernetic Harvest », « Relentless Apetite ») et Cannibal Corpse (« Void of Despair »), Skeletal Remains réconciliera fanatiques de death brutal moderne et aficionados des sons d’antan grâce à une production propre, un son soigné, des patterns classiques et efficaces. Le quatuor californien, au-delà de son efficacité incomparable, démontre également un certain savoir-faire technique. Ce cinquième brûlot met davantage l’accent sur la musicalité des instruments que sur leur puissance, une petite touche de modernité bienvenue qui ne vient pas entacher la superbe martialité d’un death metal old school. Le jeu des musiciens, dédié corps et âme à l’atmosphère glauque, humide et morbide, jette un froid mortifère (l’instru de « Ceremony of Impiety »). Là où le vent souffle, Skeletal Remains hisse les voiles et navigue à la conquête de tous les publics. Ces « fragments sans âge » parleront ainsi à toutes les générations (old school et nouvelle vague) en dépoussiérant l’antique. Loin d’être en ruine, le death metal de la scène floridienne n’a donc pas dit son dernier mot et prouve une fois encore qu’il n’est pas mort ! Et idéal pour patienter à un mois près jusqu’au tout nouveau méfait de Deicide, intitulé Banished By Sin… Long live to death ! [Louise Guillon]

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