Blackberry Smoke semble avoir trouvé la recette magique : un mélange de country-rock à la sauce southern qui les rapproche tout naturellement de Lynyrd Skynyrd avec qui ils ont d’ailleurs tourné. Vingt-deux ans qu’ils écument les routes et enchaînent les albums de qualité. Deux ans après le très réussi You Hear Georgia, nos Sudistes d’Atlanta publient Be Right Here, une huitième galette qui ne déroge pas à la règle et met à l’honneur une fois de plus l’État de Géorgie. [Entretien avec Charlie Starr (chant/guitare) par Pascal Beaumont – Photo : DR]
Vous avez créé un fonds de soutien ,The Blackberry Smoke fund, afin de financer l’aide à la thérapie des enfants atteints du cancer. Qu’est qui vous touche particulièrement dans cette cause ?
Oui, parce que la fille de notre batteur Brit Turner a été frappée par cette maladie à l’âge de trois ans. Maintenant elle a dix-sept ans, elle va très bien et est heureuse de vivre. Depuis, c’est quelque chose qui nous est devenu très cher, on est très proche de la famille de Brit, on a donc décidé de dédier de notre temps et notre énergie à cette cause pour aider la recherche et prendre soin des enfants souffrant du cancer.
Vous êtes issus de la Géorgie, un état calé entre la Floride, l’Alabama, le Tennessee et la Caroline du sud. Comment le décrirais-tu ?
Il y fait très chaud l’été. Rires. C’est un état plein d’humanité, il y a une culture incroyable que ce soit au niveau de la nourriture, de la musique, de l’histoire, de l’art. Le contexte historique de la Géorgie est très intéressant. Quand les émigrants sont arrivés dans ce pays il y a longtemps, ils ont migré vers le sud car ailleurs il ne faisait pas très beau et ils sont arrivés ici. C’est pourquoi la culture et la musique se sont développées ici. Il y a énormément de choses à découvrir dans cet état.
Selon toi, qu’est qui fait que dans le sud des États-Unis il y a ce son unique qu’on surnomme le rock sudiste ?
Je n’ai pas de définition, c’est une musique qui est basé sur le feeling. Ce qui est important c’est de bien se sentir en écoutant une chanson, ça peut être du funky, de la country, du heavy. Il faut avoir ce sentiment de liberté musicale. Je ne sais pas s’il y a un son géorgien, c’est tellement varié. Beaucoup de formations sonne de manière différente, rien ne ressemble aux Black Crowes. Georgia Satellites ne sonne comme personne d’autre. Cette musique vient d’un peu partout dans le monde et pas uniquement de chez nous.
La Bible semble jouer un rôle important au niveau des textes que tu écris ?
Dans le sud, j’ai grandi avec l’enseignement de la Bible lorsque j’étais enfant, c’était à la fin des seventies et dans les années 80. Ça fait longtemps, j’allais à l’église, cela fait partie de ma culture mais aussi de celle de beaucoup de gens même si tout le monde n’est pas concerné. Elle permet aussi de développer son imagination à travers les histoires qui y sont relatées. J’apprécie d’écrire sur ce thème, on peut y retrouver son influence sur certains textes.
Vous avez été très vite, quasiment une paire d’années, pour composer, enregistrer Be Right Here au célèbre studio RCA Studio A de Nashville ainsi qu’au Georgia Mae de Dave Cobb à Savannah. Est-ce à dire que vous étiez dans une phase créative très productive ?
C’est ce que nous savons faire de mieux. J’ai commencé à composer les morceaux l’été dernier. Puis on est rentré en studio à la fin 2022, début 2023 pour enregistrer à Nashville et Savannah en Géorgie. Ça nous a pris un mois pour terminer et faire en sorte qu’il puisse partir à la production. Travaillé avec David Cobb est quelque chose de très spécial pour nous. Il est passionné par la musique et la production. C’est un véritable amour.
Lors de ces sessions, as-tu eu à faire face à des défis particuliers ?
Je ne sais pas vraiment mais ce qui est certain, c’est que c’est que c’est toujours un challenge d’essayer d’enregistrer le meilleur album possible, travailler et ne pas se répéter opus après opus. Mais c’est quelque chose de très intéressant pour Blackberry Smoke. On aime ce défi de créer un disque pour ensuite repartir sur les routes. On essaye d’être au mieux à chaque fois. Cette fois-ci, on a vraiment apprécié, il n’y a pas eu de stress ou de pression. Tout le processus a été agréable.
Depuis 2018, vous avez deux nouveaux musiciens dans vos rangs : Benji Shanks à la guitare et Preston Holcomb aux percussions. Alors que vous ont t’ils apportés aux cours de toutes ces années ?
Ils nous ont beaucoup apporté au niveau de leur style. Benji joue depuis longtemps, c’est un grand travailleur qui nous apporte cette troisième guitare. Tout comme Preston qui fait partie de la formation désormais.
Deux ans après You Hear Georgia, que penses-tu avoir apporté de plus avec ce huitième et nouvel opus Be Right Here ?
Je ne pense pas qu’il y en ait trop, c’est juste la poursuite de notre histoire. C’est une nouvelle série de morceaux. On continue heureusement de progresser. Disons que c’est comme un jeu qui évolue chaque année. (sourires)
Votre single « Dig A Hole » traite d’un sujet sérieux qui vous tient à cœur, je crois ?
L’idée c’est qu’on est seulement de passage sur cette planète et on la détruit petit à petit par notre façon de vivre. Il faut alors la préserver et se battre pour ne pas la détruire. C’est aussi pour dire que tout le monde se bat pour n’importe quoi, la question est : mais que faites-vous au lieu de profiter et d’être heureux ? Le temps passe vite, trop vite, c’est le perdre que de se battre pour tout et n’importe quoi, il faut essayer d’apprécier la vie.
Ne penses-tu pas que de nos jours faire du rock, c’est aussi quelque part un combat ?
Non, c’est relativement facile de vivre notre vie. On ne se bat contre personne, on joue notre musique et nous la diffusions en partant sur les routes.
Justement, es-tu surpris par votre succès en Europe ?
Oui, c’est une agréable surprise. A chaque fois que nous venons et que nous voyons tous ces gens qui sont présent à nos concerts, c’est vraiment bien pour nous.
Le morceau « Barefoot Angel » est, quant à lui, une très belle balade en hommage à ta femme ?! (sourires)
Oui, c’est ça, c’est une chanson d’amour et j’apprécie de temps en temps de composer ce type de morceaux.
Quels étaient tes héros dans le passé lorsque tu étais alors enfant ?
C’est mon père qui était mon héros. Ensuite il y a eu les Rolling Stones, Bob Dylan, les Beatles, Lynyrd Skynyrd, toute cette bonne musique…
Je suppose que tu as dû faire de belles rencontres à travers toutes ces années ?
Oui, j’en ai eu beaucoup. J’ai enregistré un morceau avec Jamey Johnson qui est un des plus grands chanteurs de country, c’est très facile de travailler avec lui, un grand moment. On a aussi travaillé avec Bob Weir du Grateful Dead, Billy Gibbons de ZZ Top, Warren Haynes (Gov’t Mule, ex-The Allman Brothers Band). Si je me retourne sur le passé, il y a plein de bonne choses qui nous sont arrivées. On a été chanceux de vivre ces moments-là. C’est assez incroyable quand on y repense.
Vous avez débuté il y a vingt-quatre ans. Si tu regardes dans le rétroviseur, quelle est ta première pensée qui te vient ?
J’aime ce que nous avons fait et je ne changerai rien, nous sommes faits pour jouer. Voilà.
Ouvrir pour Lynyrd Skynyrd a a dû être quelque chose d’important pour vous, non ?
Oui, ce sont des amis. On a passé beaucoup de temps avec eux au fil des années. C’est en 2002 que l’on a commencé à jouer avec eux, deux décennies ! (rires) C’est vraiment bien. J’ai composé des morceaux avec Rickey Medlocke (Ndlr : « Old Scarecrow »). C’est un grand monsieur, très honnête. C’est un privilège d’avoir pu travailler avec lui.
Dans les années 70/80, il y a eu Lynyrd Skynyrd, Blackfoot, Molly Hatchett, 38 Special. Ne penses-tu pas que tu représentes avec Blackberry Smoke la nouvelle génération de ce style indémodable ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas à ce genre de choses. On fait juste ce que nous aimons, si le gens le pensent, c’est cool. Mais ce n’est pas nécessaire de voir les choses comme ça.
Le 28 septembre 2024, vous allez jouer en France à l’Olympia. C’est une salle mythique parisienne !
Je sais que ce lieu à une histoire très importante, c’est un honneur d’y jouer. (sourires)
Be Right Here sort le 16 février 2024. Comment vois-tu l’avenir ?
Je ne sais pas. J’espère que tout le monde va l’apprécier et le comprendre. Il faut juste l’écouter, c’est de la musique, c’est fait pour rendre heureux et peut être aussi amener à réfléchir. Apprécié notre musique et venez nous voir en concert, c’est ce que j’ai envie de dire ! (sourires)
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