Si DGM n’a pas la même renommée internationale que Rhapsody ou Lacuna Coil, ils ont sensiblement débuté à la même époque, faisant partie des vétérans du metal transalpin. Approchant leur trentième anniversaire de carrière, ils s’apprêtent à publier Life, leur onzième opus, toujours sous la houlette de leur guitariste/producteur Simone Mularoni. DGM continue ainsi d’œuvrer dans un power metal progressif de qualité, ceci expliquant sa longévité. [Entretien avec Andrea Arcangeli (basse) par Pascal Beaumont – Photos : DR]
Tragic Separation, votre dernier album en date, est sorti en 2020, cinq ans déjà. Comment avez-vous abordez cette fois l’écriture de Life le petit dernier ?
Le processus d’écriture de Life, par rapport à l’album précédent, a été assez différent. Tragic Separation a suivi un moment très heureux qui était bien représenté par l’album d’avant, The Passage (Ndlr : paru en 2016), et l’ambiance d’écriture de cet opus était positive. Cette fois, Simone a passé deux ans à écrire les nouvelles chansons et la période pendant laquelle nous nous sommes concentrés là-dessus était celle du confinement à cause du virus covid-19. En raison de cette situation, les morceaux sont très intimes, chaque titre est le reflet d’une expérience de vie et d’un point de vue personnel sur des situations, c’est la raison pour laquelle on l’a simplement appelé Life.
Simone Mularoni s’est chargée de la production une nouvelle fois. Que souhaitiez-vous obtenir en matière de son pour Life ?
On fait totalement confiance à Simone et à sa forte expérience d’ingénieur du son pour trouver le bon son. Il progresse jour après jour dans son travail et il recherche toujours un meilleur son en comparant les albums précédents et en comparant aussi les productions les plus modernes du moment. On peut facilement comprendre sa recherche constante de qualité pour chaque disque sorti de Domination Studio.
Y’a-t-il des chansons qui ont été plus difficiles à enregistrer ou à écrire ?
Dans chaque enregistrement, vous vous mettez toujours au défi de donner la meilleure performance et cette fois-ci, c’est exactement la même chose que toutes les autres fois. Pendant le processus d’écriture, je pense que Simone a dû se remettre davantage en question, car les chansons sont plus que jamais le miroir de ses expériences de vie.
Si tu devais comparer Tragic Separation à Life, quelles sont pour toi les différences essentielles en termes de progression artistique ?
Musicalement parlant, Life est la suite naturelle et l’aboutissement d’un voyage qui peut être considéré comme l’une des meilleures périodes du groupe comme je te le disais précédemment. Et au niveau des paroles, elles ont des significations totalement différentes car les contextes étaient aux antipodes. Nous parlons toujours d’expériences personnelles mais comme Tragic Separation était un concept sur les différents choix au cours d’une vie, Life est davantage liée aux expériences personnelles.
Trois ans après sa sortie, quel regard portes-tu sur Tragic Separation ?
Tragic Separation est un excellent album à mon avis, et il a été un peu sous-estimé à cause d’une très mauvaise promotion à l’époque. La période n’était pas la meilleure pour promouvoir les sorties discographiques : pendant le confinement de nombreux magazines ont fermé, de nombreux combos se sont séparés et ce scénario a joué en notre défaveur.
Vous avez aussi choisi ce titre « Unravel The Sorrow » comme premier single extrait de Life. C’était important de le mettre en avant plus qu’un autre ?
Selon nous « Unravel The Sorrow » reflète parfaitement ce que DGM est aujourd’hui, un groupe qui sait être puissant, accrocheur et mélodique. Ce mix nous a poussés à choisir cette chanson comme premier single du nouvel album. Au niveau des textes, comme beaucoup de paroles de cet album, « Unravel The Sorrow » reflète une période sombre dont tout le monde est sorti après que celui-ci ait été malade. Vous n’avez pas besoin de regarder ces paroles de manière négative car il y a toujours un message positif derrière, la façon de retrouver la lumière après l’obscurité. Pour finir plus ou moins là-dessus, tu sais, chaque chanson nous tient à cœur simplement parce que chaque chanson représente une partie de notre vie.
Te souviens-tu de l’écriture de ce morceau en particulier ?
Le processus d’écriture de Simone part toujours d’une idée qui peut être un riff, une mélodie, un son de clavier… Puis il développe cette idée au fil du temps. C’est ainsi que sont écrites la plupart des chansons de DGM, tu sais.
Quant à « To The Core », il s’agit de votre tout nouveau single. Comment avez-vous abordé la conception de ce morceau ?
« To The Core » a été l’une des premières chansons écrites pour Life. Le concept derrière le titre est toujours lié à trouver un cliffhanger pour toutes les mauvaises situations ou sentiments que vous pouvez rencontrer au cours de votre existence. Le processus d’écriture a répondu à nos standards : Simone a écrit entièrement toutes les parties de ce morceau et il les a partagées avec nous. Puis tous ensemble, on a travaillé sur les lignes vocales et ensuite Simone a trouvé les paroles parfaites.
Vous avez tourné deux vidéo clips pour soutenir ces singles. Comment as-tu vécu ces tournages ?
Matteo Ermeti, le réalisateur, est un de nos amis donc nous nous amusons toujours beaucoup quand nous devons tourner une vidéo avec lui. Il a fallu juste deux jours pour tourner les deux vidéos, ça va vite quand le réalisateur vous connaît et vice-versa. On a vraiment apprécié le résultat final.
Cela ne doit pas toujours être évident d’extraire un ou deux titres de l’opus et de les proposer en single, non ? Le choix peut être stratégique et délicat…
Nous choisissons généralement les singles comme morceaux les plus représentatifs du groupe pour le disque en question. Choisir la bonne chanson n’est pas toujours facile, en effet. Parfois nous avons un très grand nombre de possibilités mais quand cela arrive, nous décidons alors tous ensemble lesquelles seront les meilleures à diffuser.
DGM existe maintenant depuis de nombreuses années, vous avez donné énormément de concerts. Y’a-t-il des moments sur la route inoubliables pour toi ?
J’ai beaucoup de bons souvenirs de chaque tournée que nous avons faites, nous sommes des amis proches donc c’est assez impossible que les choses tournent mal avec les gars ! (rires) Il y a sûrement quelques meilleurs moments, mais ils sont si nombreux qu’ils pourraient tenir dans un livre entier. (sourires) L’un des meilleurs pourrait probablement être la tournée que nous avons faite avec Symphony X en 2011, simplement parce que c’était notre première grande tournée !
Qu’essayez-vous de transmettre au public lorsque vous êtes sur scène ?
Quand on est sur scène, l’essentiel que nous aimerions transmettre aux gens, c’est notre passion, notre bonheur de jouer notre musique, notre gratitude envers nos fans fidèles. La plupart du temps, après un concert, les gens nous disent « Nous nous sommes bien amusés pendant le concert, vous êtes géniaux… », et c’est ce que nous aimons qu’ils ressentent, les mêmes sentiments que nous ressentons lorsque nous jouons en live pour eux.
Selon toi, quel serait ta définition d’un bon concert de DGM ?
Un bon show, c’est quand les gens réagissent positivement à notre performance. Peu importe si vous avez bien joué ou si vous avez commis des erreurs pendant le spectacle, peu importe s’il y a eu des problèmes techniques sur scène… Si les gens apprécient, cela signifie que le spectacle a été bon. Nous jouons en live pour nos fans, pas pour nous-mêmes.
Quel regard portes-tu sur l’évolution de la scène metal italienne à travers toutes ces années ?
L’évolution de la scène metal en Italie suit l’idée d’un équilibre… Si autrefois il y avait beaucoup de clubs et peu de groupes, aujourd’hui c’est parfaitement le contraire… Beaucoup de formations et peu de clubs ici. D’ailleurs, je pense que le point de départ qui a aidé l’Italie à grandir sur la scène metal a été des combos comme Lacuna Coil et Rhapsody qui ont donné de l’espoir à de nombreux groupes à la fin des années 80 et au début des années 90. Ensuite, on a vu apparaitre Labyrinth, Eldritch, Domine, Secret Sphere, DGM et bien d’autres qui existent toujours après de nombreuses années. Le problème n’est qu’aucun d’eux n’aura jamais un grand avenir car il y a toujours une sorte de manque de confiance envers les formations italiennes.
Qu’en est-il aujourd’hui de la scène italienne elle-même ?
Hé bien… Elle regorge de très bonnes formations à mon avis, le problème est qu’il n’y a pas beaucoup de clubs où se produire en live, comme je te disais, et que quelques-uns ne sont pas vraiment de bons. Il faut dire que musicalement parlant, ce genre de musique, le metal pour ainsi dire, n’a pas beaucoup de fans simplement parce qu’il ne fait pas partie de la culture musicale italienne. D’autres pays comme l’Allemagne, la Finlande, la Suède, la Grande-Bretagne, etc. ont une culture metal plus forte et c’est pourquoi leur scène est sûrement plus développée que la nôtre.
Au niveau de ta participation au sein de DGM, quelle est ta réflexion sur toutes ces années passées au sein du groupe ?
J’ai rejoint la formation vers 1999/2000, mais ce que je vois chez DGM, c’est que la passion et l’amitié sont l’essentiel de cette longévité. Tant que ces deux éléments existeront, DGM sera toujours en vie. Mais d’habitude, nous ne nous penchons pas autant sur le passé qu’on pourrait le penser. Je veux dire, nous avons toujours hâte d’essayer de faire de notre mieux sur la scène musicale, si nous regardons en arrière, c’est simplement parce que nous apprenons de nos erreurs. Cette philosophie est la manière dont chacun d’entre nous vit actuellement, ce n’est pas seulement une question de groupe, c’est un point de vue personnel de chacun d’entre nous.
Y’a-t-il beaucoup de textes inspirés par votre propre vie ou est-ce de l’imagination pure, des petites fictions développées à travers chacune de vos chansons ?
La plupart des paroles ont toujours un lien direct avec notre vie comme je te le disais avec les albums The Passage, puis Tragic Separation et à présent Life. Il y avait des paroles que nous avons écrites par le passé qui n’étaient que des fantasmes, mais elles ont toujours été inspirées par des expériences personnelles au départ.
Life est un titre très ouvert. Quelle est l’idée que vous aviez envie d’exprimer à travers ce thème de la vie ?
Le titre de l’album a été trouvé après que les paroles aient été écrites, et après avoir lu tout cela, nous avons décidé que Life convenait parfaitement comme nom car les paroles sont la représentation des expériences de notre vie.
Vous avez maintenant de nombreux albums à votre actif. Y’en a-t-il à tes yeux qui revêtent une importance plus particulière ?
Le plus important probablement, pour DGM il y a eu deux albums importants. Frame (2009) et The Passage (2016). Frame représentait le début d’une nouvelle ère pour nous, cet opus a une ambiance très particulière pour nous tous ; et The Passage c’est le début d’une carrière plus professionnelle sous un grand label (Frontiers Music SRL) et la volonté de grandir davantage et plus chaque jour.
Enfin, quelques questions plus personnelles à présent : quelle est ta plus grande rencontre artistique en dehors de DGM ?
Hé bien… Il n’y en a pas en particulier mais je suis reconnaissant d’avoir la chance de rencontrer de nombreux grands noms de la scène musicale lors de nos tournées avec DGM.
Comment s’est passée ta jeunesse et quels souvenirs gardes-tu de tes premières années, de ton adolescence, de l’école, de tes amis et de ta famille ?
Je pense que ma jeunesse a été comme celle de beaucoup d’autres enfants ! (rires) Les premières années ont été passées par les amis et la famille, le sport, etc. L’adolescence a été la période des découvertes et des premières expériences, les années où j’ai commencé à apprécier le rock, le hard rock, le heavy metal… Mon premier instrument, mon premier groupe, ma première copine… L’école a toujours été bien à mes côtés donc rien à signaler à propos de ça, ah ah ! (rires) Les amis et la famille ont toujours été une partie très importante de ma vie, mais je pense que c’est la vie de chacun… Ils étaient et sont toujours importants pour moi.
Quelles ont été tes premières découvertes musicales, tes premières influences et tes idoles ?
J’ai commencé à me plonger dans ce genre de musique grâce à Elvis Presley, il a été le premier artiste rock que j’ai écouté quand j’étais enfant. Vers l’âge de douze ans, j’ai commencé à écouter des groupes comme Def Leppard, Billy Idol et Iron Maiden. En fait, Iron Maiden est celui qui m’a poussé vers le monde du heavy metal et à partir de ce moment-là, ma soif de musique est devenue insatiable.
À quel âge as-tu commencé à apprendre à jouer d’un instrument puis à écrire tes premières chansons ? Te souviens-tu de tes premières créations ?
J’ai commencé à jouer de la guitare basse à l’âge de seize ans, comme tous les autres gars de cet âge, j’ai commencé à jouer sur des cassettes ou des CD’s en essayant de jouer les chansons de mon idole de mon mieux. J’ai commencé à étudier l’instrument à l’âge de dix-huit ans et à partir de ce moment, j’ai pratiqué tous les jours plusieurs heures par jour. Ma première chanson a été écrite pour un groupe dont je faisais partie à la fin des années 90’s. En écoutant ces chansons maintenant, c’est utile de comprendre à quel point j’ai grandi en tant que musicien.
Te souviens-tu de ton tout premier concert que tu as donné ?
Mon premier concert a eu lieu dans ma ville natale, Rome. C’était dans un petit club appelé Coetus, situé au centre de Rome.
Comment pourrais-tu décrire l’évolution musicale du groupe depuis 1994 ?
Il y a eu une croissance artistique continue. Depuis les débuts jusqu’à aujourd’hui, outre les goûts musicaux personnels, de nombreuses personnes ont également contribué à ce qu’est DGM aujourd’hui.
Et pour finir, comment présenterais-tu ta formation musicale à quelqu’un qui ne vous connaît pas ? Que lui dirais-tu pour le convaincre de vous rejoindre et vous écouter ?
Si vous aimez le metal, si vous aimez le hard rock, si vous aimez le progressif et que vous aimez les riffs et les mélodies, vous aimerez sûrement DGM. (sourires)
DGM : Life
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