FIVE FINGER DEATH PUNCH : Résurrection

La machine Five Finger Death Punch dégaine sa recette secrète de tubes pour son neuvième album, AfterLife. Si les Américains frappent dorénavant fort dans les charts à travers le monde (#1 au classement Rock aux USA, en Australie, au Canada, en Finlande, en Allemagne…), le combo de Las Vegas nous dévoile les difficultés rencontrées durant la période où « le monde s’est arrêté ». Entre abattement sans espoir et résurrection passionnée, AfterLife ne fait pas que frapper le haut des charts : il ouvre la porte au renouveau de 5FDP, fourmillant d’idées et d’énergie pour ré-attaquer la vie du bon pied. [Entretien avec Chris Kael, basse, par Marie Gazal – Photos : DR]

FIVE FINGER DEATH PUNCH

AfterLife est le premier album de Five Finger Death Punch depuis le covid-19, comment avez-vous vécu cette période ?

Quand le monde s’écroule, tu dois trouver des choses auxquelles te raccrocher, qui te gardent sains d’esprit. Et la musique, depuis le début, pour chacun des membres du groupe, a été ce qui nous gardait sains d’esprit. Ecrire et enregistrer juste pour continuer. C’est ce qu’on a fait. Quand les tournées ont été annulées, on a fait quelques vidéos rétrospectives pour YouTube et surtout on est retourné au travail avec Kevin Churko (Ndlr : producteur, Ozzy Osbourne, Papa Roach, Skillet…) parce que la pandémie nous a offert beaucoup de temps pour développer nos idées. Nous n’avions pas de deadline. On a écrit pour écrire, pour se purger, pour le côté créatif et sans pression! Si les morceaux étaient terminés rapidement ?
Ok, alors ils étaient terminés rapidement. Mais si on avait besoin de respirer un peu avant d’y retourner ? On avait le droit de le faire grâce au temps qui nous était donné… On n’avait pas de séance photo, ni presse, rien du tout. On était juste là, à bosser, avec Kevin Churko, et, oh mon dieu ! Tout ce temps qu’on avait, on était relax. Le meilleur dans tout ça, c’était d’être relax. On a fait ça pour l’amour de la musique, on n’a pas besoin de se dépêcher de faire les choses, et c’était incroyable. On a toujours créé des morceaux cools, mais leur laisser le temps de respirer et de mûrir, nous n’en avions jamais eu l’occasion. C’est mon album préféré de Five Finger Death Punch.

Je voulais te demander de quoi AfterLife parlait, au fond ?
Je préfère laisser au public la possibilité de penser ce qu’il veut de l’album. Ce processus créatif afin d’orienter les oreilles de l’auditeur ne nous appartient plus. C’est la beauté de la musique : chaque morceau va atteindre l’auditeur, peu importe où il en est dans sa vie. Et pour nous, la possibilité de partager ce qu’on traverse avec des gens qui vont s’y identifier, c’est un moteur. On laisse ouvert à l’interprétation.

Pour moi, personnellement, cet album traite de la résurrection…
Oui, du groupe, et de la période durant laquelle on l’a écrit aussi. Quand la pandémie était en cours, personne ne savait si ça allait revenir à la normale. Sortir vivant de cette période sombre est inspirant, et notre album parle de ça : il fait partie de notre processus de guérison, pas seulement pour nous, mais aussi pour notre public.

Ça fait quoi de savoir qu’AfterLife a démarré en top position des charts rock à travers le monde ?
C’est le témoignage de deux choses.
Numéro 1 : la qualité de la musique qu’on écrit. On est tellement passionné, il y a tellement de talents dans ce groupe. Donc en première position, c’est bien notre écriture, le produit d’un mélange de nos cinq talents.
Numéro 2 : tout le dur labeur qu’on met devant tellement de gens. Sans les fans pour nous écouter, nous ne serions pas numéro 1, on ne serait même pas sur les charts. Five Finger Death Punch est un groupe qui accompagne un style de vie.
Je pense que c’est comme quand j’écoutais Kiss en grandissant : ils sont des super-héros et chacun de ses membres possède une identité qui lui est propre, on peut choisir son préféré – moi c’était Gene Simmons. (rires) Et au vu du nombre de personnes qui viennent nous voir avec la passion qu’ils démontrent, je veux dire chanter chaque mot avec nous, c’est incroyable.

FIVE FINGER DEATH PUNCH

Est-ce pour ça que vous avez lancé le fan club Five Finger Death Punch ?
Exactement. On avait tellement de temps libre du fait de ne pas tourner, on a eu le temps de le combler avec d’autres idées, comme comment créer du lien avec les fans, comment continuer à construire ce « style de vie ». C’est incroyable de faire partie de quelque chose qui impacte tellement de gens différents.

Pourrais-tu me parler un peu plus du métavers que vous créez et que l’on aperçoit dans « IOU » et « Welcome to the Circus » ?
Il se passe plein de choses par ici ! Encore une fois grâce aux esprits créatifs de ce groupe qui ont créé un monde parallèle pour se connecter, avec des paysages et tout un tas d’autres trucs. Les possibilités sont sans limites et ça nous fascine !

Quels morceaux avez-vous prévu de jouer durant votre tournée américaine ?
On travaille encore sur la setlist finale. On est encore en Europe là, il nous reste trois concerts. On a joué « Welcome to the Circus » en live, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Jamais on ne joue un morceau en live avant sa sortie. Parce qu’on ne voulait pas que la première écoute d’un nouveau morceau par les gens soit faite à partir d’un enregistrement de smartphone. (rires) Mais c’est un morceau naturellement taillé pour le live.

FIVE FINGER DEATH PUNCH

Vous avez joué au Hellfest en juin dernier : qu’avez-vous pensé du festival français ?
Le Hellfest est l’un de mes festivals préférés au monde. Tu imagines, la programmation, tout le monde y était ! Je me suis demandé d’où venait tout cet argent pour payer tout le monde et tous les groupes qui venaient jouer ! J’étais super excité à l’idée de jouer au Hellfest.

Avec Ivan Moody et Zoltan Bathory, vous apparaissez dans The Retaliators, un film d’horreur avec une super BO. Qu’est-ce que ça faisait d’être un acteur ?
Je ne sais pas si c’était vraiment un jeu d’acteur (rires) mais être un musicien depuis si longtemps et être barman également fait que je suis toujours sur scène. Et dans The Retaliators, je devais jouer un exécuteur de motards. C’était intéressant, j’ai adoré.
Un moment, Zoltan et moi étions sur une scène avec un acteur professionnel, je ne me rappelle plus son nom, mais voir ce mec, les émotions qu’il transmet, ses poses… Je me suis dit « Mon dieu, tout le temps et la passion qu’il met dans son jeu, nous le mettons dans la musique » et la façon dont il jouait ne nous donnait même pas l’impression d’être sur scène. C’était incroyable de nous embarquer dans ce nouveau projet en sachant que nous apprendrions des meilleurs et j’ai beaucoup appris. J’espère pouvoir tourner dans plus de films parce que c’était vraiment très drôle.

Si ça ne t’ennuie pas, j’aimerais te demander si vous avez toujours de bonnes relations avec Tommy Vext (ex-Bad Wolves) après sa séparation de Bad Wolves et la polémique autour, lui qui vous a beaucoup aidés durant votre tournée en 2017 (en remplaçant au pied
levé Ivan Moody alors en cure de désintoxication) ?

Je ne lui ai pas parlé depuis un moment. Mais on a beaucoup d’affection pour ce mec, il nous a aidés à sortir d’une année difficile. Mais le temps a passé et on a tous avancé. Et on est tellement heureux d’avoir retrouvé Ivan, le vrai Ivan, le mec que je connais et que j’aime depuis des années. Je ne peux pas dire assez de bonnes choses à son sujet, en tant qu’être humain, en tant que bête de scène. C’est tellement bien d’avoir laissé derrière soi cette période sombre. Il y a un art japonais qui s’appelle Kintsugi où, au lieu de jeter une poterie cassée, ils assemblent les morceaux et comblent les brèches avec de l’or. Et j’ai le sentiment qu’on a fait ça aussi avec nous-mêmes, quand on était cassé et qu’on s’effondrait, on a remis les morceaux ensemble et on les a consolidés. Ça a fonctionné : la preuve avec les concerts, le fait qu’on n’ait jamais sonné et jamais joué aussi bien, et encore plus important : qu’on s’éclate ! Et c’est ce qui nous guide à travers tout ça. On continue à faire ce qu’on
aime et on le fait avec l’esprit clair, entre amis. C’est une merveilleuse période, non seulement pour être en vie, mais aussi, oh mon dieu, pour faire partie de Five Finger Death Punch !

AFTERLIFE - FIVE FINGER DEATH PUNCH
FIVE FINGER DEATH PUNCH
AFTERLIFE
Groove metal US
Better Noise Music

Five Finger Death Punch profite de sa signature sonore établie pour s’amuser sur AfterLife, un neuvième opus diversifié à souhait et paradoxalement très unifié. Comme un patchwork tissé avec le même fil conducteur, 5FDP file un album accidentellement concept à travers douze morceaux où le thème de la mort est omniprésent. Citons pèle-mêle dans les paroles : « après la vie », « coincé au purgatoire », « la fin »… Certes, nous retrouvons l’efficacité des habituels tubes radiophoniques (« AfterLife », « IOU »), mais nous sommes surtout accrochés par des morceaux plus profonds et introspectifs, comme « Pick Up Behind You », dont le refrain prend aux tripes, et la jolie balade « Thanks for Asking ». Avec son ouverture sur « Welcome To The Circus », le groupe américain explore même l’univers des freaks shows, un thème récurrent dans le metal dont les amateurs peuvent être qualifiés à tort de « bêtes de foire ». AfterLife creuse ainsi les émotions et expériences vécues par Ivan Moody (chant) et Zoltan Bathory (guitare) comme rarement 5FDP a su se rendre aussi personnel. Un bon album que les fidèles amateurs de la technique des 5 points sauront apprécier ! [Marie Gazal]

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