Actif seulement entre 2008 et 2011, le quintette nantais 20 Seconds Falling Man avait repris du service en 2017 avec un line-up plus soudé que jamais. Preuve en est aujourd’hui avec leur premier et solide album Void qui voit enfin le jour après plusieurs EP. A la croisée des genres et des influences telles que Cult of Luna, Impure, Wilhelmina, Amenra, Isis…, la musique des Français nous plonge dans un univers sombre et chaotique au sein duquel l’Homme est placé face à son propre déclin. Un très bon cru Frenchy comme on les aime ! [Entretien avec Arnaud (chant) et Greg (guitare) par Marie Gazal – Photo : DR]
Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ?
Arnaud : Je suis Arnaud, le chanteur du groupe.
Greg : Moi c’est Greg, l’un des guitaristes. On a Pierre-Denis en second guitariste. En bassiste, Maxime. Et puis, Alain à la batterie.
Et musicalement, vous diriez que vous êtes un groupe de…
Greg : On est entre le Post-Hardcore et le Post-Metal, pour mettre des étiquettes assez simplement. Quand on a commencé le groupe, c’était plus Post-Hardcore, et on a évolué vers quelque chose de plus lent, de moins chaotique, d’encore plus puissant, plus sombre.
Quand on vous écoute, on retrouve des éléments cependant qui tirent vers le Black Metal, le Stoner… Comment décririez-vous votre style qui est assez varié finalement ?
Arnaud : On est tous issus de la scène extrême, mais d’univers complètement différents. Quand on a commencé 20 Seconds (…), on n’a pas cherché à se coller une étiquette. On fait ce qui nous plaît et on ne se pose pas trop de questions à vrai dire. Ce qui fait que tu peux avoir en écoutant notre musique des clins d’œil à d’autres types de musiques. Moi historiquement je suis plutôt issu de la scène Hardcore.
Greg : Moi j’ai fait du Grindcore. J’ai fait plein de trucs différents : j’ai joué dans Ultra Vomit, j’ai fait du Heavy, j’ai fait du Rock/Metal… Et je pense que, comme disait Arnaud, ça se ressent dans notre musique parce que chacun a apporté sa pierre à l’édifice.
Est-ce que vous pourriez me parler un peu de votre album Void ?
Arnaud : C’est une continuité de ce qu’on faisait avant, mais en plus exacerbé, c’est-à-dire qu’il a été intégralement composé pendant la période Covid, qui a été une période, comme pour beaucoup de groupes de musique, un peu compliquée… Pourtant il était hors de question pour nous de mettre le groupe en stand-by. Les principaux compositeurs de 20 Seconds (…), qui sont Pierre-Denis et Greg à la guitare, ont mis ce temps à profit au contraire pour écrire, mais dans cette espèce d’ambiance chaotique et sombre qu’était cette période du Covid et qui a exacerbé l’aspect sombre qu’il y avait déjà initialement dans 20 Seconds.
De quoi parlez-vous dans vos textes sur les nouvelles chansons de Void ?
Arnaud : Cet album-là a la particularité d’avoir été intégralement écrit par une femme. Donc il traite des mêmes thématiques qu’on a pu aborder précédemment mais avec le regard, l’écriture, la main d’une femme. C’est une critique, un regard de l’Homme en général, de son déclin, de ses travers.
Être programmé pour jouer sur la Valley au Hellfest 2022, ça fait quoi ?
Greg : On a joué au Hellfest, au Metal Corner en 2010, c’était déjà cool. Mais là, on va jouer en ouverture de la Valley, qui est la scène qu’on préfère. Tous les groupes qu’on a en référence ont joué là. C’est quelque chose d’énorme. Ce n’est pas une finalité, c’est une étape de pouvoir jouer au Hellfest.
Arnaud : C’est un tremplin !
Greg : Si on joue au Hellfest, nous ce qu’on veut c’est aller plus loin, y rejouer plus tard, c’est une étape dans la vie d’un groupe. Sur cette scène-là en particulier qui correspond totalement à notre style, c’est une sacrée récompense.
Je n’ai pas vu de label… Vous vous autoproduisez ?
Arnaud : Non, aujourd’hui, on se débrouille par nous-mêmes. On vole de nos propres ailes, mais on est en pleine recherche. On en a besoin aujourd’hui pour évoluer et pour nous accompagner.
Belle découverte que ce premier effort longue durée de 20 Seconds Falling Man ! Avec son univers chaotique, éminemment sombre, les jeunes Nantais dévoilent six morceaux assez longs pour creuser une ambiance qui prend vraiment aux tripes en studio comme en live. A la frontière des genres, le quintette nantais fusionne toutes ses passions. Les introductions mélodiques à la guitare (« Dear Lord », « Manly ») créent un joli contraste avec le chant torturé d’Arnaud, capable également d’intégrer du chant clair (« Manly »), et des vocalises ou presque des spoken words parfois comme sur « The last Freedom ». Les riffs de guitare sont si lancinants (« I See Land », « Sleeping Beauty ») qu’ils contribuent à bâtir la violence progressive de Void. Intégralement écrit par une femme, Void porte un regard critique sur l’Homme dans ses paradoxes et ses travers. A suivre à tout prix ! [Marie Gazal]
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