Il y a comme de l’électricité dans l’air entre Ace Frehley et la paire Simmons-Stanley, depuis plusieurs années. Les commentaires acerbes, l’ex-guitariste de Kiss s’en fiche royalement mais pour mettre en veilleuse les critiques de ses anciens camarades. Frehley est entré en studio afin d’enregistrer un album électrisant qui s’écoute encore et encore. Ace fait de la résistance avec le bien nommé 10,000 Volts grâce à un style ampoulé qui ravira les fans de la première heure. Il a déniché un fil conducteur en la personne de Steve Brown (Trixter, Def Leppard), son co-auteur-producteur : « Avec Steve, Je retrouve la même alchimie que celle qui animait les quatre membres de Kiss lors des premières années du groupe. Il n’y a aucun compromis entre nous deux, et c’est ça qui donne des chansons intéressantes. Je pense surtout que l’on était chacun avide de nouvelles expériences. »
Aux côtés de ces deux spadassins (Brown joue de la guitare, de la basse et des claviers tout en assurant les chœurs), quelques vétérans ont joint leurs forces en studio comme le fidèle batteur Anton Fig, présent sur trois chansons, le bassiste PJ Farley (Trixter) ou l’ingé-son Alex Salzman. Pour mettre de l’intensité d’entrée, l’éponyme et lumineux « 10,000 Volts » est bien le meilleur choix possible avec ses guitares survitaminées et son refrain super-accrocheur. Le plus Kissien des enregistrements de cet album constitue déjà un futur classique.
« Walking On The Moon » est l’archétype de la chanson rock feelgood qui donne envie de taper du pied. Elle sonnera à pleine couture lorsqu’elle sera jouée en live. Vient ensuite « Cosmic Heart », morceau aux saveurs Black Sabbath : riffs lourds et grandes envolées. « Cherry Medecine », annoncé comme deuxième titre single, distille un groov contagieux. Cette fois encore, on sent l’influence de Steve Brown qui a peaufiné la mélodie avec un sens inné du refrain tandis que Frehley délivre un riff incisif. « Back Into My Arms Again » est une ballade semi-acoustique rappelant l’époque du Frehley’s Comet. Cette pépite exhumée des archives de l’artiste a en effet été composé dans les années ’80 avec le claviériste Arthur Stead : « Il y a bien quelques overdubs ajoutés par Steve, mais la version finale est très proche de la démo d’origine ».
« Fighting For Life » déboîte pied au plancher. C’est un hymne qui cogne et possède tous les atouts pour séduire les amateurs de hard rock. Intro a capella s’il vous plaît pour « Blinded. Ace se lâche en disant tout le mal qu’il pense de l’évolution technologique incarnée à notre époque par l’intelligence artificielle, avec un ton désinvolte, tel un requiem rock’n’roll. Puis « Constantly Cute » propose un son rock résolument moderne, tout en gardant une mélodie entêtante et un solo de guitare subtil.
Sur chacun de ses albums, Frehley s’attaque à une reprise. On a droit cette fois à l’étonnant « Life Of A Stranger », chanson composée et interprétée par la comédienne franco-marocaine Nadia Farès sur la BO du premier Transporteur avec Jason Statham. « J’ai suggéré à Steve d’interpréter une version plus heavy avec des accords très rythmés, une intro et un solo de blues. Steve m’a coaché pour la partie vocale. Ma voix n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui et je trouve notre interprétation réussie. »
« Up In The Sky « avec cette fois Matt Starr (Mr. Big) à la batterie, réenclenche la sixième vitesse avec un refrain qui roule et qui swingue à souhait. L’instrumental « Stratosphere » rappelle que les choses de l’espace collent toujours à la peau d’Ace Frehley, comme il nous le soulignait en 2014 : « Mon studio ressemble à une navette spatiale (rires). Je suis entièrement convaincu que des extraterrestres ont visité la planète Terre au cours des siècles et ont eu des relations sexuelles avec des humaines. C’est ce qui a permis de faire avancer la civilisation plus rapidement. Ma conclusion est que la vie arrive continuellement sur Terre depuis l’espace ».
Ace Frehley reste un passionné qui a gardé un vrai cœur de rocker, un guitariste immortel qui continue de jouer une musique intemporelle. A défaut de nous entraîner dans des galaxies lointaines, le Spaceman se contente de décrocher la Lune en croyant à sa bonne étoile : « J’ai un bon feeling concernant 10,000 Volts. C’est probablement l’un des meilleurs albums de ma discographie et je suis impatient de connaître la réaction des auditeurs. »
Avec un titre pareil, il y a de forte chance que le courant passe auprès des fans de l’ex-Kiss ! [Philippe Saintes]
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