Le quatuor de Liverpool nous surprend (en bien !) avec ce double album, Happy + Sad Happy, plus léché et conceptuel que les précédents opus. Musiques comme textes veulent raconter des histoires et on se prend au jeu en appréciant véritablement surfer sur la vague Circa waves. Avec cet album, les quatre jeunes anglais assurent la relève de grands noms du rock british comme Artic Monkeys, The Kooks grâce à leurs riffs de guitare prenant et à leurs mélodies entêtantes ! [Entretien avec Joe (guitare) et Colin (Batterie) par Hélo Plume – Photos: Julia Cruz / Nobody Prod]
HEUREUX et TRISTE, car il est impossible d’être heureux sans avoir été triste ? Et vice versa
Joe : Exactement. On voulait parler des sentiments dans leur intégralité, du bonheur à la tristesse et de la tristesse au bonheur. On a tous connu ce moment triste dans notre vive mais qui ne l’est pas tant car on sait que cela ira mieux après.
Cet album semble plus personnel, intime que les précédents, dans quel contexte a-t-il été écrit ?
Joe : Par rapport à nos albums précédents, je pense que nous avons grandis surtout.
Colin : Avant on parlait beaucoup de fêtes aussi, de tous ce qu’on découvrait…
Joe : Des soirées arrosées aussi… Donc oui je dirais que le contexte est peut-être celui du passage a l’âge adulte, et donc de la volonté de vouloir parler de sujet plus profond mais aussi du fait qu’on se projette surement plus dans le futur. On voit plus loin.
Cet album en deux parties est extrêmement intéressant car on dirait un concept album. Les paroles sont vraiment intéressantes et il y a un changement d’ambiance entre les deux parties, Comme s’il s’agissait de deux épisodes d’un opus. Avez-vous travaillé différemment entre Happy et Sad ?
Joe : En fait on avait écrit la chanson « Sad Happy » avant d’écrire le reste de l’album, et là on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire autour de cette chanson. Donc, oui, elle est un entre deux, entre deux états, un passage je dirais. Il fallait donc faire l’état « avant » et l’état « Apres » ce Sad Happy. Mais on a eu envie de mettre « Happy » avant « Sad ». Pour changer de l’idée préconçue que la tristesse c’est avant le bonheur. Ce sont des états qui vont ensemble finalement mais qui diffèrent tout de même. Pour cela que nous n’avons pas enregistré les deux parties en même temps. Car il n’y a pas la même énergie dans chacun, il fallait être dans un esprit bien unique pour chacune des parties de cet album.
Est-ce cet état de « triste heureux » qui définit le mieux l’esprit des circa waves ? Êtes-vous des tristes heureux ?
Colin : Je ne dirais pas que cela défini Circa waves… car au fond tout le monde est un peu « sad happy » non ?
Joe : Et puis l’esprit de Circa waves change tout le temps. Parfois on est heureux, parfois tristes, parfois heureux triste. Mais oui comme le dit Colin, on voulait surtout mettre en avant un état ou tout le monde peut s’identifier. Finalement être heureux-triste c’est souvent agréable, ça fait avancer. Par exemple dans une histoire d’amour parfois c’est la rupture le meilleur moment, et ça en fait un moment triste et heureux à la fois. On voulait exprimer ce moment de transition, de progression, qu’on expérimente tous dans notre vie.
Le seul morceau instrumental est Train to Lime Street, est-ce une ode à Liverpool, votre ville natale ?
Joe : Oui c’est tout à fait ça. On faisait des allers-retours pour enregistrer entre Londres et Liverpool, et il y avait ce bruit du train toujours le même, et ce paysage qu’on connaissait par cœur. On a voulu faire un morceau uniquement instrumental, un peu planant, qui pouvait représenter ce voyage qu’on a appris à connaitre par cœur.
Je rebondis sur vos propos, vous écoutez quoi en voyage ?
Colin : Moi j’adore écouter la radio, le matin surtout, et étrangement il y a cette magie avec la radio ou, quand il y a bon morceau, après ça s’enchaîne comme une playlist faite que pour moi ! J’adore écouter les radios Oldies, avec les vieux tubes !
Joe : Ça me rappelle mon road trip dans le sud de la France, de Perpignan à Nice, avec ma copine on écoutait une super radio française qui s’appelle Nostalgie. Tu connais ?
Héloïse : Oui bien sûr.
Joe : Ça porte super bien son nom, tu ne trouves pas ? C’était parfait avec le bord de mer, le soleil… on était dans un clip un peu (rires)
J’ai eu l’impression, pour la première partie, d’être dans une soirée amusante, agréable, où tout le monde était sympa, et pour la seconde, j’ai cru être dans un rêve. Il n’y avait plus ce côté rassurant de la réalité, tout semblait possible. Mais aussi plus dangereux. Vouliez-vous rendre ce côté plus … fou ou tout est possible dans Sad ? pour contrebalancer avec Happy.
Joe : Finalement, « Sad », c’est tous les possibles. Pour ça aussi que l’on a voulu le mettre en deuxième partie. Il est plus complexe, plus introspectif. Il fallait être préparé, et Happy détend, pour pouvoir accueillir Sad. Car la tristesse c’est super beau, non ? Il faut être dans de bonnes conditions pour l’affronter.
Dans cette deuxième partie j’ai ressenti plusieurs influences, j’ai pensé à des groupes comme Phoenix dans Wake Up Call (peut-être parce que je suis française !) … Vos influences ont-elles évoluées depuis vos débuts ? et comment nourrissent-elles votre musique ?
Colin : Ah c’est sympa, on aime bien Phoenix en plus !
Joe : Nos influences elles évoluent en permanence en fait, donc oui depuis nos débuts, bien sûr qu’elles ont changées ! mais ce qui nous inspiraient au début, nous inspire toujours, d’une manière différente. Et puis il y a le contexte qui compte énormément aussi. C’est ce qu’on vit qui nous influence le plus !
J’ai eu un vrai coup de cœur pour la chanson qui clôt tout cet album, « Birth Day cake », c’est vraiment entre un sentiment de bonheur, de jubilation et de nostalgie. Il résume parfaitement et clôt cet album en 2 parties. Un gâteau d’anniversaire témoigne d’un passage à un autre âge, de la fin de quelque chose et du début d’autres choses … que vouliez-vous dire dans ce « gâteau d’anniversaire ? »
Colin : C’est marrant plein de gens aiment cette chanson ! Car elle parle de quelque chose qu’on connait tous, notre anniversaire ! et donc oui, c’est un moment un peu rituel…
Joe : Surtout pour Colin… Il nous parle de son anniversaire des mois avant, le lendemain de son anniversaire il nous parle déjà du prochain…
Colin : Ah ça oui, personne ne peut oublier mon anniversaire ! Sinon je suis vraiment vexé !
Joe : et puis j’ajouterais que se souvenir de son anniversaire avec cette chanson ça nous plonge aussi en enfance, ou on n’avait pas peur de vieillir, ou justement on attendait d’avoir un an de plus. C’est très nostalgique comme chanson finalement.
Il est vraiment étonnant de constater que malgré leurs différences, les deux parties de cet album ne vont pas l’une sans l’autre, comme si elles se répondaient. Est-ce un processus que vous continuerez d’appliquer à vos prochains albums ?
Colin : Je ne sais pas. Peut-être. On n’a pas encore réfléchi à vrai dire. Peut être trois parties, non Joe ?
Joe : Ou une comédie musicale ?
Héloïse : vous seriez déguisé ? En gâteau d’anniversaire ? (Rires)
Colin : Ça c’est une super idée ! (Il fait semblant de danser)
Joe : il y a plein de possibilités en fait, tout dépend de ce qu’on voudra dire !
Puis-je vous poser deux dernières questions ? D’un, mais qui est Jacqueline ? Et deuxièmement, un mot pour vos fans français ?
Joe : Jacqueline c’est la cousine de Kieran en fait. C’est une maman solo et on voulait rendre hommage aux mamans solos dans cette chanson.
Colin : ça va même plus loin, on voulait rendre hommages aux mamans en général.
Joe : Même aux femmes en général !
Et en ce qui concerne nos fans français, non, on n’a pas de mots pour eux, on a un mot pour tous nos fans sans différenciation de nationalité. On se fiche de ou viennent nos fans, Circa waves c’est au-delà de ça et c’est vraiment super ainsi !
CIRCA WAVES
Happy + Sad Happy (double album)
Rock Indé
Prolifica – Pias
4.5/5
Ce double album marque un tournant dans la carrière de Circa Waves, du moins surtout à partir de la seconde partie, « Sad Happy ». En effet on quitte ce doux sentiment de Summer Hit qui était toujours très présent dans les précédents Ep et titres de Circa waves.
Dans cette seconde partie, plus introspectives, les membres de Circa Waves apparaissent plus fragiles, et leur musique en devient plus profonde.
Des morceaux comme Sad Happy ou Birth Day Cake expriment parfaitement cette évolution vers une écriture musicale plus aboutie et approfondie. Cela augure de bonnes choses pour la suite ! [Hélo Plume]
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