CROWBAR : Zéro absolu

Tailler le bout de gras avec Kirk Windstein, alias « The Beard Of Doom », est toujours un moment particulier. D’autant que ce dernier n’a qu’une envie, c’est de parler de son bébé qu’il garde au chaud depuis presque deux ans. Avec cette histoire de Covid, six longues années séparent Zero And Below de son prédécesseur, The Serpent Only Lies, chose tout bonnement inconcevable pour son géniteur… [Entretien avec Kirk Windstein (chant/guitare) par Julien Meurot, julien@metalobs.com – Photo : DR]

Les choses semblent revenir à la normale, tu sors d’ailleurs tout juste de votre première répétition pour la prochaine tournée avec Sepultura, c’est bien ça ?
Carrément, et nous sommes surexcités à l’idée de pouvoir repartir en tournée, surtout avec Sepultura et Sacred Reich. Ça fait tellement longtemps, nous n’attendons que ça…

Surtout quand on sait que l’album est en boite depuis presque deux ans. L’attente a du vous sembler interminable…
Ainsi va la vie… L’album a été mis en boite mi-février 2020. Depuis nous avons vu sortir plein d’excellents albums mais le problème – et je parle pour nous – c’est qu’il était impossible de sortir un disque sans être certains de pouvoir partir en tournée juste après. Cela a été très difficile pour nous car nous adorons l’album et il a été vraiment difficile d’attendre si longtemps mais la raison a fait que nous devions attendre. Maintenant l’album va sortir juste avant la tournée et c’est le timing parfait.

Il y a de quoi car l’album est vraiment excellent. Il est très varié et intense. Pour autant vous avez choisi un single un titre assez « classique ». Peux-tu nous en parler ?
C’est un titre sur l’addiction avec un sujet assez sombre. Mais avant tout c’est surtout les riffs, j’adore ce titre. Pour moi c’est un super titre de Crowbar et les gars se joignent à moi dire que c’était le meilleur choix pour un premier single. C’est un titre classique mais en même temps il est vraiment cool.

Après je suis tout à fait d’accord avec ce choix, il est réconfortant de se retrouver en terrain connu après ces deux années plutôt chaotiques.
Nous voulions rassurer nos fans. Ce n’est que la deuxième fois qu’il y a tant d’écart entre deux de nos albums. La fois précédente était plus facile à comprendre pour nos fans car j’étais avec Down et donc je pense que cela se voyait que je ne me tournais pas les pouces. (rires) Reste que Zero And Below aurait dû sortir il y a deux ans, mais le Covid en a voulu autrement.

J’imagine que depuis tu as déjà pas mal de matériel pour le prochain album alors ?
Oui, et au retour de la tournée avec Sepultura, nous allons nous remettre à écrire. Je ne serai pas étonné que le prochain album sorte fin 2023. Tu sais, j’ai horreur de ne rien faire. Si nous faisons abstraction des deux dernières années, je passe sept mois par an en moyenne sur la route, et le reste du temps, je compose. Il me tarde de retrouver ce rythme.

On retrouve pas mal de chant clair des plus travaillés. Est-ce que ton escapade solo t’a aidé à prendre confiance dans ta voix ?
C’est une évidence. Avant des paroles sombres devaient être liées à un chant agressif, mais maintenant, je peux aussi utiliser ce chant clair comme sur « Denial Of The Truth ». Avant je me considérais plus comme un riffeur qui beuglait, mais depuis mon album solo, je me suis ouvert et le champ des possibilités est bien plus grand maintenant. Après la musique drive vraiment ma façon de chanter, je ne vais pas tenter un chant plus soft sur un titre agressif, mais si la musique devient plus doomy alors là je peux tenter des choses.

En parlant de titre agressif, « Bleeding From Every Hole » n’est pas en reste avec une basse très Motörhead. Est-ce toi qui joues ?
Non, pas cette fois, c’est Shane (Wesley) qui joue sur le disque. Il est vrai que le passé, j’ai fait pas mal d’albums à la basse en plus de la guitare et du chant, mais cette fois Shane a tout fait. J’adore le son qu’il a et sa performance est cool.

Est-ce plus confortable pour toi de ne pas avoir à gérer cette partie ?
Sur ce disque, on se rapproche plus du live dans ce sens ou je n’ai qu’à gérer une guitare et le chant. J’avoue que n’avoir à écrire que les riffs et les paroles, c’est assez confortable.

Avais-tu déjà tes guitares Solar pour ce disque ?
Non, comme il était mis en boîte en 2020, je ne les avais pas encore. J’ai utilisé ma Gibson Explorer, la même que j’utilise avec Down et sur quelques disques de Crowbar. Mais je me suis servi des Solar sur le live streaming et j’ai reçu en fin d’année dernière le prototype de ce qui sera mon modèle signature. C’est avec elle que j’ai fait la dernière mini-tournée en compagnie de Municipal Waste. Ils font de super guitares qui sonnent et qui sont magnifiques.

Toujours en lien à ton principal instrument, on entend de la guitare acoustique en toute fin de disque ce qui est une première dans Crowbar ?
Duane Simoneaux (NDLR : producteur du disque) avait une guitare six cordes et une douze cordes. Je voulais prendre la douze cordes, mais il m’a plutôt conseillé de faire deux pistes de six cordes. C’est vrai qu’en douze albums, ce n’était jamais arrivé, même sur mon disque solo il n’y avait que de la guitare électrique en clean. (rires)

Une dernière question, cet été, tu vas jouer avec Down sur des Festivals en Europe, mais allez-vous travailler sur un nouvel album ?
Ce n’est pas dans les tuyaux pour le moment. Nous allons déjà essayer de garder cette « positive vibe ». Si tout va bien la tournée Crowbar/Sepultura devrait venir en Europe à l’automne donc je ne serai pas dispo avant 2023 pour y penser. Nous verrons bien, mais il n’y a vraiment rien de prévu du coté de Down pour le moment en termes d’enregistrement.

Zero Absolute - CROWBAR
CROWBAR
Zero Absolute
MNRK Heavy
Sludge Metal

Enfermé dans un coffre depuis plus de deux, ce douzième album de Crowbar voit enfin le jour. Et quel plaisir que de retrouver Kirk Windstein & Cie aussi inspirés car si certains disques, par le passé, pouvaient être très monolithiques, ce Zero And Below marque un tournant dans la composition. Si ce bon Kirk s’était offert une respiration solo, il n’y a pas de doute que l’évolution de Crowbar est liée à ses envies de s’écarter (pas trop quand même) de chemins qu’il a lui-même battus.

On retrouve donc les riffs caractéristiques du Monsieur comme en atteste les deux premiers singles, mais aussi du chant clair plus assumé et même de la guitare acoustique. Les hommages à peine cachés à Motörhead font plaisir autant à l’auditeur qu’au groupe. De plus, le fait de laisser la basse à Shane Wesley apporte un vrai plus. Un disque de sludge en bonne et due forme !!! [Julien Meurot]

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