DARKENHÖLD : Arcanes & Sortilèges

DARKENHÖLD
Arcanes & Sortilèges
Black Metal
Les Acteurs de l’Ombre Prod.

A l’instar de leurs compagnons d’armes (et de label) Griffon, Darkenhöld a publié également son nouvel album cet automne 2020, mais ce dernier possède une longueur d’avance sur ses cadets dans sa discographie puisque Arcanes & Sortilèges constitue déjà leur cinquième effort longue durée en studio, quant à deux pour Griffon dont le petit dernier récemment chroniqué ici. Après la sympathique expérience folk acoustique du split CD Atra Musica avec leurs collègues en 2019, retour à un Black Metal racé et électrique cette fois pour nos Niçois. Le ton est donné d’emblée sur le très direct et belliqueux « Oriflamme » au break véritablement entraînant taillé pour être repris en chœur par des hordes de Métalleux(euses) en furie dès que cela redeviendra possible… Extrêmement bien construit et captivant par ce chant français, le groupe du sud de la France nous emporte très vite dans son univers lyrique essentiellement axé sur le Moyen-Âge et l’heroic fantasy.

Les breaks et paroles parfois simplement narrées, sans chant, apportent une certaine touche folk/pagan sur un ensemble solide et puissant. « L’ost de la forteresse » est du même acabit, et les respirations apportées par les changement de rythme permettent d’apprécier davantage les ambiances et souffler un peu par endroit. Les riffs sont fédérateurs et en live feront un malheur, à n’en pas douter. Les soli et arpèges de guitares confèrent un peu de diversité aussi à Arcanes & Sortilèges par moment trop consistant dans sa puissance. Des claviers résonnant comme des orgues d’église, ou alors plutôt façon Summoning peut-être, viennent faire leur apparition aussi sur « Incantations » apportant du cœur à l’ouvrage et renforçant l’ambiance de ce nouvel album à la fois épique et rythmé où l’ennui jamais ne nous guette. On vit les choses, est en alerte au moindre break au détour d’un chemin, ou d’un texte mystérieux décliné par son chanteur. On part à l’aventure à l’écoute d’histoires de ces troubadours des temps modernes sauf que là, contrairement au split CD Atra Musica avec Griffon, point question de tergiverser tel un barde chantant des vers à ces gentes dames sous leur balcon, non, tout est question ici de puissance, de combat, de sort magique, mais sans pour autant dénuer la mélodie dans ces neuf chapitres (le superbe break acoustique et plutôt inattendu d' »Incantations »). Une trêve s’impose cependant un instant sur l’inquiétant interlude « La tour de l’alchimiste » avant de repartir en ordre de bataille sur le bien nommé « Héraldique » puis au galop sir « Bestiaire fantastique ». En fait, la force des guitares électriques, des rythmes soutenus, et des screams féroces déclinés en français par son chanteur Cervantes, représentent plus que jamais les solides atouts de Darkenhöld mais avec un dosage habile, tel l’alchimiste concoctant une potion magique du haut de sa tour médiévale. Ce choix du chant justement dans la langue de Molière aide le groupe méridional à se forger une identité sur la scène Black Metal hexagonale de plus en plus riche qui n’a plus à rougir depuis déjà au moins une décennie face aux voisins européens dont les Scandinaves ou les Allemands spécialistes dans ce genre de Black Metal médiéval et épique. Excellement mis en son, Arcanes & Sortilèges est un disque loin d’être immédiat et évident pour les païens que nous sommes, mais une fois dedans et apprivoisé, ce nouvel effort des Français de Darkenhöld se révélera à vous, le sortilège ayant alors fait effet. [Seigneur Fred]

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