Les Australiens de Divine Ascension, auteurs d’un troisième album dans le sillage d’Evergrey, font figure d’employés modèles au sein de la maison suédoise ViciSolum. Et ont logiquement touché leur avantage en nature : une tournée européenne avec Stratovarius et Gloryhammer… [Entretien avec Karl Szulik (guitare) par Jean-Christophe Baugé – Photo : Andrew Raszevski]
Divine Ascension, si l’on en croit les photos promo, est désormais officiellement un quartet. Qui prend en charge les parties de claviers et de guitare rythmique ?
Jennifer (NDLR : Borg, chant), Jason (Meracis, basse) et moi-même jouons des claviers. Après le départ de notre claviériste (David Van Pelt) pendant les sessions d’enregistrement, on est reparti de zéro et avons redéfini le rôle-support de l’instrument : instaurer des ambiances. Notre second guitariste (Robert Inglis), présent sur As The Truth Appears (2011) et Liberator (2014), a quitté le groupe bien avant que j’écrive et enregistre les parties de guitares sur The Uncovering. Notre musique est très travaillée, et les couches successives de guitares lui confèrent une certaine assise…
… Comment joueras-tu alors le solo harmonisé de « Evermore » et la rythmique de « Pursuit Of Desire » en concert ?
L’harmonisation, c’est le petit plus de l’album studio qui flatte l’oreille. En fonction du morceau et de mes envies, je joue la ligne principale ou la tierce. On peut aussi avoir recours aux samples. Quand je pars en solo dans « Pursuit Of Desire », c’est la basse de Jason qui comble le nouvel espace sonore. Mais ce qui nous préoccupe le plus, avec ce morceau, c’est la mise en place de la joute vocale avec le chanteur invité (rires).
Tom S. Englund, d’Evergrey, l’a-t-il enregistré en studio avec vous ?
On ne l’a jamais rencontré, en fait. Après avoir écrit les paroles et les mélodies de « Pursuit Of Desire », Jennifer a eu l’idée d’un duo, et le choix de Tom nous est apparu comme une évidence. Tout s’est fait par mail. Tom a enregistré chez lui, en Suède, sur notre version de travail. Jennifer n’a eu qu’à ajuster ses parties en retour pour plus de fluidité.
A quel moment ton groupe t’a-t-il vraiment donné le frisson ?
C’était au Progresja de Varsovie, en Pologne… La plus grande scène que j’avais jamais foulée. Au moment de jouer « Liberator », je balance mes cheveux en arrière et découvre, au premier rang, sept gars qui entonnent les paroles de la chanson en brandissent un drapeau australien géant. La surprise est telle que je me plante d’accords (rires). La même année, au moment du repas de Noël en famille, je raconte l’anecdote à mon grand-père qui, lors de la deuxième Guerre Mondiale, avait dû quitter l’Australie pour la Pologne et y était resté. Il était si fier que je sois venu au pays, non pas pour une visite de courtoisie, mais pour jouer ma propre musique devant mes fans !
DIVINE ASCENSION
The Uncovering
The Uncovering est le troisième album des Australiens de Divine Ascension, sextet ayant rendu leur liberté à deux de ses membres mineurs (claviériste et guitariste rythmique) depuis Liberator en 2014. Mais pas à sa perle rare, Jennifer Borg, qui vocalise sans faire mine de forcer. Comme les plus grandes. Elle donne d’ailleurs la réplique à Tom S. Englund, frontman d’Evergrey, sur « Pursuit Of Desire ». Un featuring organisé par double affinité. Musicale d’abord, car Divine Ascension est une copie – pas forcément pâle – d’Evergrey. Géographique ensuite, car le label de Stockholm Vicisolum n’a eu qu’à traverser la Suède d’est en ouest pour solliciter Tom à Göteborg. Garant de la modernité du son, le guitariste Karl Szulik joue toutes ses 6-cordes en accordage standard de Ré ou en drop-C, sur des nappes de synthés relégués au rang de faire-valoir. « Evermore », riche et speed, sera sa chanson la plus difficile à passer sur scène, comme « Dawn Brings No Mercy » avant elle. Quel dommage que les ponts prog’ (« One Step From Here ») soient trop rares pour re-sensualiser des propos rebattus sur l’avenir de l’humanité. Au même titre qu’Evergrey, Divine Ascension contribue à faire tourner le metal, sinon en bourrique, du moins en rond : The Uncovering n’a pas encore ce qu’il faut pour intégrer le cercle très fermé (et à faible rayon) des albums de power / prog’ de caractère… ceux d’Andromeda, Angra ou Aspera, si l’on s’en tient aux premières pages de la grande encyclopédie du metal. [Jean-Christophe Baugé]
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