DOCTOR LIVINGSTONE
Triumphus Haeretici

DOCTOR-LIVINGSTONE_Triumphus Haeretici Digipack-Cover

À l’heure où tout est formaté, aseptisé, qu’il est bon parfois de rencontrer ce genre d’OVNI musical, qui plus est dans l’Hexagone ! Voici le cas sacrément hallucinant et halluciné de Doctor Livingstone dont vous allez vite devenir les fidèles patients. Originaires du sud de la France, ces Montpelliérains ont décidé de mixer les genres pour un rendu hybride qui ne plaira assurément pas aux adeptes de True Black Metal ni aux Hardcoreux purs et durs. Aussi barré qu’Impaled Nazarene dans son attitude Punk, mais bien plus diversifié et technique que nos Finnois, notre trio français fait tout pas comme les autres et là où on ne l’attend pas. Passée une intro électronique complètement dispensable de 16 minutes (« Codex Haeretici »), la chanson « Lux Delenda Est » vous scotche net au mur grâce à ses méchants riffs de guitares et ses growls enragés entre Black et Hardcore avant de s’achever sur quelques nappes d’orgue. Les baffes sonores se succèdent ainsi tels de multiples sauts dans l’inconnu, et ce pour notre plus grand plaisir (le très Heavy « Give them Tragedies » et ses breaks à faire pâlir les furieux bataves de Dodecahedron) ou tels des chocs supersoniques de murs de parpaing en pleine tronche (« Dancing with Horses », « The Muck of the Land »). Le partage du chant entre nos trois compères, à savoir PLCD (basse/guitare), Six (batterie) et le Reverend Prick (claviers), renforcent également cette folle énergie présente sur Triumphus Haeretici. Vous l’aurez compris, ces gars-là en ont sous la pédale, mais aussi dans le caleçon. Ils savent manier le manche et les blasts beats tout en apportant le minimum syndical et salvateur de mélodies (l’épique « The Grand Finale (Fin de l’ordre) ») afin de toujours capter l’attention de l’auditeur, car les nombreuses digressions instrumentales peuvent rapidement vous perdre dans ce dédale sonore (« ASMD » ou « Peisithanatos », dispensables à la première écoute, et servant en fin de compte à reprendre son souffle). Mais bien malheureux serait de réduire ce quatrième album à un simple patchwork bruitiste, la preuve par exemple avec l’enchaînement « Fuck You with a View »/« Peisithanatos », proche des excellents Phazm sur ses passages Black bien speed précédés puis suivis d’incantations shamaniques, ou bien encore ses percussions inattendues dans le genre (« I’ll Have Some More Apple Pie Please », « Egregore »). Alors certes, ce triomphe hérétique n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, néanmoins les esgourdes les plus initiées et curieuses d’entre vous apprécieront encore et encore ce nouvel opus qui a le mérite d’innover sur la scène musicale extrême et d’interpeller le chaland par son répertoire original, mais aussi grâce à sa pochette à l’effigie du nouveau Président des Etats-Unis d’Amérique, quelque part entre notre bon vieux roi Louis XVI et Cartman de Southpark Sous ces airs grotesques et de bouffonnerie, Doctor Livingstone envoie sérieusement le pâté avec brio et intelligence. Qui n’a jamais rêvé de jouer au docteur ? Amen.

[Seigneur Fred]

Publicité

Publicité