ESCUELA GRIND : Grindcore Academy

Si Charlemagne a rendu l’école obligatoire en 789 ap. J-C (ou plutôt il a demandé au clergé de créer des écoles ouvertes à tous), de nos jours, il faudrait rendre aussi obligatoire, selon nous, l’initiation au grindcore en cours de musique, un peu comme Schwarzy a instauré la pratique du sport dans les écoles aux USA avant de devenir governator… En attendant un tel programme politique qui rencontrerait probablement un franc succès auprès des metalheads et hardcoreux, Escuela Grind propose une bonne alternative avec son déjà second LP intitulé Memory Theater. Outre le mélange d’influences grindcore old school et new school, le trio new-yorkais (quatuor à la scène) prône surtout un message de liberté sans pour autant être trop démagogue, comme nous l’a expliqué son batteur, à la veille d’une grande tournée américaine en support des vétérans d’Exhumed.
[Entretien réalisé avec Jesse Fuentes (batterie, producteur) par Seigneur Fred – Photos : Jonathan Vahid]

Quand et comment est né le groupe du côté de New York si je ne me trompe pas ? Est-ce une histoire entre amis et colocataires peut-être comme dans la célèbre série TV Friends qui se passe à New York ? (rires)
Le groupe est né en fait à Ithaca (NY) en 2016 alors que Katerina (chant) et moi étions à l’université. Sinon, les autres viennent de l’ouest du Massachusetts. Nous avions juste besoin d’une sorte d’échappatoire, car cela peut être stressant d’être dans un nouvel endroit quand on arrive à l’université. C’est important, je pense, d’avoir une sortie pour décompresser de temps en temps entre les examens.

Mais pourquoi ce choix de nom de groupe Escuela Grind en fait ? Comme Schwarzenegger qui a développé le sport à l’école en Californie avant d’être gouverneur puis « governator » (rires) ? Avez-vous envie ou pour objectif d’enseigner la musique grindcore à l’école aux USA et partout dans le monde dans des classes d’une certaine façon si l’on prend au pied de la lettre votre nom ? Si oui, je veux bien devenir citoyen américain, et voter pour vous, Escuela Grind, lors des prochaines élections aux USA ! (rires)
Il se trouve que Katerina a écrit des paroles pour la chanson « Escuela », et la phrase sonnait cool, la façon dont elle la chantait était bien, alors elle est restée. Mais nous allons essayer de créer « la grind school » aux États-Unis, pourquoi pas ? (sourires En espagnol, cependant, cela signifie « la tendance du grind ».

Plus sérieusement, sur certaines de vos photos promotionnelles, tantôt on voit trois personnes dans le groupe, mais sur les vidéos de vos nouveaux singles (« Forced Collective Introspection », « Cliffhanger », « All Is Forgiven »), on y voit quatre personnes. Alors officiellement, Escuela Grind : trio ou quartet ?
Les membres principaux du groupe sont composés de nous trois, mais Tom (basse) est un vieil ami à moi de Dallas figure aussi dans Escuela Grind. Il a fait une audition il y a un an avec le groupe. Il a appris toutes les chansons assez rapidement, et il tue véritablement. Il faut du temps aux membres pour construire leur propre identité au sein du groupe, alors nous laissons mijoter cela, pour ne pas épuiser qui que ce soit au sein du groupe.

Toujours à propos du line-up d’Escuela Grind, ce n’est pas très courant de voir deux filles dans un groupe de grindcore à vrai dire. Quels sont les atouts de cette configuration et que pensez-vous pouvoir apporter à cette musique et au public, notamment lors de vos concerts ?
C’est assez courant dans les communautés modernes, en fait, surtout ici. L’inclusivité élimine la mentalité de gardien qui pose des barrières, et du coup cela crée un espace pour les personnes marginalisées. Notre existence même pour Escuela Grind est une déclaration politique en soi.

Comment travaillez-vous ensemble pour le processus d’écriture et de composition ? Plus dans une veine old school : c’est-à-dire en jammant dans une salle de répétition tous ensemble ; ou plus de manière moderne, avec les nouvelles technologies : tout le monde travaille, enregistre et écrit chez soi, puis vous échangez et partagez les fichiers par internet, les morceaux MP3, etc. de votre propre travail, et enfin après Kurt Ballou (Converge) a mixé toutes vos parties en studio à Boston ?
Nous avons plusieurs méthodes : certaines parties ont été écrites sur des pistes Improv Drum, et certaines ont simplement été écrites à la maison et enregistrées pour que les autres puissent les entendre. Notre premier album (LP) reprenait un peu tout ça et s’appelait Indoctrination. Sur le nouveau, Memory Theater, il est issu d’un processus de démonstration assez rigoureux. Nous avons créé une première ébauche de toutes les chansons, puis nous les avons corrigées de la même manière que des élèves liraient les premières ébauches d’un essai. Nous apportons des modifications ensemble, puis on en a fait une démo. Jusqu’à la date limite, nous avons fait ce même processus à quelques reprises/réenregistrements. Ensuite, nous avons tout suivi avec Kurt. Il a rendu le processus incroyable pour arriver à ce résultat.


Au sein du groupe, quelles sont vos principales influences musicales, selon toi ? Êtes-vous plutôt fans de Brutal Truth, Napalm Death, Carcass, ou de nouvelles générations de groupes de grindcore comme Nasum ou Benümb par exemple ?
Bien sûr, nous apprécions la longévité de groupes comme Napalm Death, Cannibal Corpse, Carcass, mais aussi Hatebreed par exemple, mais nous apprécions également des groupes encore plus récents qui ne sont pas spécialement ou entièrement dédiés au death metal ou du grindcore, comme Knocked Loose, Turntile, Code Orange et Iron Age. En fait, nous, ce que l’on veut, c’est surtout faire bouger la foule !

À propos de votre second album Memory Theater, son titre est-il par hasard en relation avec le célèbre album de Dream Theater Metropolis Part 2: Scenes From a Memory ? Y a-t-il un jeu de mots ou un clin d’œil ici ?
Ouf, je n’ai jamais écouté cet album, mais je vais y jeter un œil. Le « théâtre de la mémoire » est une référence philosophique ou une métaphore de la compartimentation de la pensée.

Dites m’en plus maintenant s’il-te-plait sur ce single intitulé « Forced Collective Introspection ». Quel est le concept de cette chanson assez dystopique, presque d’anticipation, que l’on peut voir sur votre vidéo sur YouTube ? De l’oppression ou du totalitarisme, de la censure, peut-être ?
Le producteur du film, Michael Jari Davidson (Alice in Chains, Wake) nous a envoyé dans le monde du film THX 1138. Dedans, nous essayons tous d’échapper à la société totalitaire. Nous voulons que les gens aient l’impression que lorsqu’ils nous écoutent ou nous regardent, c’est une évasion de la réalité.

Pourriez-vous écrire une chanson sur la guerre en Ukraine à cause de l’invasion russe ou vous êtes trop loin à New York en Amérique de ce conflit européen, et ne vous sentez pas directement concernés ?
Nous nous sentons concernés, attention, mais on essaie plutôt de s’éloigner de trop de contenu politique, en fait. Nous voulons que les gens se sentent bien à nos concerts, pas qu’ils se sentent mal avec les problèmes du quotidien qui nous touchent, certes, de près ou de loin.

En guise de conclusion, quelle serait ta propre définition de la musique grindcore en 2022 ?
Un genre où tu joues tout ce que tu veux, tant qu’il est accompagné de blast beats. Il faut le garder amusant, fun, et intéressant et ne pas être prisonnier ou gardien d’un genre avec trop de règles, ou un putain de poseur. Gardez l’esprit ouvert et laissons les gens être eux-mêmes avant toute chose !


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