ESCUELA GRIND : Memory Theater

Memory Theater - ESCUELA GRIND
ESCUELA GRIND
Memory Theater
Grindcore
MNRK Heavy Records

Si la rentrée scolaire puis à présent sociale sent la grogne de toute part dans notre pays, la rentrée musicale s’avère, elle, des plus excitantes. En matière de grindcore précisément, le trio new-yorkais à la ville, mais quatuor à la scène (ils sont bel et bien quatre en concert) n’a peur de rien avec son nom presque présomptueux. Escuela Grind a décidé de nous donner une bonne leçon de grind éclair avec son second LP, Memory Theater. Celui-ci mêle à la fois sonorités brutes old school et attitude new school (ils n’ont pas déjà participé à la Knotfest pour rien aux USA) afin de briser nos nuques et atomiser nos cages à miel. Sur le dégoulinant et bruitiste premier missile « Endowed With Windows », nos deux gaillards et deux donzelles envoient la sauce pour un choc frontal qui laissera des séquelles aux néophytes, à n’en pas douter, en live. Puis, c’est un deuxième uppercut en pleine tronche avec « My Heart, My hands » où Katerina Economou s’époumone à cœur joie. La température monte encore d’un cran sur « Cliffhanger » (un message caché peut-être au film avec Sly ?). L’ascension est brutale, la violence est totale. A la batterie, Jesse Fuentes se déchaîne sur sa caisse claire et ses cymbales, alors que Kris Morash (guitare) et Tom Sifuentes (basse) enchaînent les riffs bien gras entre deux breaks bien lourds et mosh parts de rigueur.

Sur un morceau sauvage et dystopique comme « Forced Collective Introspection », Escuela Grind parvient à incorporer des commentaires sociaux. Le groupe évoque cette violence militarisée omniprésente dans nos sociétés soit disant modernes, et ce, d’une manière convaincante : « Nous avons de nouveau fait équipe avec le réalisateur Michael Jari Davidson pour créer la vidéo de « Forced Collective Introspection », explique la chanteuse. « La vidéo fait référence au film anti-autoritaire de 1971, THX 1138 », déclare-t’elle, et l’on peut voir le groupe est détenu dans un espace paradoxalement vide entouré de gardes masqués, prêts à intervenir. Harcelé dans les cellules de la prison, puis les membres d’Escuela Grind s’évadent. Katerina ajoute : « Le thème de la vidéo traverse toute notre musique : nous devons résister et tenter d’échapper à leur contrôle pour retrouver notre humanité ». Bref, y’a du sport ici, vous l’aurez compris, mais aussi un brin de cervelle derrière toute cette violence furtive et pas du tout gratuite d’une vingtaine de minutes seulement.

Plus habitué, il est vrai, à du gros stoner ou du sludge, le label MNRK Heavy Rec. publie donc ce second essai produit par l’incontournable Kurt Ballou (Converge…). Celui-ci sonne plutôt réussi au final, pas super original dans le genre (on préfèrera alors la démarche d’un Nostromo dont le nouvel opus débarque fin octobre), mais l’attitude et la puissance scénique forcent le respect. Les textes assez philosophiques et politiques, construisant une sorte de structure au milieu du chaos musical, s’avèrent assez expérimentaux et intéressants, si l’on s’y penche d’un peu plus près, et font de Memory Theater une galette efficace qui prendra toute son sens et son ampleur sur scène. En attendant, on s’interroge dans ce titre Memory Theater s’il n’y a pas un jeu de mots ici avec le célèbre album Metropolis Part. 1 : Scenes From A Memory  des maîtres new-yorkais du metal progressif Dream Theater ? La réponse très bientôt dans notre interview d’Escuela Grind, ou la nouvelle école américaine du grind… [Seigneur Fred]

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