FLAT BLACK : Libre et créatif

De loin, Flat Black semble être une toute jeune formation née en 2023 avec son premier album Dark Side of the Brain. Pourtant, à y regarder d’un peu plus près, c’est surtout et avant tout le nouveau gang de Jason Hook… Mais oui, vous savez qui, l’ancien guitariste de Five Finger Death Punch (5FDP pour les intimes), parti vers d’autres horizons depuis 2020… [Entretien avec Jason Hook (guitare) par Pascal Beaumont – Photos : DR]

Tu as donné avec Flat Black quelques concerts l’été dernier au coté de Godsmack et aussi en tête d’affiches les 27 et 31 juillet 2024. Comment se sont déroulés ces shows ?
Les concerts sont toujours géniaux. Le meilleur moment lorsque tu fais partie d’un groupe, tu sais, c’est lorsque tu joues devant les gens. Et heureusement pour nous, nous avons pu sauter vite le pas, progresser, et jouer déjà devant beaucoup de monde.

Justement, tu as joué de nombreuses années avec Five Finger Death Punch. Alors comment as-tu vécu le fait de rejouer avec une toute nouvelle formation dont tu es le leader à présent ?
Je suis plutôt heureux quand je joue de la guitare. Et il y a un supplément de satisfaction qui vient de jouer avec Flat Black. Parce que toutes les cartes étaient en quelque sorte empilées contre nous. C’est très difficile de recommencer à zéro. Il est très difficile de lancer un nouveau groupe dans le climat actuel. Alors je suis tout sourire de voir que ça se passe bien. La seule différence avec Five Finger, c’est qu’il y avait plus de lasers, de fumée, de feu et tout le matériel de production qui va avec. Ça me manque, mais ça viendra. Ça prend du temps, mais chaque chose en son temps…

Apprécies-tu le fait d’être toujours sur la route, est facile à vivre ?
Après toutes ces années, j’ai appris à m’adapter. Il n’est pas toujours facile d’être à l’heure et de ranger ses affaires tous les jours. Et aussi prendre tout ce dont tu as besoin pour voyager, faire la valise, penser à tout. Et de se retrouver dans des hôtels étranges tous les jours. Tous ces trucs. Mais cela revient à « faire attention à ce que tu souhaites ». Ça fait partie du marché. Et je préfère de loin profiter de la vie en tournée plutôt que de simplement empiler des palettes à Home Dépôt…

Après avoir quitté Five Finger Death Punch en 2020, tu as donc choisi de créer ton propre groupe. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ce choix ?
Il s’agissait vraiment d’avoir un exutoire créatif. Je pense que c’est probablement la même réponse pour chaque artiste. Désolé. Mais c’est amusant d’inventer des trucs et de les partager. C’est un peu simple. Et en tant qu’être humain, je pense que nous cherchons tous un sentiment qui nous anime. Et nous gravitons vers les choses qui nous font du bien. Et la musique m’a toujours fait me sentir bien. C’était donc une étape évidente pour moi de vouloir le faire ou de continuer à le faire avec une formation. C’est juste parce que j’ai été dans une centaine de groupes dans ma vie. Et parfois tu n’es plus dans un combo et en changes, et tu rejoins un autre, etc. C’est souvent comme ça. C’est la même chose à chaque fois. Mais Flat Black est plus proche de mon cœur ici parce qu’il y a une certaine dose de liberté que j’ai avec car je fais mon propre truc Je pense que n’importe quel artiste te le dira. C’est vraiment amusant d’être libre. Créatif et libre !

J’imagine que trouvé les bons musiciens pour t’accompagner n’a pas dû être simple. Comment as-tu rencontré Wes Horton (chant), Rob Pierce (batterie) et Nicholas Diltz (basse) ?
Tous les gars du groupe n’étaient pas connus. Je suis parti à la recherche d’inconnus parce que je me suis dit que je voulais revivre l’expérience à nouveau, dans la mesure où, je voulais sortir un disque et partir en tournée et tout ça. Et ces gars, c’est si frais pour eux, que leur niveau d’excitation est contagieux. Je pense que c’est ce qui compte le plus pour moi à ce stade. Si tu prends à tes côtés des musiciens d’autres combos à succès et que tu essayes de faire une sorte de super groupe, je pense que le danger est qu’ils puissent retourner à leurs big bands à un moment ou un autre ou faire autre chose, ou peut-être qu’ayant atteint un certain niveau de succès, ils ne toléreront pas les premières étapes de la création d’un nouveau groupe parce que c’est beaucoup de travail et très peu de récompense au début. La motivation est différente. Et donc je voulais des types jeunes et inconnus qui étaient juste super excités d’être impliqués et qui n’avaient pas d’attentes grandioses.

Et avais-tu en idée en tête à propos des qualités que tu recherchais chez ces musiciens pour intégrer Flat Black ?
Eh bien, oui. Avant tout, je cherchais de bons musiciens. Il n’y a rien de mieux que d’interagir avec des musiciens exceptionnels. Et c’est là que les choses sont amusantes. Et ce n’était pas la chose la plus facile de trouver tous ces gars. Mais j’avais le temps et je n’essayais pas de me précipiter. Et j’ai choisi tout le monde à cause de ce que je ressentais chez eux en tant que musicien et en tant que personne. Être dans un groupe est un engagement à long terme. Et il faut vraiment faire les choses correctement pour que cela se passe bien dans la durée.

On sait que le premier opus est toujours très important pour une formation. Il détermine le style, l’identité musicale. Comment as-tu abordé la composition de ces nouveaux morceaux ?
Au début de Flat Black, ce n’était pas Flat Black. Il n’y avait pas de Flat Black en fait. C’était juste une sorte d’ébauche musicale dans mon home studio, ce qui est un peu la même chose depuis toujours, j’ai toujours fait ça lorsque j’essayais de démarrer pour créer un disque. Mais dans ce cas, il fallait monter un groupe et écrire un album. Mais tout se résume à la musique. Les gens sont excités quand ils entendent de la musique. Alors je fractionnais la musique. J’ai eu la chance d’avoir autour de moi des gens qui m’ont aidé. J’aime vraiment le processus collaboratif. Et j’ai travaillé avec Chris Collier, qui est principalement le producteur de Korn, qui vient d’emménager en ville et je le connais depuis un moment. Il est vraiment talentueux. Alors on a donc commencé à scinder des morceaux, à les transmettre à d’autres amis qui nous aidaient sur certaines parties vocales. Et j’ai fini avec un petit lot de démos. Et puis Corey Taylor s’est impliqué et il a travaillé sur quelques chansons. Et à ce moment-là, j’avais assez de matériel. Je me suis dit qu’il était temps de commencer à chercher des membres pour former un combo. Et une fois que tout le monde était là et formait une unité, alors nous avons commencé à composer plus de matériel à partir de là et à peaufiner les choses qui étaient en attente. Mais je pense que l’écriture est très importante pour moi. Je l’ai pratiqué une grande partie de ma vie. Et il y a juste certaines choses que je recherche quand j’essaie de faire de la musique. Je veux que ça m’excite et que les morceaux soient immédiatement sympathiques. Tu sais, j’ai appris beaucoup de choses au fil des ans. Et c’est de ma responsabilité de l’appliquer notamment sur cet album, avec la contribution de beaucoup de mes amis et de ces musiciens géniaux qui sont désormais dans Flat Black.

Chris Collier (Korn) est une référence. Comment as-tu travaillé avec lui ?
Je pense que Chris est une sorte de…magicien ! J’imagine que nous allons voir son nom éclater au niveau mondial très prochainement. C’est un peu mon secret le mieux gardé ! (rires) Et il travaille de plus en plus sur de grands projets. Et j’espère que Flat Black lui permettra de mettre son nom au premier plan. Mais il est drôle parce que son surnom est le Wiz, qui est l’abréviation de Wizard juste parce qu’il est extrêmement polyvalent, il joue un peu de tout. Il est aussi super, super compétent sur Pro Tools, qui est la plate-forme sur laquelle je travaille aussi. Donc nous deux, c’était l’équipe parfaite. Et je m’attends à ce que nous nous retravaillons ensemble à l’avenir pour Flat Black.

Tu as aussi produit cet album. Alors comment as-tu vécu cette expérience, avait-tu un son particulier en tête ?
Je n’ai pas vraiment décidé de produire ou de coproduire le disque. Je pense que c’est arrivé par défaut. Parce que j’étais en quelque sorte en train de fouiner pour voir s’il y avait quelqu’un qui était intéressé par le job et je ne trouvais personne. C’est difficile lorsque tu n’as pas de morceaux, pas d’auditeurs, et aucune preuve qu’il y a une quelconque entreprise en place. C’est juste compliqué de convaincre les gens de s’engager. Je parle des producteurs qui sont très occupés, qui sont réservés par d’autres, et qui sont les plus populaires du moment. Et je me suis dit ok, ça va, je vais le faire avec les gens qui sont autour de moi, ce qui a fini par être une bénédiction, vraiment. Parce que j’entends la musique d’une seule façon et en suivant ce scénario, je dois avoir le dernier mot. Si je ne pouvais pas réaliser quelque chose techniquement, eh bien, alors il y avait des gens autour de moi impliqués dans le projet à qui je pourrais dire, j’entends quelque chose comme ceci ou je veux essayer quelque chose comme ça et ils m’aideraient. C’était vraiment effrayant, mais je n’avais pas le choix. Et je pense que ça a plutôt bien marché. Ça a été vraisemblablement plus lent, bien sûr, que cela aurait dû l’être parce que c’est un peu comme apprendre au fur et à mesure. Mais j’ai un instinct et une opinion et c’est probablement la partie la plus importante savoir ou aller au lieu de se demander comment le tom va sonner.

Avec un titre comme Dark Side of The Brain, on a tendance à penser que c’est un disque assez pessimiste mais il y a sûrement aussi un coté optimiste sur ton album, j’imagine ?
C’est un mélange des deux, pour être honnête. En tant qu’êtres humains, je ne pense pas que nous ne soyons jamais coincés dans une seule émotion ou un engrenage. Je pense que nous n’avons pas que des hauts et des bas. Et il y a certainement beaucoup de paroles basées sur la colère et des choses comme ça, mais il y a aussi des choses qui ont à voir avec la douleur mais aussi avec l’espoir. Et c’est ce que j’aime vraiment dans cet album, il est diversifié. Et ça vient d’un ressenti honnête. J’ai de bonnes et de mauvaises journées, comme tout le monde, et je pense que ces morceaux en témoignent. D’ailleurs, je suis curieux de voir comment tout le monde va réagir à ces deux aspects de l’album et des différents titres.

« Nothing to Some » est un des nombreux singles déjà sortis, on y retrouve en invité Corey Taylor (Slipknot et Stone Sour). Qu’est qui t’a attiré chez lui ?
Quand on a commencé à travailler ensemble, je lui ai envoyé tout ce que j’avais. Et à ce moment-là, j’avais cinq titres terminés sans voix. Il a eu la gentillesse de m’aider à les finir. Et ce sont des morceaux tous cool. Ils ont de la magie en eux, selon moi. Mais je ne voulais pas devenir vorace pour ne pas accabler Corey. Mais je souhaitais vraiment qu’il soit sur l’album. J’ai donc choisi le morceau que je pensais être la meilleure possibilité pour l’album.

Comme je le disais, il y a de nombreux singles en ligne et qui ont fait l’objet de vidéo comme « Sideways », « Justice will be done » , et « Halo ». Que représentent ces titres à tes yeux ?
ment. Je fais partie d’une organisation. J’ai un management et une maison de disques et nous… C’est une sorte de conjecture, nous n’avions pas de morceaux antérieurs ou de feedback sur le combo, nous étions assis là à nous demander qu’est qui pourrait être une bonne introduction à ce que nous sommes en tant que groupe. Je voulais présenter Flat Black comme ayant du cran et je voulais quelque chose d’excitant, d’agressif et de défini, donc nous avons pensé que c’était une excellente façon de présenter le groupe avec « Lack Of Respect ». Le deuxième single était « Halo », et le troisième, « Justice », puis le quatrième était « Sideways ». Et maintenant nous sommes au cinquième single qui est une chanson appelée « A Bit of Lightning ». C’est donc dans cet ordre que le disque a été présenté. Et jusqu’à présent, ça a bien marché, tu sais, j’aime la musique heavy et je voulais que tout le monde sache qu’on arrive avec quelque chose qui a des couilles. (rires)

Qu’est ce qui a motivé ton choix de signer avec Fearless Records ?
Parce que cela venait des tripes ! Il a fallu rencontrer toute une équipe de gens d’un label. Au départ, ce sont tous des étrangers, donc tu dois les convaincre et se projeter, tu sais, c’est un peu comme une boule de cristal. Je me disais que ça pourrait réussir. J’ai l’impression que je serai à l’aise avec eux à long terme. J’ai eu quelques réunions et il y avait d’autres labels intéressés, mais j’ai eu l’impression que Fearless avait vraiment compris ce que je voulais. Et j’ai senti que je serais à l’aise là-bas et je les ai vraiment aimés et j’adore leurs idées et j’ai apprécié la méthodologie moderne et la pensée prospective qu’ils proposaient. J’ai rencontré pas moins de cinquante personnes quand nous avons signé et elles connaissaient toutes les chansons, elles avaient toutes des idées et je me suis dit, wow, j’ai été tellement impressionné. J’ai fait un bon choix et ça s’est avéré bon par la suite. Ils travaillent bien et nous pouvons déjà constater les résultats aujourd’hui.

Quelles ont été les conséquences de ton opération de la vésicule biliaire en décembre 2019, que ce soit au niveau de ton ancien groupe 5FDP ou sur ta vie personnelle ?
Ça a été un événement effrayant pour moi. Tu sais, notre corps réagit en quelque sorte au stress. Je ressentais beaucoup de stress et j’ai réalisé que, tu sais être en tournée, avoir une urgence médicale majeure et puis à quoi cela ressemblait, J’ai commencé à réaliser que, il devait y avoir un meilleur environnement pour moi quand quelque chose comme ça arrive ou je serai protégé et j’aurai l’impression d’être entouré de gens qui se soucient de moi. C’est terrifiant, mais les opérations de vésicules biliaires sont assez routinières, mais c’était un arrêt brutal et il n’y avait pas de fin en vue, je ne savais pas ce qui allait arriver. Et peu de temps après, la pandémie a frappé, donc ça a plutôt bien fonctionné parce que j’ai eu l’occasion de faire une pause et de reprendre mon souffle.

Tu as quitté Five Finger Death Punch en 2020 après avoir enregistré avec eux sept albums, ce qui n’est pas rien tout de même. Y en a-t-il un qui te rend particulièrement fier ?
Évidemment, tout le catalogue de la 5FDP représente une grosse partie de ma vie, j’ai travaillé très dur sur ces disques, donc bien sûr je suis fier de tout ça. Il y a un album solo que j’ai réalisé en 2007, Safety Dunks, et qu’on peut trouver sur internet. J’y ai consacré beaucoup de temps. C’est décalé, c’est bizarre, c’est juste un opus instrumental mais c’est personnel et donc c’est proche de mon cœur et la plupart des autres disques sur lesquels j’ai travaillé en dehors de ça sont différents. Mais si je devais en choisir un, ce serait le nouvel album de Flat Black parce que c’est un format différent au niveau du travail individuel, simplement être créatif et ne pas avoir à se contenter de quoi que ce soit, être capable de faire exactement ce que j’entends dans ma tête. C’est donc un truc énorme pour moi qui me tient à cœur et j’espère que je réussirai à l’amener au premier rang.

Enfin, quels souvenirs gardes-tu de tes nombreux passages en France avec FFDP ?
J’aime la France. Nous avons donné plusieurs concerts là-bas et j’adore la culture. Paris est tellement agréable. Je me souviens d’avoir pris un des meilleurs cafés au monde, de la baguette et des croissants, mais j’ai un faible pour l’Europe en général, alors je ne saurais trop insister sur le fait que nous sommes impatients d’aller donner des concerts sur votre continent et particulièrement en France.

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