IHSAHN : Pharos

IHSAHN
Pharos (EP)
Pop/Rock prog’
Candlelight Rec./Spinefarm Rec.
★★★☆☆

Second EP pour notre fidèle ami multi-instrumentiste Ihsahn en cette année 2020 quelque peu inédite, après Telemark paru en février dernier sous ce même format, mais qui rendait alors hommage à son fief natal en Norvège et à l’appel des montagnes enneigées (le « telemark » étant une forme de ski nordique née dans cette région justement). Si musicalement nous étions encore dans un registre (Black) Metal prog’ ou que nous qualifierons désormais plutôt globalement de Métal extrême progressif, le frontman d’Emperor s’étant éloigné depuis quelques années déjà de ses racines noires d’antan au grand damne des fans de Black symphonique raffiné des années 90 mais au plus grand bonheur des fans les plus curieux et ouverts au Jazz et au prog’, sur ce nouvel enregistrement composé de cinq titres dont deux reprises (Portishead et A-Ah), il s’agit là d’une pause fraîcheur estivale teintée de Pop/Rock aux ambiances légères et sucrées. Nous sommes donc loin des screams typiques du Black et des riffs speed et venimeux de l’époque où brûlaient les églises scandinaves (ah non, ça c’était son camarade Samoth) et durant laquelle on assassinait les confrères mais néanmoins concurrents (cf. Lords of Chaos), ou bien encore des envolées de claviers wagneriennes d’Emperor (toujours actif en live au demeurant). Vegard Sverre Tveitan se fait ici avant tout plaisir ici en toute simplicité et liberté artistique sans se soucier des critiques. Après avoir rendu hommage sur Telemark à ses pairs du Heavy Metal (souvenez-vous de la reprise du « Wrathchild » d’Iron Maiden) ainsi qu’au dieu du Rock’n Roll à minettes, Lenny Kravitz, avec « Rock And Roll Is Dead » pour le côté Pop/Rock qui ont bercé son adolescence rapidement attirée ensuite par le côté obscur du Black à l’époque de la fin des années 80/tout début des années 90, Ihsahn propose trois nouveaux titres inédits de son répertoire évoluant dans une musique Pop classieuse et tranquille à l’image du premier titre « Losing Altitude » qui fera peut-être tomber de haut certains mais démontre toujours autant le talent de compositeur et interprète d’Ihsahn ainsi que sa volonté de prise de risque artistique dans son attitude. « Spectre At The Feast », plus orchestral, s’écoute là encore tout doucement même s’il est un peu plus appuyé au niveau des guitares. Enfin, la chanson-titre nous guide dans une ambiance douce comme du coton mais quelque peu mystérieuse dans cet océan où tout va à 100 à l’heure de nos jours, nous proposant une sorte de lumière quand tout va mal au milieu de la nuit, à l’image de la pochette. Cet s’avère donc à l’écoute agréable et relativement surprenant, surtout avec ses deux morceaux finaux en cadeaux, à savoir la reprise du titre « Roads » des British Portishead, jadis roi du Trip-Hop, et celle de « Manhattan Skyline » (featuring Einar Solberg des excellents Leprous dont les musiciens accompagnent sur scène régulièrement Ihsahn) faisant un petit clin d’œil au passage à leurs compatriotes et stars des années 80 récemment reformés en 2015 et auteur d’une petite tournée acoustique européenne il y a deux, j’ai nommé A-Ah. Dans son élan artistique post-Emperor, Ihsahn continue ainsi d’expérimenter sans se cantonner au Métal, nous permettant de patienter jusqu’au septième album studio et successeur d’Àmr, qui, on l’espère, possédera davantage de sonorités Métal pour nous retenir car les vieux fans du guitariste/chanteur ne vont probablement pas tous suivre le guide dans la nuit même s’il risque fort d’en conquérir de nouveaux au passage soit-dit en passant, avec cette parenthèse de la part une nouvelle fois du prodige norvégien. [Seigneur Fred]

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