Trio devenu quatuor avec l’intégration de Kathryn Kerr(saxophone, synthétiseur, piano, percussions et chœurs), déjà invitée sur le précèdent opus Loved, Ken Mode revient sur le devant de la scène en nous proposant huit morceaux tout frais tout chaud, qui ne sont en fait que la première partie d’un diptyque. C’est une nouvelle fois Andrew Schneider (Unsane, Cave In, Old Man Gloom) qui a enregistré et mixé l’album au Canada, avec encore Randy Ortiz à la conception de l’artwork. Portant la lutte contre la dépression comme principal thème en toile de fond, Jesse Matthewson continue ici de distiller son chant torturé. Null débute ainsi par le colérique « A Love Letter », sur lequel le saxo occupe une place prépondérante. Alors que le groupe reste fidèle à son classique noise rock teinté de hardcore à la Today Is The Day etConverge (« Throw Your Phone », « But They Respect My Tactics » et « Not My Fault »…), les frangins Matthewson ont voulu innover en incorporant des sonorités bruitistes et industrielles des années 80 & 90 à la Swans ou Nine Inch Nails (le dérangeant mais linéaire « The Tie »). L’utilisation du piano sur le tortueux « Lost Grip » (d’une durée avoisinant les 10 minutes !), celle du saxo (encore) sur « The Desperate Search for an Enemy » et l’intervention au violoncelle de Natanielle Felicitas sur « Unresponsive » (déjà présente sur l’album Succes paru en 2015), démontrent la volonté de Ken Mode de poursuivre sa quête d’originalité musicale tout en apportant une touche organique à leurs compositions froides et indus. L’apport de ces instruments constitue véritablement un plus sur ce huitième album, les Canadiens n’hésitant pas à franchir le pas vers une musique plus indus et déstructurée, mais entre innovations et respect de son identité noise hardcore. Ken Mode attise ainsi notre curiosité et on se demande déjà quel sera le contenu du second volet qui viendra compléter ce Null. [Norman Garcia]
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