Un nouvel album de Living Colour se mérite. Il faut être patient, discipliné, mais l’attente est toujours récompensée par une petite pépite. Après le génialissime The Chair in the Doorway, les quatre de New York reviennent à leurs racines avec un album résolument plus blues. Mais rien ne peut empêcher Vernon Reid et ses compères d’apposer leur patte inimitable sur tout ce qu’ils touchent. Tant dans les compositions originales que dans les reprises, ce disque fleure bon la réussite. Histoire d’un disque pas tout à fait comme les autres…
[Entretien avec Corey Glover (chant) par Julien Meurot – julien@metalobs.com]
Huit longues années séparent Shade de son prédécesseur…
Cela peut sembler long – et cela l’est – mais au final nous n’avons pas vu le temps passer. Nous avons eu pas mal de soucis de management et avec notre label. Ce genre de chose te plombe vite le moral et tu n’es pas très concentré sur la musique dans ces moments-là.
Je dirais que nous nous sommes vraiment mis à la tâche il y a cinq ans et que nous avons avancé à notre rythme. Nous cherchons toujours à donner le meilleur de nous alors nous sommes très perfectionnistes.
Est-ce le fait de reprendre « Preachin’ Blues » pour les 100 ans de la naissance de Robert Johnson qui a donné le ton du disque ?
Cette reprise y est pour beaucoup, effectivement. À ce moment-là, nous sommes tombés d’accord sur la direction à prendre pour le prochain disque.
https://www.youtube.com/watch?v=94AfKIl1o5Q
Ce disque réussit même à faire cohabiter Robert Johnson et Notorious B.I.G.. Pourquoi ce choix de reprise ?
Je suis un très, très grand fan de Biggie. Je trouve que ses paroles sont incroyables. Le texte de cette chanson me parle énormément. Aujourd’hui, on pense pouvoir régler tous les problèmes avec les armes qu’elles soient un simple pistolet ou bien un missile nucléaire. Le problème de base vient du fait de posséder une arme, car tu es toujours tenté de t’en servir si les choses vont mal. C’est en substance ce que raconte ce texte, et je n’aurai pas pu mieux l’exprimer (ndr : rappelons que Christopher Wallace a été tué par balles en 1997 à l’âge de 24 ans)
On retrouve sur ce disque la participation du mythique George Clinton.
Et quel grand honneur cela a été ! Il a porté le titre au-delà de toutes nos espérances. Nous nous connaissons depuis longtemps, mais nous n’avions jamais bossé ensemble. C’est vraiment génial de voir un tel génie à l’œuvre.
Est-ce que le fait d’orienter ce disque vers vos racines Blues a modifié votre façon de composer ?
Non, car le procédé a été et sera toujours le même. Il est très collaboratif et peu importe ce que nous composons, que ce soit du Jazz ou du Metal, la façon de faire est identique. Une fois la direction définie par « Preachin’ Blues » nous nous sommes concentré sur comment le blues sonnerait à la manière de Living Colour et le tour était joué.
Le titre de l’album a été dévoilé en 2014, n’avez-vous pas été tentés de le changer ?
Non-car le procédé a été et sera toujours le même. Comme je viens de te dire la direction était très claire pour nous, et même si la réalisation a été longue, nous savions ou nous voulions aller. Du coup, le titre est resté le même. On peut vraiment l’interpréter à sa sauce : il n’y a pas de lumière sans ombre et inversement. Toi même, tu projettes une ombre. J’espère que ce disque apporte un peu de lumière dans l’ombre générale de notre monde actuel.
L’artwork n’est pourtant pas si sombre que cela et laisse libre court à l’imagination.
La pochette est assez colorée, mais je la trouve pourtant assez sombre. Il y bien entendu ce visage, mais il y a aussi beaucoup de détails qui peuvent être interprétés de manières différentes. J’aimerais vraiment que la personne qui va acheter notre disque passe du temps a la disséquer.
Pour finir, à quand votre retour en France pour défendre cet excellent opus ?
L’année prochaine, probablement. Tout est encore en discussion, mais nous reviendrons, c’est promis.
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