MEGADETH : THE SICK, THE DYING… AND THE DEAD !

The Sick, The Dying… And The Dead ! - Megadeth
Megadeth
The Sick, The Dying… And The Dead !
Heavy/Thrash metal
Tradecraft Records/Universal Music Group

Si l’on ne donnait pas cher à la peau de Megadeth il y a encore quelques temps pour délivrer un successeur au très bon Dystopia paru en 2016, entre une pandémie et un cancer de la gorge pour Dave Mustaine, n’oublions pas que son leader a la dent dure. Souvenez-nous, en 2002, le célèbre guitariste/chanteur rouquin avait déjà eu de graves problèmes de santé à son bras gauche, l’handicapant pour jouer de la guitare (une neuropathie radiale du bras gauche sera détectée et il dût rééduquer son bras), et le contraignant par la même occasion à stopper le groupe. Et dire que ça, c’était déjà il y a vingt ans, et qu’entre-temps, Megadeth a publié de sacrés bons albums. Nouvellement endorsé par Gibson, l’ex-Metallica et ses hommes de main (malgré un line-up encore remanié suite à l’éviction du bassiste Dave Ellefson pour les raisons que l’on connaît…) ne sont de toute façon pas du genre à lâcher l’affaire. Un peu à l’image d’un Chuck Billy convalescent après son cancer de la gorge, membre bien connu du Big Four américain, le leader de Megadeth renait encore de ses cendres avec un seizième album canon dans la lignée de Dystopia, en moins varié peut-être mais tout aussi sombre et percutant.

C’est bien connu : ce qui ne tue pas, rend plus fort… L’artwork de The Sick, The Dying… And The Dead! aurait pu très bien servir pour un énième épisode du jeu vidéo Assassin’s Creed, mais non, là on a bien à faire au seizième album studio de Megadeth, avec un titre familier en clin d’œil aux premiers opus. S’ouvrant sur un cri en fond « Bring out your dead » alors qu’une cloche sonne le glas en référence à la Grande Peste Noire que connut l’Europe entre 1347 et 1349 selon les pays, mais surtout rappelant presque musicalement « Hells Bells » d’AC/DC, en plus heavy tout de même, on retrouve d’emblée le riffing nerveux typique du quatuor californien, avec ce mid-tempo fédérateur assuré par notre vieil ami belgo-américain Dirk Verbeuren, recruté en 2016 après et sous la recommandation de l’intérimaire de luxe Chris Adler (ex-Lamb of God). A la basse, c’est le Suédois Steve DiGiorgio qui a ici enregistré les parties de l’album en studio après le départ forcé d’Ellefson, mais désormais c’est James Lamenzo, qui occupe le poste qu’il connaît bien. Côté chant, Dave Mustaine revient de loin, et franchement, sa voix semble même plus grave et moins nasillarde que par le passé. Dave Mustaine roule même les « r » sur cette chanson-titre d’ouverture qui remplit parfaitement son rôle : rallumer la fougue thrash des fans qui se sont assoupis durant la pandémie. 

Puis « Life in Hell », avec son riff bien heavy et véloce rappelle que l’excellent guitariste brésilien Kiko Loureiro (ex-Angra) accompagne notre sexagénaire rouquin depuis Dystopia, et c’est peut-être le meilleur guitariste, même s’il est un peu bridé ici dans sa créativité et liberté artistique, sous la houlette de Mustaine. Le single « Night Stalkers » en clin d’œil à une section militaire aéroportée américaine donne froid au dos avec son intro inquiétante et futuriste, rapidement prise d’assaut par un riff de guitare qui cisaille. Clairement, Megadeth, ne faiblit pas, presque comme à la grande époque d’un Rust in Peace ou Countdown to Exctinction. Dirk Verbeuren cogne derrière ses fûts, alors qu’une apparition vocale survient avec le phrasé typique d’Ice-T (Bodycount), probablement libre pour un featuring entre deux annulations de tournage de New York, unité spéciale durant la crise sanitaire aux USA. Le solo de guitare est bon et illumine un titre très efficace. Le plus mélancolique « Dogs Of Chernobyl » s’ouvrant sur des cris lointains d’enfants rappelle à quel point l’Homme est à l’origine de belle catastrophe dans le monde, notamment en Ukraine.

Le riff est particulièrement heavy avec des arrangements aux petits oignonts. Tout est là. « Sacrifice », « Junkie » s’enchaînent sans problème, avec peut-être moins d’ambiance, plus simples, rappelant des albums plus basiques comme The System Has Failed ou Th1rt3n. Après le solo final de guitare (probablement interprété par l’ex-Angra), un interlude, « Psychopathy », introduit des percussions sous fond de guitares en shredding et une narration habituelle de Monsieur M. (attention, à ne pas confondre avec notre guitariste/chanteur français et fils de Louis Chedid !) avant de déboucher sur le plus introspectif « Killing Time » qui nous ramène à la fin des années 90/début 2000, après la grosse prise de risque de notre Megadave. Un autre single, « Soldier on ! » bondissant et toujours sur un mid-tempo typique, fait mouche grâce à son heavy/thrash catchy dont son frontman a seul le secret. Décidément, le thème de la guerre réoccupe une grande place ici, sauf que musicalement, on est tout de même un, voire deux, cran(s) en dessous du classique « Holy Wars… ».

Bon, vous l’aurez compris, si vous êtes fan de Megadeth, The Sick, The Dying… And The Dead! s’avère tout bonnement indispensable à votre discothèque ; pour les néophytes : foncez, vous ne saurez point déçus, en attendant un prochain et hypothétique album de Metallica (beaucoup moins prolixe dans le genre), même si la fin de l’album s’annonce particulièrement old school (« Célebutante » et son hard rock très énergique), voire carrément orienté fin seventies, entre la reprise punk et fun des Dead Kennedys « Police Truck » à la sauce thrash (courant musical qui n’aurait pas pu naître sans le punk), et celle de Sammy Hagar de 1979 » This Planet’s On Fire (Burn In Hell) » où l’ex-chanteur de Van Halen est invité au micro.

D’autres surprises sont au rendez-vous sur ce disque et on vous laisse le plaisir de les découvrir. Alors n’attendez une prochaine pandémie ni une prochaine guerre mondiale : faites-vous plaisir avec cette bonne cuvée 2022 de Megadeth, la vie étant trop courte, comme avait déclaré Dave Mustaine après la mort de Jeff Hanneman (R.I.P.) de Slayer en 2013. Et puis, chapeau l’artiste ! A 62 ans, pondre un tel album encore, à l’avenir, il n’y aura plus de stars du genre avec une si longue carrière, tout étant si vite consommé et zappé de nos jours…[Seigneur Fred]

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