Il faut battre le fer tant qu’il est chaud, et ça, Mur l’a bien compris. Nos six Frenchies ont bien raison. Un an et demi à peine après sa première longue déflagration sonore Brutalism en 2019, suivie du single « Black Core » définissant leur genre musical et bien plus, Mur persiste et signe ce nouvel EP composé de cinq titres poussant ainsi l’expérience sonore encore un peu plus loin. Rappelons que dans les rangs de cette jeune formation parisienne, on retrouve, entre autres, un certain Thomas Zanghellini (ancien bassiste live de Mass Hysteria de 2016 à 2017), le guitariste Benjamin Leclere (Eyes Front North, Supernaute, ex-D-Morpheüs, ex-Northwinds), et le batteur Julien Granger (ex-????, ex-Glorior Belli, ex-Darkness Dynamite, et aussi ex-Today Is the Day), ce qui d’emblée met de la couleur dans cette fusion parfois chaotique brassant Post Black Metal, électro et Post Hardcore.
Mais Mur n’a que faire de ces étiquettes à vrai dire, et poursuit ici sa quête artistique à la recherche de la vérité, celle qui est intérieure si l’on s’attarde un tant soit peu sur le concept lyrique de Truth, et peut-être aussi sur sa vérité. Le premier morceau « Epiphany » reprend là où Brutalism s’était arrêté mais ne provient pas pour autant de la même session studio, mais est tiré des sessions du précédent single « Black Core » . Direct, rapide, cela débute par un Post Hardcore chaotique et noisy où très vite les claviers font leurs apparitions avec des effets qui en surprendront plus d’un.
Après un break salvateur, ces nappes de claviers déroutent alors que le chant rageur de Jay Moulin, entre screams Hardcore et Black, créent une certaine frénésie. Mur a clairement trouvé sa voie sur cette chanson révélatrice au nom savamment choisi. Le dérangeant « Suicide Summer » continue dans cette veine, chaotique au premier abord, mais on découvre clairement que Mur maîtrise parfaitement son sujet ici, avec ses riffs dissonants, ces rythmiques complexes (Julien aurait pu jouer dans The Dillinger Escape Plan sans problème avant leur split !), et une nouvelle fois ces boucles électroniques qui donneront des boutons aux allergiques de sons synthétiques.
Et malgré les dires du groupe en interview, les racines Black Metal s’éloignent sur cet EP Truth. Mur semble s’en affranchir pour désormais embrasser les sonorités de la Synthwave à bras ouverts (« Inner Hole » ou la longue chanson-titre) tout en conservant un feeling Rock organique sur « Inner Hole« , l’humain ayant encore un rôle à jouer dans cette musique futuriste chaotique… Et finalement, tout n’est pas orienté vers la modernité et l’électro/Post Metal version 2021 puisque Julien et sa bande se font plaisir à revisiter totalement un classique de la Pop New Wave british, « Such A Shame » des Anglais de Talk Talk, histoire de regarder un coup dans le rétro et se rappeler leurs années 80 et autres souvenirs de jeunesse.
Il en résulte une version vraiment détonante et personnelle de la part de Mur qui hérissera probablement les cheveux de certains nostalgiques. Si le but de ce mini-album est de renouer avec la grandeur de l’âme dans notre époque où tout va très vite, parfois trop, dans notre société contemporaine matérialiste, alors Truth en interpellera plus d’un avec son Blackcore (pour faire simple). Mur soulève un sujet intéressant à travers une musique surprenante et innovante, au risque de déplaire à la fois aux puristes de True Black Metal mais aussi aux fans de Synthwave plus poppy mais de toute façon, ici, le propos est bien ailleurs, ou plutôt la vérité est ailleurs… [Seigneur Fred]
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