Sans nouvelle depuis un moment de la part des Pitbulls qui se sont visiblement échappés de leur nurserie, c’est avec grand plaisir que nous avons découvert en début d’année le nouveau projet solo baptisé Nakhara de son désormais ex-guitariste Simon Thevenet dont l’idée de mélanger diverses instrumentations avec le Death Metal avait germé depuis quelques temps déjà dans l’esprit du musicien francilien. « Saïmon » (pour les intimes) nous a ainsi présenté Nakhara et son tout premier album The Procession qui sort en auto-production (disponible sur toutes les bonnes plateformes numériques dont YouTube et Bandcamp). Nous en avons profité au passage pour faire un point avec lui sur le statut officiel de Pitbulls in the Nursery. [Entretien avec Simon Thevenet (multi-instrumentiste, programmation) par Seigneur Fred – Photos : Flyou, François Lampin, et LD Photographies]
Question classique mais comment est né ce projet Nakhara ? Est-ce que cela a germé en toi du fait de l’inactivité discographique et peut-être tout simplement créatrice de ton principal groupe Pitbulls in the Nursery qui avait effectué une petite tournée en Espagne il y a quelques années si ma mémoire est bonne ?
Eh bien, disons que j’ai gardé de côté tous les riffs qui ne pouvaient pas aller dans PITN, soit parce qu’ils étaient hors-sujet ou soit parce que mes comparses n’étaient pas emballés. Du coup, j’ai commencé à faire des ziks de mon côté et petit à petit, poser du chant dessus. PITN se terminait à cette période et, souhaitant toujours faire du bourrin, j’ai peaufiné et arrangé ces sons de manière à sortir un projet présentable avec les moyens du bord. Mais, je n’aurai certainement pas sorti cet EP si PITN était encore en activité, ça me paraît clair.
D’où vient le nom au fait Nakhara ou plutôt en Sibérie en Russie ou plus précisément en République de Sakha ? Es-tu fan de l’émission Rendez-vous en Terre Inconnue peut-être par hasard ? (rires)
C’est une longue histoire qui remonte en 1846, assieds-toi, je vais tout t’expliquer depuis le début… A la base, je cherchais un nom original, or tout est pris, donc je me suis dit que j’allais privilégier les consonances plutôt que la sémantique pour le nom du projet. J’avais bien aimé le mot « NACARAT » qui est le nom d’une couleur rouge/orangée. Je l’ai donc ré orthographié en NAKARA. Mais, à la veille de charger le projet sur les plateformes de téléchargement, le logiciel m’a prévenu que Nakara était déjà pris par un autre groupe de Hardcore Brésilien. J’ai du coup décidé d’ajouter un « H » au milieu pour ne pas avoir la même orthographe car je ne trouvais ça ni correct, ni satisfaisant. Voilà pour la petite histoire. A cette heure, je constate en direct (après avoir googlelisé la nationalité du groupe Nakara…) qu’il y a un autre nouveau groupe de métal français qui s’appelle Naraka… Je conclurai donc cette réponse en me mettant un 3,5/20 pour avoir cru que mon choix de consonance de nom de groupe était original… (rires)
Alors maintenant question sans joker ni d’appels à un ami : Nakhara est-il un simple side-project pour toi en solo, telle une escapade pour mieux revenir bientôt avec un nouvel album des Pitbulls, ou bien Pitbulls in the Nursery est définitivement arrêté et le groupe a splitté ? Peux-tu faire un point officiel sur l’état actuel des deux groupes : Nakhara et Pitbulls s’il-te-plaît ?
Pitbulls in the Nursery est terminé. C’était annoncé mais nous n’avons jamais pu terminer en beauté comme prévu à cause de LA covid (giffle) ce qui laisse évidemment une sensation d’inachevé. En effet, nous étions sensés finir le 25 avril 2020 en carte blanche à la MJC de Rambouillet avec nos potos de Fatal et Wild. Cette date, finalement reportée au 14 novembre 2020 a été de nouveau reportée et, jusqu’à aujourd’hui, comme tu le sais, nul concert n’a été possible. La bougie s’est donc éteinte sans qu’on souffle dessus… NaKhArA existait avant, mais comme dit précédemment, a pris totalement vie suite à la fin de PITN.
Je sais que depuis quelques temps, tu expérimentais divers instruments orientaux et essentiellement le sitar (d’origine indienne, je crois) en voulant l’intégrer à la musique de Pitbulls. On pouvait d’ailleurs te découvrir sur quelques extraits scéniques avec cet instrument sur scène. Tu cherchais à mélanger cet instrument depuis longtemps et inventer le Sitar Metal ? (rires) As-tu pensé à breveter ce nouveau genre musical, j’espère ?
On avait déjà fait un morceau en 2005 avec PITN à la fin de l’album Lunatic (NDLR : « Marwa » ??) qui mélangeait Sitar et Métal. Du coup, c’est quelque chose qui nous a toujours attiré d’intégrer les sonorités indiennes dans le métal même si c’est encombrant au niveau du mix en raison des multiples notes et harmoniques. La dernière ébauche de projet de PITN était d’ailleurs un projet totalement Sitar/Métal. En ce sens, ça fait un moment qu’on cherchait à intégrer cet instrument. Dans Nakhara, je me suis permis de mélanger tout ce dont j’avais envie (sample, instruments, enchainement de riffs…) de manière totalement libre et amusée, tous les instruments que je possédais étaient donc les bienvenus et le sitar évidemment. Pour le brevet, si je me réfère à l’enseignement de la question n°3, j’imagine qu’il y a une centaine de groupes qui ont déjà mélangé sitar et métal donc je ne m’emballe pas. (sourires)
Plus sérieusement, peux-tu nous expliquer les caractéristiques techniques et sonores de cet instrument qu’est le sitar ? Combien ça coûte à s’équiper ?
Pour faire simple, le sitar (à ne pas confondre avec la cithare) est un instrument indien composé d’une calebasse de résonance (sorte de courge) et d’un manche (souvent en teck). Il y a sept cordes supérieures que l’on gratte avec une sorte de trombone/médiator (le Mizrab) et treize cordes situées parallèlement en-dessous qu’on ne touche pas et qui résonnent seules (magie vodou indienne) lorsque qu’on gratte exactement une note identique au-dessus. Ces cordes dites « sympathiques » donnent cet effet de sustain et de résonance. Aussi, le chevalet freeze de manière à créer une sorte de distorsion naturelle. Plusieurs des sept cordes supérieures on la même note à des octaves différentes (allant de Do à Ré). Mon sitar m’a été offert par tous mes proches en 2003. Il faut compter entre 500 € et 1000€ pour une entrée de gamme convenable.
Est-ce facile à accorder ? Comment s’y prend-on par rapport à une guitare pour en jouer ?
Hummm, non, vingt cordes au total…. Quand tu accordes ton sitar en répète et que les autres zicos jouent à côté de toi, tu deviens très agressif. (rires) Le vrai régal demeure tout de même le changement de toutes les cordes en même temps. Mis à part la mélomanie et l’analogie avec les instruments à cordes pincées, ça n’a pas grand-chose à voir avec la guitare : la taille du manche est beaucoup plus grande, la position du corps et des mains n’est pas la même, les frettes sont convexes de manières à « bender » un max (appelés « Mind »), on joue principalement les deux dernières cordes, rarement les plus grosses. Voilà pour le topo en espérant avoir été clair sans être trop ennuyeux. Les codes traditionnels de la musique indienne sont aussi très passionnants mais ne peuvent s’expliquer en quelques mots.
Quel est le concept sinon de ce premier album de Nakhara intitulé The Procession et que représente cet artwork mystérieux et imposant ?
Le concept reste un puzzle de pensées et d’ambiances qui sont agglomérées autour d’un métal plutôt sombre et pessimiste dans sa genèse. Chaque piste est une ambiance à part avec une imagerie et un thème bien défini. La pochette a été réalisée par Michal Piotr. Elle représente une sorte marée humaine (inerte ou dynamique en fonction de l’interprétation) qui s’entasse pour former un géant imposant. Cette pochette m’inspire la souffrance, le pessimisme, la procession finale, une forme de dégénérescence collective. Chacun ressentira ce qu’il voudra en fonction de sa sensibilité. J’avais juste donné à Michal des mots clefs pour illustrer mon projet ainsi que le genre de visuels que j’appréciais (comme 25 789 métalleux, j’aime beaucoup le peintre polonais Zdzisław Beksiński). Michal m’a proposé le concept et j’ai adoré. Il a rendu le projet crédible en peu de temps.
As-tu composé, écrit, et enregistré tous les instruments tout seul sur The Procession ou bien tu as délégué certaines parties et invité divers musiciens et chanteurs sur ce premier enregistrement ?
Il y a deux featuring au chant sur The Procession : un avec Geoffroy « Djahal » Thoorens (sur All the Voices) et un autre avec Alexandre « Baloo » Blanchard (sur la fin de Submerged). Ces deux potos du groupe Rock Dirty Spices (https://www.facebook.com/dirtyspecies/) m’ont fait l’honneur de poser en mode carte blanche. A part ça tout est écrit, composé et enregistré via Cubase par mes soins. Le bassiste de Pitn François « Francesco » Ugarte m’a bien conseillé pour le mix car toucher tous les boutons au hasard devenait peu concluant. J’ai pu profiter des avantages à être seul maître à bord à savoir la totale liberté d’arrangement et de compo mais ai fatalement souffert d’un manque d’esprit critique à être seul à composer.
Il m’a même semblé entendre de l’accordéon par exemple sur la 4ème plage « All These Voices » plutôt familier chez Korpiklaani que dans la musique de Pitbulls in the Nursery… D’où t’est venue l’idée de mettre une partie d’accordéon ici, à moins que ce soit uniquement un sample d’accordéon ?!
Eh bien, feu mon grand père m’a laissé son accordéon et je trouvais ça intéressant d’essayer de le caser sur le projet. La fin de « All These Voices », qui n’a rien de métal, était l’endroit rêvé pour tenter de le placer. Cela apportait une variation de sonorités intéressante sur le LP pour casser la monotonie, même si le passage reste très court.
Au niveau de la batterie, est-ce toi par exemple là-aussi qui a enregistré la batterie (sur batterie électronique ou acoustique) ou l’as programmée ? As-tu fait appel à ton ancien batteur de Pitbulls, Jerry, pour la batterie et certaines percussions ou bien ce dernier a définitivement lâché ses baguettes au profit du vélo, paraît-il… ?! (rires)
Ha ha ! Tu es bien informé ! Notre petit Mozart de la drum a en effet posé ses pieds sur un autre style de pédale pour le moment (rires). Comme dit précédemment, je ne sais pas jouer de batterie mais je sais comment je voudrais que les autres en jouent (sourires). C’est du coup une programmation avec Addictive Drum 2 qui nous régale au drumming tout au long de The Procession. Je n’ai pas voulu embêté Jerry pour la programmation.
On peut entendre divers samples tout au long de l’album, extraits de dialogues de films. Quelles ont été tes principales sources d’inspiration à ce sujet ?
En effet, l’ambiance apportée par les samples est très efficace sur un enregistrement. Il y a plusieurs extraits assez disparates allant des Chevaliers du zodiaque et un mantra (Rudram) sur 7th Sence – Creative Destruction à un sample de The Ruin, un très vieux poème anglais sur Until The End. On entend une voix off d’un reportage sur le génocide Rwandais sur l’intro de « Grey Sky ». De manière générale, c’est le thème de chaque piste qui a influé sur la nature du sample choisi, ils n’ont pas de dénominateur commun tout au long de l’opus.
Vocalement, ton chant Death me rappelle la voix (growls) de Seth Spiros Antoniou sur les premiers Septic Flesh (en deux mots à l’époque). As-tu travaillé et beaucoup retouché ta voix en studio en t’inspirant de ce fameux groupe grec, toi qui ne chantait pas dans Pitbulls in the Nursery me semblait-il ?
Merci pour la comparaison, c’est très flatteur d’autant plus que j’apprécie particulièrement SepticFlesh. Pour le chant, j’utilise un son très guttural avec un faible volume qui passe dans un compresseur et qui ressort assez musclé mais ce n’est pas suffisant pour le live. A la base, c’était juste pour m’amuser à placer des chants grunts et au final, le rendu m’a bien plu et peut en effet ressembler au registre du chanteur de SepticFlesh même si c’est involontaire et clairement incomparable à son talent. Dans tous les cas, ce projet m’a donné l’occasion de m’amuser à poser du chant mais ça reste à l’écart de ma zone de confort.
Le morceau « Grey Sky » m’a rappelé sur la fin les Portugais de Moonspell… En fait The Procession est très varié, outre les parties de sitar dans ce Death progressif. Tu voulais toucher à tout et ne te fixes aucune barrière artistique avec Nakhara ?
Oui c’est l’avantage d’être solo, le fait de pouvoir monter son univers musical sans aucune bride, ni contrainte. C’est très inspirant et motivant. Après j’aime essayer de garder fil conducteur assez brutal tout en cherchant des couleurs sonores ou enchaînements qui peuvent surprendre et casser la monotonie (je ne dis pas que j’y arrive mais j’essaie). (sourires)
Enfin, avec Pitbulls, vous avez toujours été comparés et proches artistiquement parlant de la musique de Gojira proposant un Death Metal moderne et contemporain. Comment qualifierais-tu la musique de Nakhara aujourd’hui : ethno-death expérimental progressif par exemple ??!! (sourires)
C’est assez difficile. J’aime dire « Metal » pour ne pas me mouiller mais ça reste un peu vague… Pour les étiquettes je laisse faire les autres. Ethno-Death Expérimental progressif Metal Core Atomik est vraiment pas mal… Au final, je dirai que ça flirte simplement avec le Death Prog’ de près ou de loin.
Au passage, as-tu écouté le nouvel et septième album studio de Gojira nommé Fortitude ?! Si oui, qu’en penses-tu honnêtement ? Son approche lyrique et conceptuelle rappelle beaucoup Roots de Sepultura, mais musicalement le quatuor landais a tendance à se calmer un peu…
J’aime beaucoup l’album Fortitude, complètement raccord avec l’évolution de Gojira selon moi. La musique devient encore plus titanesque et balance davantage de refrains très puissants. Paradoxalement, il n’y a quasi plus de doubles et les grattes sont souvent crunchy tout au long de l’album. Je dirais qu’il y a presque une approche Stoner qui se dégage sur Fortitude qui n’est pas pour me déplaire (déjà en place sur Magma). En outre comme tu le dis, il y a un hommage clairement à Roots de Sepultura dans la chanson « Amazonia » qui met en avant le côté engagé des gars. Une nouvelle fois, ils défoncent le plafond et deviennent encore plus fat. Certains n’aiment pas, personnellement j’aime les groupes qui évoluent à chaque album et cet album est puissant par sa sincérité. Je suis très content pour eux, ils ont du mérite et du talent.
Ce premier album de Nakhara, The Procession, est-il une auto-production ? Es-tu distribué tout de même par Klonosphère ou tout est digital exclusivement (Deezer, Bandcamp, Spotify, et YouTube…) et tu ne cherches pas plus loin à être signé sur un label ou trouvé un distributeur pour une sortie physique ? Selon toi, le marché du disque est fini ?
Ayant un budget serré, The Procession a été auto-produit de A à Z et la question du label ne s’est pas posée du fait de l’aspect encore balbutiant et expérimental du projet. Aussi, le côté One man Band n’est pas facile à défendre auprès d’un label. Si on ajoute à cela le fait qu’une bonne partie de labels demande une participation financière (je ne parle pas des grosses écuries), l’idée de passer par une plateforme directe de distribution me paraissait être la meilleure solution. C’est cependant évident qu’il y a une perte de visibilité sans label. A ce jour, l’idée d’un crowdfunding dans quelques semaines pour lancer une production de vinyles me taraude mais cela resterait pour le moment une vente directe sans distributeur.
Si les concerts reprennent en petite configuration, peut-on espérer voir Nakhara live bientôt devant un public assis, masqué, chaque spectateur à bonne distance, en petite configuration (comme à l’Usine à Chapeaux à Rambouillet (78)) ce qui pourrait tout à fait convenir et mieux que rien mais ne serait point rentable, ou bien dans des festivals, ou alors tu attends des jours meilleurs et vas continuer à créer, expérimenter en studio sur tes instruments et ton ordinateur afin de poursuivre la procession musicale de Nakhara ?! Comment vois-tu les choses ?
Eh bien, on va tenter de donner vie au projet avec trois potos de Geostygma ainsi que Francesco de PITN à la basse. Pour le moment la nouvelle est très fraîche et c’est très dur de savoir comment va se dérouler l’adaptation du projet à plusieurs… La question des concerts viendra donc dans un second temps car la première besogne va être de répéter pour que ça ressemble à quelque chose. C’est en tout cas très motivant.
Par conséquent, quels sont les projets pour Nakhara et Pitbulls in the Nursery ?? (désolé d’insister mais moi j’aimais beaucoup ce que vous faisiez sur album et live)
Pour PITN, comme je te le disais c’est mal engagé vu que c’est terminé. Pour Nakhara, si on peut faire des concerts bien bourrins avec pourquoi un deuxième album, ça serait top. Devenir millionnaire grâce à Deezer et Spotify dans un second temps bien évidemment. Sympathiser avec Thomas Pesquet pour qu’il devienne notre tourneur et nous négocie un concert dans l’ISS reste notre but ultime. (rires)
CHRONIQUE ALBUM
NAKHARA
The Procession
Death Metal expérimental
Autoprod.
Attention ! Un pitbull s’est échappé, et celui-ci n’a qu’une envie : voyager ! Ou plutôt nous faire voyager à travers ses expérimentations musicales nées dans l’esprit du guitariste Simon Thevenet, désormais ex-Pitbulls in the Nursery puisque le groupe français a splitté en 2020 à notre grand désespoir… Mais la vie continue, et la création artistique aussi, plus que jamais en ces temps sombres ! L’artiste rambolitain sort ici son premier album solo autoproduit sous le nom de Nakhara dont vous retrouverez l’explication étymologique à mourir de rire dans notre interview avec le principal intéressé. Redevenons sérieux et penchons sur The Procession à l’artwork aussi imposant qu’intriguant. Réalisé par Michal Piotr, celui-ci représente d’ailleurs « une sorte de marée humaine (inerte ou dynamique en fonction de l’interprétation) qui s’entasse pour former un géant imposant » d’après Simon. Elle inspirera différents sentiments à chacun, dont une forme de pessimisme ou de souffrance. À l’image de la pochette, ce premier essai compile lui aussi tout un tas d’idées bien vivantes et dynamiques celles-ci du guitariste qui s’est lâché et ne s’est imposé aucune limite, notamment instrumentale puisqu’il y assure les parties de guitares (électrique, acoustique, etc.), basse, chant (growls et clairs), programmation à la boîte à rythmes (aie ! j’en vois au loin qui ont déjà de l’urticaire), et de la sitar car ça, c’est le nouveau dada de l’ex-Pitbulls in the Nursery depuis quelques années déjà. Sans en abuser, il use de cet instrument ici ou là contribuant à donner quelques sonorités exotiques (« Commination », « 7th Sense – Creative Destruction ») plutôt rares dans le Métal même si forcément on pense à Nile, Orphaned Land, ou même aux excellents Orléanais (mais bien trop discrets) d’Impureza par moment. Cela confère ainsi à l’ensemble de l’album une grande hétérogénéité, trop même en jugeront certaines oreilles, mais encore une fois, rien n’est ici formaté, limité, la propre limite étant Simon lui-même qui se fait plaisir avant tout. Et franchement, quel boulot dans le processus de composition, d’enregistrement et d’arrangement a fait là le guitariste de Pitbulls in the Nursery. Alors oui, bien sûr avec tous les logiciels comme Guitar Pro et Pro Tools, on fait merveille mais il faut bien reconnaître que The Procession est une véritable fourmilière qui détonne en matière de Death Metal que l’on qualifiera ici de progressif ou vraiment expérimental, l’œuvre de Cynic ayant probablement dû marquer aussi notre multi-instrumentiste francilien. Quant aux allergiques à la boite à rythme, rassurez-vous, la batterie passe impeccable comme le font d’ailleurs de plus en plus d’artistes qui ont du mal à trouver un bon batteur de nos jours et comme c’était déjà le cas il y a une bonne dizaine d’années chez quelques groupes français qui s’en sortaient déjà bien (Hypnosis par exemple). Divers samples de mangas et autres plus inquiétants sur l’actu (dont les chaînes d’infos se font les choux gras), ponctuent certaines intros de morceaux violents de pur Death Metal rappelant Pitbulls in the Nursery (« Grey Sky »), forcément, voire parfois Meshuggah ou Dying Fetus dans ses rythmiques (« No Justice, No Peace »). Côté chant, Simon impressionne vraiment, le grain de voix sur ses growls rappelant même notre cher ami grec Spiros « Seth » Antoniou de Septicflesh à leurs débuts. Autre signe de grande variété musicale, sur un seul morceau comme « Grey Sky », on passe du Brutal Death à l’indus avec ces samples et rythmiques répétitives, puis à un superbe solo de guitare, et les choses se calment progressivement avec un mélodie et un chant murmuré orienté Gothic/Dark Metal rappelant le dernier album Hermitage de Moonspell (hors-série METAL OBS spécial Moonspell toujours disponible à ce propos). Un autre exemple pourrait être également l’ultime chanson « Submerged »…
Au final, si tout cela peut sonner par moment comme un entassement de riffs, d’idées expérimentales aussi riches et variées créant un véritable patchwork de Métal et bien plus alors non, car derrière son Sitar Metal comme aime l’appeler l’ancien guitariste de Pitbulls in the Nursery, il y a vraiment du talent et du boulot et rien que pour ça, The Procession mérite une écoute attentive. Reste maintenant que Nakhara prenne forme sur scène dès que cela sera possible et on a hâte d’écouter la suite à The Procession qui deviendra peut-être un nouveau Gojira iconoclaste en puissance, en moins mainstream… [Seigneur Fred]
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