NO ONE IS INNOCENT
Ennemis
Fusion/Punk Rock
Verycords
Après un Frankenstein endiablé et une tournée auréolée de succès passant par une participation à l’incontournable Festival Hellfest en 2019 (doublée d’une performance à huis clos au Hellfest from Home cette année à défaut de mieux, crise sanitaire oblige), nos vieux camarades de No One nous démontrent sur ce huitième skeud studio qu’ils ont encore du jus dans leur réservoir de Gasoline ! (ok, elle était un peu facile celle-là mais bon, au vu du prix actuel de l’essence…). Et parler de « skeud » ici est un doux euphémisme. Ennemis est tout simplement une pure bombe jetée dans la marre, avec son lot de cocktails molotov envers nos gouvernants, et dénonçant les travers de notre société toujours plus fragmentée (Chirac avait raison au moins sur ce point : la « fracture sociale », en plus de ne pas faire intervenir une seconde fois l’armée française en Irak et de réformer le service militaire, quoique, ce dernier contribuait justement à du lien social et à savoir vivre en communauté, mais nous nous égarons, ça c’est un autre débat…). Le groupe français, toujours mené par son frontman Kémar Gulbenkian, montre ainsi les crocs dès le premier titre « Dobermann » avec son refrain incisif qui fera grincer les dents, que l’on soutienne ou non notre chère police intérieure dans ses actes quotidiens pas simples à gérer sur le terrain. A la fin de morceau d’ouverture, notre ami chanteur s’écrie alors : « La résistance emmerde la haine nationale », en clin d’œil, bien évidemment, au célèbre refrain de Berurier Noir : « la jeunesse emmerde le Front National ! », souvent repris par No One sur scène à l’époque de son EP « Antipolitique » et malheureusement encore d’actualité à chaque élection. Cela commence donc très fort. Un peu plus loin, sur « Forces Du Désordre », on comprend que l’ère post-Bataclan sur Propaganda est bel et bien révolue : fini le temps où les gens dans la rue chérissaient les hommes en uniforme en les remerciant. On a l’étrange impression que les keufs ne sont plus les bienvenus, après la période troublée des « gilets jaunes » il y a deux ans mais aussi des bavures (françaises, américaines, etc.) souvent filmées, preuves derrière lesquelles la maréchaussée urbaine ne peut plus se cacher. Leur clip avec ses Terminators ou plutôt Robocops, fait d’ailleurs froid dans le dos et vise la politique autoritaire du gouvernement de droite de Jupiter.
Du même acabit, « La Caste » en remet une couche avec les paroles cash de Kémar : « (…) les consanguins en uniformes, etc. ». Ce second titre accentue alors un peu plus l’attaque sonore véhiculée par le rock énergique de Tranbert, Popy, Shanka, et Yann. Mais ce n’est toujours que le début ! Le morceau « Humiliation » groove, tel « Silencio » sur Frankenstein. Puis on pose un instant les armes. « Armistice » apparaît comme une légère accalmie bienvenue permettra aux fans et à son chanteur de reprendre son souffle sur scène, renvoyant quelque peu au vieux titre « Rusted Faces » sur le premier album éponyme des No One en 1994 avec sa guitare sympathique et son ambiance western bluesy. Une nouvelle fois on se rend compte de tout le talent de Shanka, capable d’envoyer du lourd avec des riffs Rock/Metal/Indus ou détendre l’atmosphère avec des choses plus relaxes et légères. Mais la paix ne dure pas longtemps, et c’est BFM, CNN, et Cie qui en prennent pour leur grade sur « Les Hyènes de l’Info » avec sa boucle électro que leurs potes de Mass Hysteria appréciera, et son refrain bien « trash » et « rageur ». Tout est si vrai. Les sonorités industrielles si chères au magnifique Utopia refont encore surface sur « Polit Blitzkrieg » qui fait mal là aussi, mais avec un son plus organique qu’en 1998. L’énorme « We are Big Brother » fait réfléchir sur l’utilisation permanente des réseaux sociaux et leur addiction ainsi que leurs dérives alors que Google ou Facebook savent tout de nous, et maintenant Doctissimo aussi… Son intro avec son effet au micro de la guitare de Shanka, doublée d’une pédale, évoquera peut-être à certains certaines intros dans les enchaînements en live de Godsmack, (« Straight out of Line / « Realign »), en moins heavy ici cependant. Comme à son habitude, en fin d’album, Shanka nous gratifie d’une petite chanson dont lui seul à le secret. A l’instar du punk « Holy Fire » qui figurait sur Propaganda, nous avons droit au morceau très accrocheur « Bulldozer » dans ses chœurs et la boucle tournoyante. Il y a même un côté Skip The Use que No One a inspiré dans sa jeunesse. Enfin, le plus hardcore « Aux Armes Décibels » où l’on croit reconnaître le chanteur Arno (Black Bomb A) au micro au côté de Kémar, achève les hostilités, tel un nouvel hymne Rock taillé pour le live. Après tout Mass Hysteria a bien le sien avec « Furia ». Maintenant, avec ses onze brûlots, Ennemis est assurément l’album Rock de cet automne voire de l’année 2021. Et s’il ne vous a pas donné envie d’aller l’écouter au plus vite, et d’aller l’écouter sur scène lors de la prochaine tournée du quintet de Fusion française, alors de deux choses l’une : soit vous n’avez pas l’âme d’un Punk Rockeur, soit le confinement vous a fait perdre le goût du Rock que No One Is Innocent peut vous aider à recouvrer au plus vite ! [Seigneur Fred]
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