Le trio lyonnais récidive avec un nouvel album masterisé par l’inépuisable et omniprésent guitariste de Cult of Luna, Monsieur Magnus Lindberg, s’il-vous-plaît. Et c’est au grand complet et pour notre plus grand plaisir qu’Occult Hand Order s’est prêté au jeu de l’interview pour Metal Obs afin de nous en dire plus sur Silence By The Raging Sea (autoproduction). [Entretien avec Hugo (chant/basse), Nico (guitare), et Tony (batterie) par Norman Garcia – Photos : DR]
D’abord peut-on revenir à l’origine du nom du groupe : est-il en rapport avec l’Ordre de la Main Occulte (« Order of the Occult Hand »), une société secrète créée par des journalistes américains en 1965, ou pas du tout ?
Hugo : En fait, j’ai découvert l’existence de cette société secrète en vérifiant si le nom qu’on avait trouvé était déjà utilisé. En vérité, l’idée m’est venue parce que je m’étais fait tatouer une main ésotérique sur le ventre peu de temps avant. (sourires)
Votre nouvel et second album a été enregistré et mixé par Roman Peyr, puis masterisé par Magnus Lindberg (Cult Of Luna). Que retenez-vous de cette expérience avec eux ?
Hugo : Roman travaille avec nous depuis notre dernier EP The Chained The Burned The Wounded. On est amis avant tout, c’est quelqu’un en qui on a pleine confiance et qui nous connaît bien, donc c’était logique pour nous de travailler à nouveau avec lui sur cet opus. On a également travaillé avec TINS, notre ingénieur du son en live, qui avait un rôle plus proche du directeur artistique. En ce qui concerne Magnus Lindberg, il a été très professionnel et super efficace. On a tous un grand respect pour le travail qu’il a fait avec Cult Of Luna et Russian Circles notamment, c’est un honneur de pouvoir le créditer sur l’album.
Nico : Cela fait déjà trois ans que Roman nous accompagne en studio et je pense qu’on ne le remerciera jamais assez pour sa patience légendaire et tout le travail et l’énergie qu’il a fourni depuis tout ce temps.
Tony : Roman est quelqu’un d’extrêmement patient et à l’écoute. C’est toujours un bonheur de travailler avec lui car le studio peut être une expérience stressante et difficile mais il arrive à canaliser nos énergies et à driver les sessions. Et Magnus est un musicien pour lequel nous avons tous un grand respect, nous sommes fiers d’avoir sa patte sur cet album.
D’ailleurs, quelle a été votre approche autour du son que vous vouliez obtenir sur Silence By The Raging Sea ?
Nico : En ce qui me concerne, je dirais que j’ai cherché à avoir plus de nuances au niveau de mon son de guitare en jouant davantage sur la dynamique et le jeu au volume de la guitare. On retrouve toutefois des sons qui font écho à ceux que je pouvais avoir sur les précédents opus, plus massifs et saturés. Enfin, comme sur les précédents enregistrements, j’ai employé beaucoup d’effets de reverb et de delay pour apporter une certaine atmosphère au mixage général, mais avec une approche encore différente. A chaque nouvel enregistrement, je m’applique à ne pas avoir exactement le même son que sur le précédent car selon moi cela permet de ne pas être trop redondant dans ce qu’on propose musicalement.
Tony : En ce qui concerne la batterie, j’ai essayé de ne pas surcharger les morceaux mais plutôt de faire au mieux pour servir la musique. J’ai expérimenté de nouvelles sonorités comme par exemple le jeu avec des mailloches que vous pouvez entendre sur le morceau “Golden Bones”. Ou encore l’ajout d’une chaîne sur mes cymbales, que vous pouvez entendre subtilement sur le morceau “Tidal Waves”. Et je suis également un gros fan de percussions. On a pris le temps d’essayer plusieurs sonorités. Finalement, il ne reste que quelques shakers et tambourins mais ils apportent une vraie plus-value.
Hugo : De mon côté, c’est souvent l’efficacité qui prime. J’ai toujours eu un nombre limité d’effets et ça me va très bien, ça me permet de me concentrer sur d’autres aspects de mon jeu, et aussi sur l’émotion qu’on essaye de transmettre dans nos morceaux. On a eu le temps pendant les deux semaines d’enregistrement de beaucoup expérimenter. Par exemple on a quelques pistes où l’on crie dans les micros des guitares, on a même enregistré un carillon qui traînait dans la maison où on avait établi notre studio.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les thématiques abordées dans les textes de vos chansons ? Et à ce sujet, pensez-vous qu’un morceau doit obligatoirement délivrer un message à travers son texte ?
Nico : Je sais que la fin de notre monde est une thématique qui inspire beaucoup Hugo, mais je préfère encore le laisser s’exprimer à ce propos car c’est lui le mieux placé pour en parler…
Hugo : C’est vrai que je suis assez obsédé par ces thématiques. Comment l’Humanité va s’éteindre ? Est-ce que nous serons tous oubliés à la fin ? J’essaye d’éviter d’être dans le jugement, car au final je ne me sens pas plus éclairé qu’un autre, et je n’ai pas forcément de leçons ou de solutions à proposer. C’est même plutôt quelque chose qui m’inspire esthétiquement parlant : un paysage désolé et désert, dernier vestige de nos folies, pour moi c’est ça qui m’a inspiré le titre de l’album : « Silence By The Raging Sea ». Je ne sais pas si on peut parler de nécessité, parce que l’écriture est instinctive pour moi, mais je ne me vois plus écrire des textes vides de sens aujourd’hui.
Et si vous deviez ne garder qu’une seule chanson de votre répertoire pour définir Occult Hand Order, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?
Nico : C’est une question intéressante, car je dirais que cet album se situe à mi-chemin entre ce que l’on a pu proposer jusqu’à maintenant et ce vers quoi on tend aujourd’hui artistiquement. Mais si je ne devais garder qu’un seul morceau pour représenter le style auquel nous nous identifions à l’heure actuelle, je dirais “Golden Bones”, sans hésitation !
Hugo : Je suis complètement d’accord avec ça, on a plutôt commencé avec un rock stoner assez stéréotypé, mais on s’efforce depuis un moment maintenant d’aller plus loin que ça, et nos références ont évolué aussi. L’aspect plus post-rock de « Golden Bones » correspond vraiment bien à ce qu’on veut exprimer aujourd’hui.
Tony : “Golden Bones” sans hésitation. Ce morceau est un condensé de ce que nous aimons faire. Il y a des passages calmes planants, des passages violents, une évolution dans le tempo, dans la métrique.
L’artwork du nouvel album est très soigné et plutôt réussi. Qui est donc cette artiste Morgane Dezaubris ?
Nico : Morgane est une proche du groupe et elle nous accompagne depuis le début du projet pour tous nos visuels. C’est une chance énorme que de l’avoir à nos côtés car elle a un vrai talent et a su perfectionner son style en même temps que nous avons évolué musicalement. De tous les artworks qu’elle a réalisés pour nous depuis le début (et il commence à y en avoir quelques-uns), c’est mon préféré, et de loin ! (sourires)
Tony : Morgane fait en quelque sorte partie du groupe car, comme l’a dit Nico, c’est elle qui crée nos visuels depuis le début. Elle arrive vraiment à donner un visage à notre musique, et c’est très important pour nous qu’il y ait une cohérence à ce niveau là. Son travail, en plus de nous permettre d’avoir une identité visuelle, est vraiment exceptionnel selon moi.
Hugo : Il faut absolument que tous ceux qui nous lisent aillent découvrir son travail (@mobsidian_ sur Instagram). Elle possède un talent immense et comme souvent, pas assez de reconnaissance. Je pense qu’il nous faudrait dix vies pour lui rendre ce qu’elle nous a apporté.
Vous entamez une grosse tournée européenne (France, Espagne, Portugal), quelle(s) anecdote(s) « croustillante(s) » pourriez-vous nous confier sur vos précédentes tournées ?
Nico : Je dirais que la plus croustillante des anecdotes est la fois où le van a commencé à prendre feu alors que nous roulions sur l’autoroute slovène. Heureusement, nous avons miraculeusement été secouru par un couple équipé d’un extincteur qui passait par là. Je pense qu’on est tous d’accord sur celle-là, mais il y en aurait tant d’autres à raconter !
Tony : Celle-là est pas mal ! Sans oublier que le taxi qui nous a ramenés à Ljubljana après la panne roulait à 200 km/h sous une pluie torrentielle. J’aime aussi beaucoup la fois où l’on a dormi dans un appartement vraiment très glauque, en plein mois d’octobre, et où il manquait la moitié des fenêtres.
Hugo : C’est vrai qu’on est verni en ce qui concerne les problèmes mécaniques en tournée. J’en profite aussi pour remercier toutes les orgas qui nous ont accueillis et qui permettent que 90% de notre expérience de groupe en concert se passe parfaitement bien. On a tellement de bons souvenirs de concerts !
Et si vous deviez jouer avec le groupe qui vous a le plus influencé, ce serait lequel ?
Nico : Je rêverais de jouer avec All Them Witches ! C’est pour moi un des groupes les plus intéressants à l’heure actuelle dans la scène stoner/psychédélique.
Tony : Jouer avec All Them Witches ou Russian Circles me ferait très plaisir.
Hugo : En ce qui concerne les groupes qui nous influencent, on a déjà la chance de pouvoir ouvrir pour Mars Red Sky en février 2024 au Marché Gare à Lyon. Ils constituent une grande inspiration, en tout cas pour ma part.
Avez-vous d’autres activités musicales en dehors d’Occult Hand Order ?
Nico : J’ai eu un autre projet en parallèle d’Occult Hand Order pendant environ deux ans, dans lequel j’officiais à la basse et aux chœurs et dans un registre plutôt punk/garage, mais cela fait un peu plus d’un an que le projet n’existe plus.
Tony : J’ai quelques projets, mais nous avons déjà beaucoup de travail avec Occult Hand Order, donc c’est le projet dans lequel je passe la plupart de mon temps. J’aimerais bien remonter un groupe de funk à l’occasion.
Hugo : J’ai depuis longtemps un projet solo dark folk, mais c’est en stand-by depuis assez longtemps maintenant. Ça reviendra peut-être un de ces jours, qui sait ?
Je vous laisse le mot de la fin, merci à vous !
Nico : May the fuzz be with you !
Tony : Nico m’a enlevé les mots de la bouche. Et merci aux personnes qui nous soutiennent.
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