OSM : Plagued By Doubts

Plagued By Doubts - OSM
OSM
Plagued By Doubts
Metal progressif
Klonosphère/Season Of Mist

OSM est un jeune groupe originaire de La Rochelle et Poitiers dont la musique pleine de nuance et de dualité n’est pas sans rappeler ce que propose Hypno5e. Toutefois, il est important de préciser que le premier n’est pas une pâle copie du dernier. Avec son univers propre et des sonorités riches, la formation est très prometteuse. Preuve en est avec Plagued By Doubts, son second EP, qui développe « une vision satirique du monde actuel, un constat amer de la condition humaine, de ses incohérences et de ce qu’elles impliquent. » Des émotions intenses telles que la rage, la colère, l’impuissance, le désespoir et la pression constante sont développées tout au long de l’opus, accompagnées par des mélodies subtiles.

Le titre éponyme qui ouvre l’EP démarre avec une délicate intro au piano, dont le petit côté gothique n’est pas sans rappeler l’univers des films de Tim Burton. Bien que Léo, le chanteur, ait déclaré qu’il ne s’était pas inspiré directement du réalisateur, on ne peut s’empêcher de voir les images des Noces Funèbres passer tant la mélodie collerait parfaitement au long-métrage. Soudain, la voix profonde se fait entendre et nous invite à entrer pleinement dans l’œuvre. Le morceau explose avec des guitares saturées, le chant devient plus dur. Là est toute la spécialité du quatuor : une dualité dans les thèmes et les musiques parfaitement dosée et maîtrisée. La deuxième chanson, « Stuck In A Wrong Place », n’échappe pas à la règle et commence elle aussi par une intro douce, mélancolique avant que la batterie ne devienne dingue. On a alors l’impression d’être embarqué dans un tour de manège fou, la musique prend une dimension qui donne le vertige. L’on est à notre tour coincé au mauvais endroit mentalement mais voulons-nous que cela s’arrête ? Pas sûr, car notre esprit a toute la liberté de divaguer et de se créer son propre film à mesure que les notes défilent. Par ailleurs, si les thèmes et les textes d’OSM sont sombres et pesants, la musique et les images qu’elles renvoient nous bercent d’une certaine mélancolie, assez douce, que l’on contemple presque avec sérénité, sans se sentir mal. Du moins, sur le début de l’EP…

Sur « Why Always More ? », la basse est le réel atout. L’ajout de synthétiseurs amène une dimension plus psychédélique à l’ensemble. Toutes ces sonorités mélangées donnent le tournis. Attention, cela n’est toutefois pas une critique, bien au contraire ! Cela permet à chaque musique de coller parfaitement au titre/thème qu’elle développe. De plus, sur ce troisième titre, le combo inverse la tendance et nous offre cette fois-ci une fin plus douce, une fin qui nous entraîne avec elle dans les profondeurs de l’œuvre sans que l’on y oppose la moindre résistance, on se laisse juste couler au fil des notes… L’EP est à moitié entamé que le constat est sans appel : OSM pourrait créer des bandes originales de films tant sa musique parle pour elle-même et est très imagée.

« Drown By Myself » se lance ensuite, seul titre entièrement instrumental. Les synthétiseurs du début rappellent légèrement le single « Ashes To Ashes » de David Bowie ou sonnent presque comme certains morceaux de Mike Oldfield. Il se termine sur une foisonné de sons. Nous sommes déjà trop loin dans notre écoute pour remonter à la surface, on se laisse toujours plus tirer vers le fond/la fin. On touche les abysses avec « Abyssal… » Tout de suite, l’intro est plus écrasante, bien que la guitare n’en reste pas moins mélodieuse et nous apporte une certaine joie à son écoute. La voix sublime les couplets mais puisque le groupe a décidé d’être dans l’opposition constante, la fin, une fois de plus, voit le chant se faire plus dur, les riffs plus tranchants. Et c’est ainsi que débute la deuxième partie avec « …Loudness ». Malgré sa signification, on sent une certaine légèreté dans la voix et la mélodie au commencement. Un rayon de soleil se dessine, tout ne semble pas perdu, la surface n’est pas loin, il suffit de se laisser porter. Mais tout à coup, la réalité nous rattrape, la lourdeur est bel et bien là, écrasante et étouffante. La noirceur nous enveloppe. La musique porte intelligemment son nom. Et les toutes dernières notes restent notre lueur d’espoir dans cet univers sombre, lourd, dont on a hâte d’immerger pour découvrir la suite… Car l’on sait que ce sera beau dans la réalisation et dans l’écoute. Alors si Plagued By Doubts en français signifie « en proie aux doutes », il n’y a aucun doute à avoir sur le talent d’OSM. [Aurélie Cordonnier]

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