Cela faisait un bail que l’on n’avait pas eu droit à une nouvelle galette de nos voisins anglais, depuis 2009 et l’album In The… All Together précisément ! Si le Folk Metal s’est énormément popularisé ces dernières années grâce à certains groupes devenus désormais incontournables sur la scène, il ne faudrait cependant pas oublier le groupe par lequel tout a commencé à l’aube des années 90 : Skyclad. Alors rendons à César ce qui lui appartient et célébrons comme il se doit le retour du célèbre groupe de Newcastle Upon Tyne à l’occasion de la publication de leur quatorzième album studio Forward Into The Past. C’est avec une extrême gentillesse que son guitariste/chanteur et également auteur/compositeur a répondu à nos questions, non sans une certaine nostalgie…
[Entretien avec Kevin Ridley (guitare et chant) par Seigneur Fred – Photo : DR]
Il y a quelques mois déjà, c’était la Saint Patrick. Je sais que vous êtes Anglais et non Irlandais, mais avez-vous fait quelque chose de spécial cette année avec Skyclad à cette occasion ? Avez-vous pour habitude de fêter cet évènement populaire en général, car votre musique, le Folk Metal, s’y prête merveilleusement bien ?
Hé non, désolé. Tu as parfaitement raison, car il s’agit d’une fête très populaire au Royaume-Uni et il y a tout un tas de célébrations ici à Newcastle Upon Tyne, où la plupart des groupes locaux jouent, mais nous ne sommes pas vraiment impliqués dans ce genre de choses, à moins qu’on nous le demande. (sourires)
A présent, ça fait un bail que l’on n’a pas eu droit à un album studio de Skyclad, depuis 2009 exactement avec In The… All Together. Pourquoi un tel délai entre ce dernier et le nouveau, intitulé Forward Into The Past ?
Forcément, ce n’était pas prévu que cela se passe de la sorte. En fait, on a commencé à travailler sur de nouvelles idées pour un prochain album en 2011, d’ailleurs certaines d’entre elles figurent sur ce nouvel album. Quoiqu’il en soit, des choses sont arrivées, des bonnes et d’autres mauvaises, qui ont mis en suspens le travail sur les nouvelles compositions du prochain Skyclad. Ainsi, on s’est tous retrouvés début 2016 un peu comme à un carrefour, et avons eu à décider si et quand nous allions faire un nouvel album. Heureusement, à ce moment-là, Dave Pugh (NDLR : ancien guitariste de Skyclad de 1992 à 1995) a rejoint le groupe, et il y a eu alors une ambiance plus positive entre nous pour faire ces nouvelles chansons. Une fois tous rassemblés, nous avons décidé de faire ce nouvel album rapidement.
Et qu’avez-vous fait, toi et les autres membres, durant ces huit ans avant ces retrouvailles ? Cela a été long tout de même pour les fans ! Le groupe est-il resté actif et a-t-il tourné pour promouvoir le précédent disque In The… All Together ?
Tout en continuant à travailler live sur scène avec Skyclad, nous avons d’autres projets divers étant donné que nous avons tous à côté d’autres groupes avec lesquels nous enregistrons ou nous nous produisons live. Par exemple, Steve Ramsey (guitares) et Graeme English (basse) ont enregistré deux nouveaux albums avec Satan (Life Sentence et Atom By Atom) pour lesquels ils ont également tourné. J’ai personnellement enregistré un album solo (Flying In The Face Of Logic). Dave a également un groupe nommé Merichane, tout en étant artiste tatoueur. Arron Walton (batterie) joue dans quelques groupes de reprises à droite à gauche. Enfin Georgina Biddle (violon, claviers) dirige un service de musique pour des écoles, donc nous n’avons pas tourné au ralenti non plus ! (rires)
Et durant tout ce temps, la scène musicale Folk Metal s’est encore énormément développée à travers le monde devenant très populaire grâce à diverses formations (Eluveitie, Cruachan, Subway To Sally, In Extremo, Arkona, Primordial, Korpiklaani ou bien Drakwald par chez nous en France par exemple, pour ne citer que celles-ci). Quel regard portes-tu sur cette scène ? Quel est ton avis sur ce développement croissant de la scène Folk/Pagan Metal que vous avez fondée au tout début des années 90 ?
Je pense que cela a pris bien plus que huit ans pour se développer et là où elle en est. Mais en tant que groupe, nous ne pouvons que nous réjouir de ce que nous avons fait par le passé et sommes heureux si cela a pu inspirer les gens à créer leur propre groupe et développer leur propre musique. C’est bien de voir les personnes se réapproprier leur propre langue, leur culture, et utiliser des instruments traditionnels pour interpréter leurs propres chansons, et ainsi de suite. De toute façon, comme je l’ai déjà dit, Skyclad suit et doit suivre son propre parcours, et nous fusionnons différents styles : le Rock, la Folk, le Blues, le Métal bien sûr, etc. et autant que nous le jugeons nécessaire.
Depuis ton arrivée, à la guitare tout d’abord (notamment acoustique) en 1998, puis au chant suite au départ de Martin Walkyier en 2001 ce qui fut loin d’être évident auprès des fans, je trouve que la musique de Skyclad s’oriente plus vers des tonalités Folk/Rock que Folk Metal, et tout spécialement sur ce nouvel album… Partages-tu cette analyse et penses-tu que vous pouvez capter un plus large public à travers votre musique en 2017 avec Forward Into The Past étant donné la mode du Folk justement de nos jours ?
Hé bien, étant donné que je te réponds directement, tout ce que je puis dire est que, bien sûr, ce serait génial de toucher le plus grand monde possible avec notre musique. Et je pense que ce nouveau disque est un bon mélange de tout cela : Folk, Rock, Metal… Clairement, je ne peux seulement faire les choses que comme je l’entends et des choses qui me correspondent, mais je dois dire que le reste du groupe m’a toujours supporté et encouragé dans mes idées et démarches sur ce nouvel album Forward Into The Past. En tout cas, nous ne sommes vraiment pas du genre à suivre les tendances et la mode, tu sais.
Es-tu toujours en contact avec ton prédécesseur Martin Walkyier que tu as côtoyé quand tu étais alors simple guitariste rythmique ? Si oui comment va-t-il ?
Non, et je n’en ai aucune idée.
OK. En même temps et paradoxalement, des influences Punk/Thrash Metal sont présentes, ce qui est fort appréciable pour les vieux fans, renouant ainsi avec vos débuts et dynamisant les chansons de Forward Into The Past, comme par exemple sur « State Of The Union Now » et « The Measure », des morceaux très directs et speed, presque nostalgiques. Peux-tu nous en dire davantage sur ces deux titres placés au début et en fin d’album s’il-te-plaît ?
Hé bien, « State Of The Union Now » est née à partir d’une idée de Steve (Pugh/guitare) qu’il m’avait donnée et qui était dans d’autres partitions. Je l’ai coupée et dit que je voulais en utiliser la première partie comme une intro sur l’album. Je lui ai demandé cependant d’en faire une partie plus rapide vers une autre chanson dans le but de démarrer l’album donc. Il m’a d’abord regardé d’un air étrange, puis a accepté. Pour « The Measure », ce fut l’une des premières chansons composées, et, pour moi, c’était la chanson « Blues » du disque, car on en a souvent une sur nos albums. Avant même de commencer d’écrire ce nouveau disque, j’avais un projet dans lequel je choisissais dix sujets pour les chansons et ce fut un peu une problématique à résoudre pour associer les musiques avec les sujets des morceaux. J’ai alors décidé que le morceau qui serait le plus rapide serait « la chanson politique », et la chanson plus typée « Blues », serait un titre plus personnel, en l’occurrence sur comment mesurer les problèmes et affronter nos moments difficiles dans la vie…
Est-ce que la chanson intitulée « State Of The Union Now » est en rapport avec le récent Brexit survenu chez vous en Grande-Bretagne il y a quelques mois avec la question européenne ? Si oui, quelle est ton opinion à ce sujet en tant qu’artiste anglais ?
C’est, en effet, en grande partie lié à cela. Mais il s’agit cependant plus de la manière dont les gens regardent certains politiciens (les Populistes par exemple) à propos de solutions simples par exemple en réponse à leurs problèmes quotidiens bien plus complexes en réalité, et cela tend à être de même d’ailleurs aux Etats-Unis, en Europe aussi et dans d’autres endroits dans le monde. Personnellement, je suis contre le Brexit. Alors que notre nouvel album Forward Into The Past remonte justement aux débuts de Skyclad dans les années 80, il ne préconise certainement pas un retour aux jours sombres de la Guerre Froide, au Mur de Berlin, au Rideau de Fer, aux contrôles des frontières, aux carnets de tickets pour voyager d’un pays à un autre, aux écoutes téléphoniques, aux échanges commerciaux avec vingt devises monétaires en Europe, à la désindustrialisation, à la xénophobie, et à la croissance du taux de chômage sous les années Thatcher. Je veux que moi, ma famille, mes descendants, puissent se rendre là où ils veulent et soient dans la capacité de vivre et travailler librement là où ils veulent. Ça s’appelle le mouvement libre et du travail (« Labour »), et c’est bien pour nous si cela est bon pour eux. Je pense que la Grande-Bretagne va rencontrer tout un tas de problèmes durant les années à venir à cause de cette sortie de l’Union européenne et de cette assemblée. Et si toutefois la Grande-Bretagne et le Royaume-Uni survivent à cela, les gens ne verront pas le moindre sou dans leur porte-monnaie comme cela a été placardé sur les affiches de bus durant la campagne.
Alors, quelle est la signification exacte qui se cache derrière ce titre d’album Forward Into The Past ? Quel en est le sens si vous n’êtes pas nostalgique ?
Le titre « Forward Into The Past » a été choisi au final à partir de quelques suggestions parce que j’ai eu le sentiment qu’il résumait grandement bien la pensée qui se dégageait des divers thèmes abordés à travers les nouvelles chansons et du processus créatif tout entier qui nous a accompagnés du fait du retour de Dave Pugh dans le groupe à la guitare. Et puis on a enregistré chez nous, à Newcastle, et avons eu recours une nouvelle fois à Duncan pour la réalisation de l’artwork de l’album, etc. On était tous d’abord au sein du groupe. L’un des principaux objectifs de ce nouveau disque était aussi et surtout de revenir aux thèmes de nos albums de la fin des années 80 et début des années 90 (NDLR : The Wayward Sons of Mother Earth, A Burnt Offering for the Bone Idol), et de les reconsidérer ou de les mettre à jour afin de voir si quelque chose avait changé.
Pour conclure, parlons non plus du passé ni du présent, mais du futur de Skyclad ! Quels sont les projets du groupe ? Allez-vous venir nous revoir en France et participer peut-être à des festivals afin de nous présenter ce nouvel album ?
Je crois que l’on est vraiment excité à vrai dire du fait des possibilités que nous avons en termes d’écriture, d’instrumentation, et de performance maintenant grâce au retour formidable de Dave Pugh à la guitare au sein du groupe. Je ressens aussi comme le démarrage d’une nouvelle période, d’un nouveau chapitre pour Skyclad, et nous n’avons seulement que toucher du bout du doigt les possibilités de ce nouveau départ avec ce nouvel album. En tant que sextet maintenant, nous avons aussi des options pour travailler sur scène, tourner, que ce soit en termes de performances vocales ou d’instruments. Et je suis vraiment impatient de jouer les chansons de Forward Into The Past live, espérons-le, devant un public encore plus large. Nous avons d’ores et déjà une tournée et des dates de programmées l’année prochaine, et, bien sûr, nous travaillons à cela. La tournée passera quelque part, je l’espère, en France. On espère bien vous revoir bientôt lors de ces concerts à venir, et peut-être lors des prochains festivals aussi !
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