SLIPKNOT : The end, so far

The end, so far - SLIPKNOT
SLIPKNOT
The end, so far
Nu metal
Roadrunner Records

Le batteur de Slipknot Jay Weinberg (successeur depuis 2014 du défunt Joey Jordison (R.I.P.) parti bien trop tôt…) a récemment déclaré que ce septième album studio constituait un pas en avant intéressant. En plus de garder des éléments traditionnels du groupe de Des Moines (Iowa), ses membres ont décidé de se lancer un défi : faire des morceaux plus expérimentaux, à l’instar du morceau qui ouvre l’album : « Adderall ». A son écoute, on n’a pas vraiment l’impression de rentrer dans l’univers de Slipknot mais plutôt d’avoir tapé dans un tout autre registre. Avec une intro synthétique au clavier s’apparentant aux violoncelles de « Diane » de Therapy ? (reprise d’Hüsker Dü), on a droit à une ligne de piano digne du rock progressif du style Oak ou Porcupine Tree pour aboutir sur un refrain à la QOTSA ou Stone Sour (logique, avec son chanteur en commun), agrémenté d’une ligne de basse bien présente. Autrement dit, rien à voir avec l’essence-même de Slipknot. C’est plutôt déstabilisant au départ, mais après tout assez intéressant. Ce premier titre rappelle aussi « Prelude 3.0 », plage qui introduisait Vol. 3 : The Subliminal Verses de façon étonnante également, « Adderall » s’avère cependant plus travaillé.

Mais dès la deuxième chanson, nos Yankees masqués ont carrément craqué en revenant à du classique de 1999 puisque dès « The Death Song (time to sing ) », on peut réentendre l’ADN de Slipknot. Celle-ci et les deux suivantes (« The chapeltown rag » et « Yen ») ont d’ailleurs été choisies comme singles du nouvel album. Dans ce triptyque, on retrouve alors le pilonnage auquel l’oreille fan du gang américain est habituée.

« Medecine For The Dead » a été écrit pour parler de toutes les personnes en dépression, tout comme il arrive à Corey Taylor de subir ce phénomène. Il raconte qu’il faut juste attendre que ça passe ; il n’y a rien à faire, même lorsqu’on prend des médicaments. Le morceau sort un peu du lot avec un cri initial, tel un cri du cœur pour montrer la rage contre ces maux qui nous rongent tous un jour ou l’autre chez soi ou dans son entourage, interprété ici en chant guttural comme un exutoire pour déverser sa haine face à ces états dépressifs. Le refrain en chant clair mélodieux reste facilement en tête et vient contrebalancer les cris hargneux, un peu comme un médicament qui viendrait calmer le malade dans son mal être psychique, pour quelques temps seulement…

Concernant « De Sade », certainement en référence au célèbre marquis français, cette chanson traite de notre penchant à céder à notre côté obscur et à se livrer à certains plaisirs. Elle a été écrite comme une ode sombre à l’amour, selon son frontman, avec des riffs efficaces signés des guitaristes Mick et Jim. Voilà un titre intéressant, dans lequel les shreddings s’entremêlent entre le chant clair et les hurlements de Corey. Si on prête l’oreille vers la fin, on peut même entendre les instruments imitant les gémissements d’une personne reprenant son souffle après des ébats torrides… « Finale » sert d’outro si on considère que « Adderall » s’apparente à une intro, même si ça n’en est pas une, morceau surprenant là encore, car différent des autres ; il est plutôt alternatif en chant clair sur fond de chœurs épiques. Certains autres titres comme « Acidic » ou « Heirloom » ne valent pas trop la peine qu’on se penche dessus car ne sortant tout simplement pas du lot. Pour la petite anecdote, certains pressages ont été mal faits et une erreur d’impression indiquait The End For Now, au lieu de The End, So Far sur la pochette de l’album. Un autocollant a été flanqué par-dessus pour cacher la maldonne. Même certains titres ont été mal orthographiés comme « Hive Mind » devenu en fait « Hivemind » en un seul mot, et « The Dying Song (time to sing) » qui s’est raccourci en « Dying song ».

Concernant le nom de l’album signifiant : « c’est fini, pour l’instant » pour les nuls en anglais, Corey Taylor l’a affirmé, ça ne veut pas dire pour autant que le groupe va se séparer, comme certaines rumeurs infondées ont pu circuler. Cela correspond juste à premier jour du reste de leur vie, une autre vision des choses pour ces quasi quinquagénaires maintenant. Ce septième opus a été produit par Joe Barresi (Parkway drive et Tool) et ça sera aussi le dernier du groupe chez Roadrunner Records après une longue carrière sur le label américain. Selon Corey, le label est désormais complètement différent de ce qu’il était au moment où ils ont signé ensemble pour leur premier opus éponyme. « Ils donnent l’impression de savoir qui ils sont, mais en fait ils n’y connaissent rien », dixit le chanteur. Cette dernière collaboration a donc aussi inspiré Slipknot pour son titre. En résumé, The End, So Far se veut plus sombre que We Are Not Your Kind, leur avant-dernier opus sorti en 2019, mais aussi comme une version plus heavy de Vol. 3 : The Subliminal Verses. N’écoutez pas forcément les avis des uns et des autres car il est vrai que cet album divise. A vous de vous faire une idée en allant simplement l’écouter… [ROCKINGIRL]

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