STRYPER
Dieu, diable, et rock’n roll

Nous avons profité de la sortie du nouvel album de Stryper, Even The Devil Believes pour évoquer avec son charismatique leader des thèmes d’actualités : la pandémie, les élections américaines, les problèmes de santé d’Oz Fox et bien sûr les projets des quatre messies du Métal. [Entretien avec Michael Sweet (Chant, guitare) par Philippe Saintes – Photo : Alex Solca]

Oz Fox a récemment été hospitalisé. Les nouvelles sont-elles bonnes aujourd’hui ?
Avec les réseaux sociaux, les rumeurs font croire le pire. Je peux t’affirmer qu’Oz n’est pas du tout à l’article de la mort comme j’ai pu le lire. Il est traité pour des crises d’épilepsies suite à la découverte de deux tumeurs inter-crâniennes non malignes. Un traitement a été mis en route. Il est rentré chez lui après avoir fait tous les examens à l’hôpital. Aujourd’hui, il se sent bien et son épouse Annie est à ses côtés. C’est l’essentiel. 

Où se situe Even The Devil Believes dans la discographie du groupe ?
C’est le meilleur (rires). J’irais même plus loin, nos quatre derniers albums sont les plus intéressants. Si nous avions la possibilité de remonter le temps jusqu’en 1984, le groupe sortirait successivement No More Hell To Pay, Fallen, God Damn Evil et Even The Devil Believes à la place de nos premiers enregistrements. Je pense que nous aurions beaucoup plus de succès aujourd’hui sur le plan commercial. C’est mon sentiment et j’assume. Je ne renie pas le passé mais ces quatre albums sont supérieurs à tout ce que nous avons fait auparavant.

Des titres comme « Lost », « Sorry », « Fallen », « Yahweh » ou « Blood Blood From Above », le nouveau single, auraient mérité un meilleur accueil de la part des radios du genre Rock.
Il y a deux raisons à cela. La première est qu’il n’y a jamais eu de campagne promotionnelle sur les ondes de la part du label Frontiers. Dans les années’80, notre maison de disque, Enigma, injectait beaucoup d’argent pour décrocher une reconnaissance médiatique en radio ou à la télévision. J’apprécie le personnel de Frontiers et je ne veux pas me montrer irrespectueux mais c’est un constat : il n’y a pas des moyens illimités pour la promotion. Le budget passe principalement dans le marketing vidéo. Deuxième critère, nous sommes un groupe chrétien ce qui est disqualifiant. Tu peux investir tout l’argent du monde, la plupart des directeurs de programme trouveront un prétexte pour ne pas diffuser nos chansons. Le groupe connaît cette discrimination depuis le début. Malgré deux top 10, MTV a boycotté plusieurs de nos clips à cause de cette connotation religieuse. Si nous n’avions pas ouvertement affiché notre foi en Jésus-Christ et simplement joué du metal avec les clichés habituels, nous serions sans doute plus populaires. Je n’ai toutefois aucuns regrets. Nous sommes le groupe que nous avons toujours voulu être.

La chanson « Make Love Great Again » est un clin d’œil au slogan de Donald Trump. Penses-tu que la situation va se calmer aux ‘Etats-Désunis’ d’Amérique après la Présidentielle ?
Je ne sais pas. Il y a des aspects positifs et négatifs chez les deux candidats. La préoccupation principale des gens aujourd’hui est la sortie de la crise sanitaire. Si Joe Biden est élu, le virus ne va pas disparaître subitement. On parlera encore de quarantaine, de confinement et d’hôpitaux surchargés. C’est le monde entier qui souffre. D’autres pays ont payé un lourd tribut malgré les nombreux efforts de leurs dirigeants pour contenir la pandémie. Il n’y a rien que l’on puisse faire si ce n’est porter un masque, se laver les mains et respecter les distances mais malgré ces gestes barrières il y a encore de nombreuses personnes testées positives. Aucun président ou leader mondial ne peut être tenu pour responsable d’une situation qui échappe à tout contrôle.

Les projets sont nombreux pour Stryper : un documentaire, un album acoustique, un disque de Noël, le remix de Reborn et pour toi un nouvel album solo, rien ne manque ?
Si, je vais enregistrer prochainement les parties vocales d’un album inspiré du Black Metal en compagnie de Tracïï Guns (LA Guns). Ce projet s’appelle Sunborn. Mon prochain album solo sortira en février prochain. J’ai décidé de franchir une nouvelle étape en matière d’expérimentation par rapport à son prédécesseur Ten. Le troisième opus de Sweet-Lynch est également en bonne voie. George (Lynch) et moi devrions commencer à bosser dessus à l’automne 2021. Et puis, je travaille effectivement sur une version remixée et remasterisée de l’album Reborn (2005). Cette réédition est basée sur les bandes originales avec le bassiste Tracy Ferry et le batteur Derek Kerswill. J’ai rajouté des solos, des parties de guitares et des voix plus hautes. Dans l’immédiat, Stryper propose un set complet avec les chansons du nouvel album enregistré en condition live et en haute qualité au SpiritHouse Studio (Massachusetts). Ce spectacle intimiste sera accessible à la demande en novembre juste avant Thanksgiving. On le proposera peut-être ensuite à la vente sur support physique (DVD, CD, vinyle). Nous avons aussi joué dans son intégralité l’album To Hell With The Devil. Cette session filmée sera disponible en mars-avril 2021. Suivront Soldiers Under Command et probablement Fallen ou God damn Evil. Le but est de jouer tous nos albums dans cette configuration pour garder un lien avec le public. C’est aussi un cadeau pour nos fans ! Nous allons transformer leur salon en salle de concerts. Malgré ces temps plus que compliqués, vous pouvez compter sur Stryper !

CHRONIQUE ALBUM

STRYPER
Even The Devil Believes
Heavy Metal
Frontiers Records

Malgré l’ostracisme qui continue à le frapper, Stryper n’a jamais perdu la foi en 37 ans de carrière. Even The Devil Believes est fidèle au Heavy Metal des eighties et intéressant comme celui des années 2000 avec un gros son moderne et une fraîcheur d’esprit. Conçu en grande partie avant le confinement, ce 12è disque des mettaleux chrétiens a vraiment tout pour plaire. Grâce à son refrain fédérateur « Make Love Great Again » est le nouveau credo de la bande. « How To Fly » est sublimé par des chœurs harmonieux façon Beatles, Queen ou Elo. On a aussi droit à une ballade (« This I Pray ») touchant l’univers gospel sudiste, mais quand il s’agit de rugir Stryper le fait avec plaisir comme sur le tranchant « For God & Rock’n’Roll » avec son chorus superbement ciselé. « Divider » et « Middle Finger Messiah » rappellent Judas Priest. Enfin, les fidèles seront heureux d’entendre le morceau « Invitation Only » tout droit sorti des sessions de Against The Law (1990). Le bassiste Perry Richardson (ex-Firehouse) apporte du groove et du swing, Michael Sweet et Ozz Fox assènent tour à tour leurs fameux et incontournables solos alors que Robert Sweet confirme qu’il est resté un batteur canon ! Voilà qui mérite bien votre attention et votre estime. [Philippe Saintes]

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