ÚLFARR : Orlegsceaft

Orlegsceaft - ÚLFARR
ÚLFARR
Orlegsceaft
Black metal
Purity Through Fire

Composé comme une œuvre musicale complète avec une intro (« Orlegsceaft ») et une conclusion proche d’un univers ecclésiastique (« Nocturnal Pantheon », tout est dit dans le titre), c’est pourtant bien dans les collines et forêts humides du Cumbria, tout au nord de l’Angleterre, que s’aventurent les membres d’Úlfarr. S’il était évident que leur deux premiers EP manquaient cruellement de personnalité, la formation britannique apparue sur la scène en 2011 tourne cette fois-ci le dos aux influences les plus primitives du black et troquent leur répertoire emprunté à Darkthrone pour un style plus travaillé (même si Darkthrone s’est aussi affiné avec le temps et demeure bien plus subtile qu’il n’y paraît). Premier LP donc depuis le grand remaniement du groupe, Orlegsceaft nous ouvre les portes d’un monde jusque-là inconnu. Alors qu’à leurs débuts, la bande emmenée par le multi-instrumentiste « Dominus », Paul Gibson dans le civil, crachait un primitivisme haineux et punk, ce nouvel Úlfarr fait preuve d’une certaine maturité et porte en lui un objectif bien plus noble.

S’élever dans les hautes sphères du black tout comme s’ancrer dans ses racines les plus profondes n’est pas un exercice facile, au risque de faire un grand écart. À coup de riffs et de cris macabres et hypnotiques, « Wælgæst wæfre » montre toute l’audace du combo sauvage. Mêlant à la fois musique black et esprit païen, ce titre n’est que le début d’une playlist aux allures de voyage initiatique. À la croisée du chamanisme et de la religion, Orlegsceaft monte cruellement mais progressivement en pression. Tiraillé, le chant de Játvarðr n’est plus qu’un cri (« Reordberend ») tandis que s’élève en chœur derrière lui la dimension sacrée de la musique (« Ic maþelode min anda to þone win… »). Lorsque la tension de l’album atteint son comble (« Volkfire »), le chant se fait plus lourd, plus lancinant et l’atmosphère n’en devient que plus pesante. Désormais, Úlfarr version 2023 semble avoir un but et Orlegsceaft en est la preuve. Si la voie semble donc ouverte à de nouvelles expériences et influences musicales, nous n’avons plus qu’à espérer que cet élan d’originalité musicale ne fasse pas brûler le groupe dans les flammes de l’enfer. Amen. [Louise Guillon]

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