L’arrivée de l’automne vous déprime ? Et vous avez déjà abandonné vos cours de zumba à la salle de sport du coin faute de motivation ou à cause de l’inflation car vous êtes fauché comme les blés ? April Art est peut-être la solution à vos maux. Formé un beau jour d’avril 2014 du côté de Giessen en Allemagne avec l’idée d’exprimer leur art (d’où leur nom qu’ils n’ont donc pas été chercher bien loin…), ce jeune et énergique quatuor va vous réveiller de votre torpeur pré-hivernale, mais risque aussi de créer certaines allergies chez les réticents au new metal, metal alternatif et autre metalcore formaté. Cartonnant outre-Rhin, voici leur tout nouvel opus Rodeo, après Rise & Fall autoproduit en 2019, et P.O.K.E.R.F.A.C.E. en 2022, entrecoupé d’un EP nommé Fighter en 2021 (Rock Attack Records). Franchement, nos quatre musiciens adorateurs de la couleur rouge font les choses bien, même si tout cela est extrêmement marketé, avec des chansons savamment calibrées (durée moyenne de trois minutes). Ce bal survitaminé s’ouvre par la chanson-titre, très efficace, avec une positive attitude à la Laurie (vous savez l’ancienne chanteuse française qui avait raté sa carrière de patineuse, à notre grand désespoir pour nos oreilles…) qui sera le fil conducteur de ce troisième effort longue durée.
Puis très vite, les hits s’enchaînent avec une étonnante fluidité, comme « Not Sorry », « On Your Side », ou le très dansant « Jackhammer » à l’intro très electro/dance (beurk !!!) dont le vidéo clip respire le fun et les vacances. Normal, il a été capté durant leur participation au pied levé à la fameuse tournée 70 000 Tons of Metal en mer des Caraïbes l’hiver dernier. Tout le monde n’aimera pas ce genre de tube trop formaté, mais il a le mérite de réveiller les corps. Entre-temps, il y a l’explosif « Burn », certainement le morceau le plus typé metal avec son vidéo clip à gros budget et effet pyrotechnique. On se dit alors qu’April Art aurait presque pu chanter dans sa langue natale histoire de flirter avec le succès du géant Rammstein, mais pour autant, sa chanteuse Lisa et le batteur Ben nous confieront en interview ne pas vouloir chanter en allemand (ils l’ont accompli une fois sur un titre) car ils comptent bien exporter leur metal alternatif et groovy en dehors de leurs frontières, et pour cela, rien de tel que l’anglais même si Rammstein a paradoxalement forgé sa gloire sur le fait de chanter justement dans la langue de Goethe…
Cette série d echansons courtes, parfaitement calibrées donc pour un public de teenagers, mais pas que, contient néanmoins de bonnes mélodies et justement, il y a là un gros travail pour arriver à calibrer ça sur une durée moyenne de trois minutes. On retient donc ces mélodies entêtantes comme sur le groovy « Head Up High » ou « Not Afraid » avec sa batterie qui pilonne au début, même si on est là toujours sur du metal moderne globalement plutôt gentillet. Les petits licks de guitares, voire de courts soli, ponctuent ces compos (« Who I Never Meant To Be », « Head Up High », « Not Afraid », la fin de « Let Em Go »…). Des influences pop/punk rock à la Sum 41 mais aussi neo metal à la Papa Roach satisferont les nostalgiques. Enfin, l’autre gros atout réside ici, et on l’avait gardé pour la fin car c’est peut être là le meilleur si l’on aime un tant soit peu les voix un peu cassées rock/metal : Lisa-Marie Watz. Bien sûr, certains détesteront. Mais la chanteuse aux dreadlocks rouges (ou roux selon la lumière et la teinture en stock de son coiffeur) porte vraiment les chansons. Sa voix assez spéciale cristallise toute l’énergie et les regards, que ce soit dans les vidéo clips ou sur scène (« Jackhammer »). Et quand on lui parle de l’influence de la chanteuse Sandra Nasić de Guano Apes ou du regretté Chester Bennington de Linkin Park (récemment reformé d’ailleurs, et qui se retourne peut-être dans sa tombe), la frontwoman ne s’en cache pas et rougit même… Enfin, ce troisième album se conclut de fort belle manière avec deux bonus : une jolie version acoustique de « Not Sorry » et une suite à « Change » (sous-titrée « Part II ») flirtant avec le hip hop. Là encore, on aime ou on déteste. A présent, pour juger tout ça en France, il va falloir patienter un peu puisqu’April Art tourne aux quatre coins de son pays et ailleurs en Europe mais boude la France. Cela devrait changer avec ce très remuant Rodeo. [Seigneur Fred]
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