AU-DESSUS : Mend

Mend (EP) - AU-DESSUS
AU-DESSUS
Mend (EP)
Post-Black metal
Les Acteurs de l’Ombre Productions

C’est le format de l’EP qui a été choisi pour ce nouvel essai des Lituaniens d’Au-Dessus, comme pour rappeler leur premier EP éponyme de 2015. Entre-temps, nous étions restés à leur excellent End of Chapter, premier album pour lequel nous nous étions entretenus en 2017 à sa sortie. Nous eûmes d’ailleurs l’occasion de découvrir Au-Dessus live au Festival Motocultor, édition 2019 (lire notre live report). En vingt-cinq minutes, les quatre encapuchonnés évoluent dans un black metal revisité, alliant sludge, post et blackened, dans un style raffiné. À l’instar de leur pochette d’album qui suggère la délicatesse de l’art japonais du Kintsugi, Au-Dessus déconstruit, puis reconstruit en sublimant le genre. Ce n’est pas pour rien que le titre de l’album se traduit du lituanien par « réparer ». Peut-être ses mystérieux membres nous proposent-ils la recette pour nous réparer après ces deux années de crise sanitaire et culture au moyen de différentes étapes…

Le cycle de la réparation s’opère ainsi à travers leur EP qui aborde les thèmes du refus, le rejet, le déni, dont la première plage (l’entêtant « Negation I ») finit par dévoiler une intensité rythmique insoupçonnée (« Negation II »). Il se poursuit par un engourdissement, une sorte d’état de profond prélassement, mais pesant (« Lethargy »), comme si la musique en elle-même cherchait à nous écraser, à nous abrutir, à nous alourdir… De cette torpeur peut en effet jaillir une manifestation divine, comme le suggère le titre « Epiphany », dont les sonorités mystérieuses ajoutent encore au mystique du quatuor. Mend se clôt magnifiquement par « Alienation », un titre qui monte en intensité dramatique pour sublimer encore le ressenti de l’auditeur qui ne restera pas indifférent à l’écoute de cet EP. Dissonant, émouvant, graduellement plus atmosphérique et complexe, mélodique par essence et empreint d’une rage pure, le black d’Au-Dessus se veut complexe. Il propose une écoute à plusieurs couches, comme un mille feuilles dont chaque étage recèle son lot de secrets, de beauté et de douloureuse colère. Ses riffs hypnotiques et les growls du bassiste/chanteur Mantas (en clin d’œil probablement à Venom) ouvrent une porte sur une autre dimension à laquelle Au-Dessus nous initie. Laissez-vous alors guider dans cet intense processus de réparation. [Marie Gazal]

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