Quel plaisir de retrouver ici le chanteur maltais Franky Calleja, vingt ans après son activité au sein de SLIT !! (Enfin même si son chanteur nous a dit que son excellent groupe de sludge/groove metal n’a pas splitté officiellement). Les death metalleux maltais de BEHEADED se plongent dans le folklore et les croyances de leur île avec leur septième opus intitulé Ghadam, paru le 25 juillet 2025 chez @AgoniaRec . Celui-ci marque une évolution significative dans le parcours du groupe, le premier album de death metal jamais écrit en maltais, alliant horreur, littérature et death metal dans un concept cohérent. Côté paroles, Ghadam s’inspire des livres de l’auteur maltais de livres d’horreur Anton Grasso, y compris du titre en référence à ce dernier. Musicalement, cet album très sombre et lourd intègre des influences musicales ancrées dans le patrimoine de l’île, mêlant la férocité caractéristique du groupe à des éléments de musique religieuse et folklorique traditionnelle, créant une fusion unique qui rend hommage aux origines culturelles des musiciens. Avec Ghadam, BEHEADED repousse non seulement les limites de son identité sonore, mais consolide également son héritage de véritables pionniers du death metal maltais ! [Entretien réalisé par Zoom avec Frank Calleja (chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]
->> Single « Il-Kittieb » par BEHEADED extrait de l’album Gadham (Agonia Records)
Rien à voir ici avec le combo anglais DEARLY BEHEADED ici, car on parle là de BEHEADED, groupe pionnier du death metal maltais. Ah bon, il y a du metal dans l’ancienne terre de l’Ordre de Malte ? Eh oui, c’est universel, chers metal observateurs !!! Et leur septième bombe débute par une douce et triste mélodie jouée à la guitare classique typique de leur île (comme nous l’a expliqué en entretien son chanteur Franck Calleja), procurant d’emblée ce genre d’ambiance de film sombre de mafia, où la religion, la business, et la famille sont intimement mêlés dans la plus grande omerta, puis c’est parti pour de brutalité ! Car oui, BEHEADED ne fait pas dans la dentelle ! Son chanteur a d’ailleurs rejoint ce vétéran du genre sur la petite scène metal maltaise en 2008. Bon, ça c’est pour planter le décor et la petite histoire, car BEHEADED ne fait pas semblant en matière de brutalité sonore et de noirceur, comme sur sa chanson-titre en ouverture qui vous crucifie sur place comme le Christ (la religion est omniprésente ici). C’est avec ses tripes que son chanteur hurle ses puissants growls affolants tout du long, et ce, dans sa langue maternelle. En effet, Ghadam constitue en outre un évènement en soi puisqu’il s’agit du premier album de death metal chanté intégralement en maltais ! Bon, pour l’export, c’est pas forcément le meilleur choix en termes de stratégie marketing et artistique, mais bon dieu, que c’est mortel et unique même si on ne comprend pas grand-chose ! Après tout, MOONSPELL a bien fait tout un album chanté en portugais (1755) et combien de formations cultes de black metal norvégiennes ont chanté dans leur propre langue ? (ENSLAVED, EINHERJER, etc.). Alors saluons déjà cet évènement, doublé d’une performance vocale énorme signée donc de Francky, l’ancien chanteur de SLIT pour ceux qui avaient apprécié au début des années 2000 le sludge/groove metal déjà novateur de ce dernier ((ré)écoutez leur album Ode To Silence par exemple paru en 2006 chez Anticulture Records).
Musicalement, comment ne pas penser à la violence d’un GODFLESH ou d’un VADER, voire même d’un GODFLESH APOCALYPSE sans aucune orchestration ou de nos feux SVART CROWN français, tellement c’est noir, lourd, brutal et malsain. Mais le petit truc en plus chez BEHEADED, ce n’est pas seulement le choix de leur langue maternelle, mais ce groove qui transpire à chaque riff et rythmique (le single « Il-Kittieb » dont l’artwork avec cette croix futuriste semble provenir du vidéo clip de « Resurrection » de FEAR FACTORY), avec quelques sonorités typiquement méditerranéennes dans les mélodies (« Gadham », « Iljieli bla qamar », « Jidħaq il-lejl »). On pense alors à leurs voisins grecs de ROTTING CHRIST, ou plutôt NIGHTFALL, car on baigne ici dans un darkened death metal à la fois brutal et mélodique. Des touches plus modernes à la GOJIRA peuvent survenir également sur certains riffs de guitares ici et là, mais qui sonnent toujours monstrueux. Au final, peut-être que Gadham manque un peu de respiration par moment tellement les morceaux sont féroces et compacts. Il y a néanmoins quelques orchestrations et atmosphères salutaires et bien amenées, sans trop en faire (« Iħirsa »). Tout cela est superbement servi grâce notamment à cette énorme production sonore signée Davide Billia (ANTROPOFAUS, COFFIN BIRTH, vous savez l’un des side-projects de notre ami belge Sven de Caluwé d’ABORTED) au MK2 Recording Studios (Italie), finalisée par un mastering de Wojtek Wiesławski au fameux Hertz Studio en Pologne (VADER, HATE…). C’est le principal bémol que l’on peut donc reprocher à BEHEADED qui accomplit là un travail de titan, donnant une œuvre majeure et résolument moderne avec une esthétique pourtant old school, notamment sur le plan lyrique, rendant Gadham tout simplement unique. Alors si vous cherchez un certain exotisme en matière de death metal, allez faire un tour dans la culture maltaise avec BEHEADED. Maintenant, on attend de pied ferme les concerts de la bande à Franky sur les scènes du Vieux Continent car à notre avis, ça risque d’envoyer du steak en live ! [Seigneur Fred]
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