Expression d’un seul homme, Blurr Thrower nous avait interpellés avec son EP Les Avatars du Vide pour lequel nous nous étions entretenus avec son fondateur et multi-instrumentiste il y a de ça presque trois ans déjà… A l’époque, ce dernier nous avait alors confiés que son album était loin d’être prêt mais il avait bien l’intention de travailler corps et âme dessus. Si aujourd’hui la pochette de ce premier effort longue durée pourrait évoquer davantage un disque de Pop avec son artwork totalement à l’inverse des standards du Black Metal traditionnel, ce dernier est constitué uniquement de quatre (longs) morceaux s’inscrivant dans un Black atmosphérique à la fois cru et épuré à la production sonore volontairement spartiate dans le sens où aucune pincette n’est prise ici pour ménager l’auditeur. Cela commence par les guitares, qui, en termes de saturation, font mal par où ça passe mais pas autant que de vieux Darkthrone ou Gorgoroth tout de même, puis ces lointains screams totalement schizophrènes de l’artiste (« Cachot », « Germes Vermeils »).
Mais ce qu’apporte ce one man band français, c’est la combinaison de cette agressivité avec de grandes plages ambiantes (« Fanes » ou « Amnios » en fin d’album). C’est là l’une des spécificités de la recette maison de Blurr Thrower. Comme si Cult of Luna avait rencontré Burzum dans une forêt norvégienne en plein hiver… Paradoxalement, l’ensemble sonne assez moderne, progressif, du fait de ces longues plages atmosphériques sinueuses où l’on peine à trouver la sortie et voir la lumière, comme si enfermé, prisonnier d’un monde étrange et solitaire (« Cachot »). La boîte à rythme présente sur l’EP (en fait il s’agissait d’un blastbeat pré-enregistré à la cassette qui tourne en boucle, nous confia le principal intéressé en 2018) a été améliorée ici au niveau sonorité, et même si elle est encore probablement utilisée exclusivement, cette dernière sonne plus naturelle. Elle pourra déranger certains, mais bon, après tout, chez Limbonic Art, Gloomy Grim, ou d’autres artistes scandinaves, la programmation de boîte à rythmes était devenue monnaie courante de nos jours tant il est parfois difficile de trouver batteur à son fût, surtout en période de confinement…
Blurr Thrower (sans aucun lien avec Bolt Thrower pour rappel) signe donc là un premier album intéressant qui aurait pu aller plus loin peut-être. En effet, si Les Voûtes avait été agrémenté de quelques morceaux supplémentaires plus ou moins longs, l’artiste francilien aurait pu nous convaincre un peu plus de son potentiel révélé donc sur l’EP Les Avatars du Vide en poussant davantage le concept artistique et l’expérimentation comme le font régulièrement ses compatriotes, certes plus rodés en la matière, Deathspell Omega ou bien Blut Aus Nord. D’un autre côté, cela entretient le mystère sur Blurr Thower… Nul doute alors qu’à l’avenir, cette jeune pousse deviendra grande sur ces prochaines œuvres studio à défaut de concerts pour l’heure. [Seigneur Fred]
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