BLUT AUS NORD : Disharmonium – Nahab

Disharmonium – Nahab - BLUT AUS NORD
BLUT AUS NORD
Disharmonium – Nahab
Dark ambient/black metal atmosphérique
Debemur Morti Productions

Une nouvelle offrande du mystérieux et obscur groupe de metal extrême Blut Aus Nord, tellement protéiforme dans son inspiration depuis sa naissance sur les fonts baptismaux au débuts des années 90. Avec ce Disharmonium aujourd’hui, c’est le vent Nahab qui souffle… Mais que cela soit dans les « séries » 777, Memoria Vetusta (nos favoris), il y a des constantes chez son chef d’orchestre Vindsval et son co-fondateur W.D. Feld, dans le travail d’horloger des couches malfaisantes des guitares, la radicalité des concepts, les paysages sonores païens. D’ailleurs, même le paganisme des Frenchies s’avère protéiforme : il se situe dans l’espace infini, relie la croyance au grand « Tout », de l’infiniment grand (l’Univers) à l’infiniment petit (nos propres cellules dans le liquide primordial). Namaste !

Ce post-black expérimental peut mettre mal à l’aise. En effet, ce monde est visqueux mais frénétique, on y entend des grognements de monstres, des déclamations de vestales décharnées, on nage dans les égouts d’Hel ! Les quelques breaks un tant soit peu atmosphériques et crépusculaires, ou, les rares chevauchées purement black metal sont presque un soulagement, un pansement sur les plaies suintantes. Sur ce quinzième opus, l’originalité nous semble représentée par les envolées vocales de vestales altières, que l’on devine pourtant… mortes. Il y a de manière plus général un travail de tragédie  infernale olympienne dans les vocaux : des grognements hargneux (« Mental Paralysis »), de cris d’animaux ne faisant pas partis du bestiaire terrien (« The Endless Multitude »), à la limite de la bête du Rancor (« Nameless Rites ») sur des riffs délicieusement dissonants, mais aussi des chants païens forcément.

La dissociation en track by track des galettes de Blut Aus Nord, si « monolithiques », revêt peu de sens mais, quelques extraits néanmoins : « Mental Paralysis », à la fois voyage au centre de la Terre, et au centre du corps charnel. Le complexe « The Endless Multitude » ou comment le black metal pointe clairement ses boucles malsaines des années 90 ici, avec même une chevauchée à la Memoria Vetusta. « Queen of the Dead » avec un fond vocal de prêtresses féeriques d’outre-tombe, le son y est si désincarné qu’il en devient liquide et vaporisé… « The Black Vortex » : danse avec des créatures dans le royaume d’Hadès, les riffs descendent aux tréfonds, les apparitions vocales, diverses, vont et viennent. Et pour achever le tout, il y a une intimité ici souvent cauchemardesque. Attention donc, ne pas écouter cette œuvre pour s’endormir. Elle est non recommandée non plus pour les états dépressifs ! Mention spéciale au passage à l’artwork soigné de ce Disharmonium – Nahab qui a bien évolué, et c’est bien naturel, depuis 1995 et un certain Ultima Thulée… Dans tous les cas, l’empreinte Blut Aus Nord, si prégnante soit-elle, est toujours aussi renouvelée, avec une prise de risque assumée même si Vindsval n’hésite pas à ‘exprimer à travers divers side-projects comme Yerûšelem (lire notre précédent entretien dans METAL OBS n°87 mars/avril 2019 p.38)… [Morbidou]

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