CATALYST : A Different Painting For A New World

A Different Painting For A New World - CATALYST
CATALYST
A Different Painting For A New World
Death metal progressif
Non Serviam Records

S’ouvrant sur l’intro « Gathering of New Forces », jouée à la guitare acoustique doublée d’orchestrations digne d’un film hollywoodien, enchaînée directement au terrible « To Unleash Thy Heinous Fate », on se dit d’emblée pourquoi donc on n’a pas écouté plus tôt cette formation lorraine ?

Malgré un premier essai en 2019 baptisé The Great Purpose of the Lords chez Great Dane Records, Catalyst compte bien s’affirmer davantage aujourd’hui sur la scène techno death européenne. Pour cela, il sort le grand jeu en récidivant avec A Different Painting for a New World, suite au concept lyrique dense et fouillé. Voici son histoire résumée d’après son principal compositeur et auteur Jules Kicka (guitare/chant) : « Il s’agit de l’histoire d’un univers parallèle qui aurait été créé par une entité unique nommée le Créateur. À ses côtés, huit sages contrôlent cet univers pour en assurer l’équilibre parfait. Des millions d’années passant, le Créateur entraîne son monde dans un chaos gigantesque et les huit sages décident de se désolidariser de leur maître pour trouver quelqu’un qui aura les capacités de rétablir la pureté jadis acquise de leur univers.

Dans le premier album, les huit sages trouvent la personne qui sera le Catalyseur de leur force et le proclament Catalyseur et neuvième entité parmi eux, avec pour objectif de remplacer le Créateur. Dans ce deuxième album, l’accent est mis sur la bataille entre le Catalyseur et le Créateur, que l’on voit d’ailleurs sur l’artwork, dont l’issue de la bataille a pour dessein de rendre à cet univers sa splendeur perdue ». C’est carrément digne d’un scénario des Marvel Studios mais en mieux (on pense aux Éternels qui ne rencontra pas son public en 2021…), qui plus est pour la bande sonore ici qui nous concerne et va s’avérer dantesque !

Rythmé, excellemment bien produit, avec des textes fouillés et un artwork léché (signé Vincent Fouquet), Catalyst impressionne par son jeu technique mais pas que, car tout ne repose pas ici sur la technicité et la rapidité d’exécution. C’est là que ce groupe lorrain se distingue de la masse par d’autres atouts. A Different Painting for a New World possède tout d’abord de solides compositions, certes parfois à tiroirs, mais extrêmement bien ficelées et catchy (« Paragon of Devastation » et son intro à la Chimaira). Ensuite, il y a ce côté épique si cher aux fans de Nile par exemple, Melechesh (pour certaines sonorités orientales), ou Fleshgod Apocalypse. Les superbes orchestrations sont présentes mais pas pompeuses. C’est chargé, ok, mais pas trop, contrairement parfois aux Italiens précités.

Les claviers et nombreux chœurs (chants clairs principalement) n’écrasent pas tout et sont là quand c’est nécessaire, la formation basse/guitares/batterie/chant se suffisant à elle-même quand le propos a besoin d’être violent et frontal (le brutal et tellurique « To Unleash Thy Heinous Fate », le speed « The Last Warning »).

La basse de Jefferson concurrence sans problème celle de nos cousins québécois de Beyond Creation. Les breaks typés death metal, voire brutal death/grindcore s’avèrent carrément renversants, à la croisée d’un Morbid Angel en forme olympique et un Dying Fetus impérial (l’énorme break encore sur « To Unleash Thy Heinous Fate »). Mention très bien au passage au batteur Stef pour sa subtilité et sa vélocité. Côté guitares, ça tricote pas mal, que ce soit à la guitare électrique ou acoustique. Les plans à la gratte classique rappelleront notamment les Orléanais (trop discrets !) d’Impureza.

On sent tout du long la hausse de niveau et le travail d’acharné accompli par Jules et Florian par rapport au précédent essai. À la limite, la production sonore une nouvelle fois confiée (sauf pour la batterie) à Herr Krauss au Vamacara Studio à Clisson (Mercyless, Loudblast, Acod, Exocrine, Savage Annihilation…) aurait presque pu faire encore mieux pour sublimer leur qualité de jeu tant les soli sont un régal pour nos esgourdes, sans pour autant, encore une fois, faire du remplissage ni en faire trop. Chaque composition est construite sur des ponts solides et soli mélodiques brillants à la guitare. Les interludes plus tranquilles d’une grande fluidité constituent des respirations toutefois nécessaires pour ne pas perdre l’auditeur (« Arise of the Anathema », « Peripeteia ») et nous amener toujours plus loin dans cette admirable épopée sonore.

Au chant, les growls de Jules convaincront tout amateur de brutal death, souvent contrebalancés par des chœurs. Pourtant chaotiques et sombres, ses paroles sont à suivre avec attention dans ce concept album peu enclin à la joie, le héros de l’histoire étant emprisonné. Pour connaître la suite de ses aventures, il faudra attendre le prochain et troisième album de nos Français. On en salive d’avance (le superbe « The Catalyst’s End »). Pour l’heure, on a hâte surtout de les découvrir live avec une telle œuvre qui les place sur le haut du panier de la scène hexagonale, voire européenne, au côté des Gorod ou Exocrine, avec déjà une réelle personnalité. Chapeaux les gars ! Pour fans d’Obscura, Nile, Opeth, Dying Fetus, Impureza, rien que ça… [Seigneur Fred]


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