DARK TRANQUILLITY : Endtime Signals

Endtime Signals - DARK TRANQUILLITY
DARK TRANQUILLITY
Endtime Signals
Death metal mélodique
Century Media

Premier enregistrement studio de Dark Tranquillity sans son batteur originel Anders Jivarp, parti en 2021 après l’album Moment (auquel il avait largement contribué dans les compositions) et trente ans de bons loyaux et services, Endtime Signals s’inscrit néanmoins dans la continuité de son prédécesseur. On retrouve des parties death metal modernes furieuses et catchy (« Unforgivable », « Drowned Out Voices’…), ces claviers inimitables signés Martin Brändström (qui s’est rasé la barbe entre-temps et semble rajeuni ici !) aux sonorités peut-être plus axées années 80 parfois (« Our Disconnect », « Wayward Eyes »), et toujours le charismatique et adorable Mikael Stanne au chant, tantôt guttural, tantôt clair. Si les premiers singles qui ont été diffusés jusqu’à là semblent assez classiques, voire même un peu trop formatés suivant un certain schéma de routine de la part des Suédois avec des morceaux punchy parfaitement calibrés (« Shivers and Voids », « Enforced Perspective »), il faut creuser un peu dans ce treizième opus pour en apprécier le groove (« Neuronal Fire », « A Bleaker Sun ») et y percevoir toutes ses subtilités comme sur le single et très mélancolique « The Last Imagination », quelque part entre Atoma et Construct avec son superbe vidéo clip reprenant le concept visuel imaginé par leur ex-guitariste et surtout graphiste Niklas Sundin (Cabin Fever Media) pour Moment, dans des couleurs cependant cette fois plus froides ici (pastel, violet). Rappelons que Moment était un album très introspectif sur la place de l’Homme et ses interrogations composé avant la pandémie et publié en novembre 2020. Sur « The Last Imagination », cette tendance est clairement reprise justement, sauf qu’à la baguette en véritable compositeur, c’est Johan Reinholdz (Andromeda) arrivé en 2020 qui a majoritairement tout composé ici en collaboration avec les titulaires de l’équipe, à savoir le claviériste Martin Brändström et le frontman Mikael Stanne (chant), et la nouvelle équipe constituée en 2022 avec Christian Jansson (basse) et Joakim Strandberg-Nilsson (batterie), simples exécutants ici.

Dans cette veine atmosphérique, on notera le troisième single, plutôt réussi et relativement mélancolique mais faussement calme lui aussi, intitulé « Not Nothing » (à ne pas confondre avec leur ancienne chanson « Out Of Nothing » issu de Character paru en 2005 !). Sur cette belle chanson qui pourra rappeler d’une certaine façon l’ancien hit « Misery Crown » par son groove et sa mélancolie justement, on retrouve ici un peu de la magie d’antan de ces pionniers du death metal mélodique de Göteborg, période Projector, vous savez, l’album de la discorde qui innova totalement en 1999 : Ces petites touches plus subtiles et propre au son de Dark Tranquillity sont bel et bien de retour, notamment dans les licks de guitares de l’excellent Johan Reinholdz (Adromeda) qui a donc composé la majorité des nouveaux titres ici, apportant ses influences notamment progressives, que ce soit à travers les claviers de ou les guitares (« Drowned Out Voices », « The Last Imagination »…), faisant presque oublier ses illustres prédécesseurs aux six cordes, à savoir Niklas Sundin, Martin Henriksson (ex-bassiste, puis guitariste et actuel manager du groupe), et enfin le regretté Fredrik Johansson (R.I.P.) disparu en 2022 à cause d’un cancer.

Enfin, pas tout à fait oubliés, puisque deux morceaux ont été composés et offerts ici par leurs anciens membres Niklas Sundin (toujours proche du groupe puisque réalisateur de tous les artworks de DT encore maintenant) et Fredrik Johansson (lire notre interview où Mikael Stanne en parle avec émotion). Il s’agit du superbe et poignant « One Of Us Is Gone » signé ironiquement Fredrik Johansson. Sans être directement dédié à leur défunt camarade, ce morceau et véritable pièce maîtresse située en plein milieu de l’album va vous donner des frissons, avec pour la première fois de véritables violoncelles, et la voix claire touchante du frontman rouquin renvoyant à l’époque de Projector . L’autre cadeau arrive en fin d’album, et s’appelle « False Reflection ». Niklas Sundin a toujours dit aux gars du groupe qu’il serait là en cas de besoin, et collaborerait d’une manière ou d’une autre. Outre l’aspect graphique de chaque album, il a tout simplement offert cet ultime et magnifique conclusion où Stanne brille une nouvelle fois en voix claire. Alors pour tous les fans qui étaient un peu en manque de cette facette du groupe suédois, ils sont servis sur un plateau. Là encore, chair de poule garantie. Au final, Dark Tranquillity ne prend pas énormément de risque sur Endtime Signals , proposant du changement dans la continuité en fin de compte. Né sous la houlette du musicien et compositeur orfèvre Johan Reinholdz qui est loin d’être un novice en la matière (écoutez ses albums avec Andromeda dont le chef d’œuvre II = I), ce treizième album studio perpétue le son des Suédois avec des évolutions subtiles, et quand il y en a, ils sont admirablement soignés et intégrés. Un bel album qu’il faudra savoir décortiquer pour en apprécier toute la magie, mais qui convaincra difficilement les nostalgiques de The Mind’s I ou The Gallery, deux classiques du groupe de Göteborg dont qui fêteront bientôt leur trente ans d’existence ! Merci dans tous les cas à DT pour sa générosité et sa longévité, et sa toujours grande sincérité en concert. [Seigneur Fred]

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