Quelle générosité de la part de nos voisins rosbifs Devastator à l’approche des fêtes ! Pas moins de quinze plages figurent sur ce que l’on pourrait croire à première vue comme leur second assaut sur la scène rétro thrash/black d’outre-Manche. Mais en y regardant de plus près, légère déception : on y retrouve les sept premiers titres qui figuraient déjà sur leur premier LP Baptised in Blasphemy, publié en 2018 chez Clobber Records, et ce, avec le même track-listing, mais heureusement le tout a été remasterisé pour l’occasion. Quant au huitième morceau « Merciless Onslaught », ce n’est pas non plus un nouveau morceau inédit puisqu’il est déjà paru en 2020 en single. Et enfin, tout le reste de cette réédition finalement contient les morceaux précités en version live. Bref, le menu qui s’annonçait copieux ne l’est pas tant que ça car vous l’aurez compris, il s’agit là pour Devastator de mettre les petits plats dans les grands afin de mieux conquérir le monde grâce désormais à un deal avec le label français Listenable Records. À noter que ses membres ont été repérés à l’origine par un certain Tony « Demolition Man » Dolan (ex-Venom et actuel Venom Inc. au côté de Mantas pour l’histoire que vous connaissez autour du nom du groupe possédé par Cronos) et Ben Ward (Orange Gobblin). Forcément, ça aide si l’on est encensé par ses pairs.
Mais après la forme et ces belles présentations, penchons-nous sur le fond à présent car Devastator sent bon le mâle, le bouc, les vestes à patches ou les perfectos (au choix), les cartouchières, et la bière… En effet, on passe en mode rétro, vintage, ou séquence nostalgie, après tout c’est tendance. Tout est cyclique. Appelez ça comme vous voulez, et retour ici aux années 80, au moment des premiers méfaits de Venom (forcément), Destruction, ou Sodom (période In The Sign of Evil), et Bathory (période Requiem/Octagon), voire Motörhead au début des années 80, eux qui marquèrent l’arrivée speed et du thrash metal en Grande-Bretagne. Composé de T. Nachtghul (basse/chant), R. Amun (guitare lead), C. W. Wolfgang (guitare rythmique) et de J. Scarlett (batterie), ce quatuor envoie la sauce, à l’image de leur single et vidéo clip bien evil « Howling Night » (https://www.youtube.com/watch?v=gcAaiesAGwY). S’ils ne réinventent pas la roue du speed/thrash à la sauce black justement, c’est vraiment joué avec passion et sincérité, que ce soit sur la version studio en ouverture de l’album, ou en live enregistré dans leur pays au fameux festival Bloodstock. Quelle patate mes amis ! Sur les versions studios, les guitares sont toutefois plus agressives, et comment ne pas penser aux vieux débuts des Tom Angelripper et autres Cronos, avec ce côté agressif et provocateur qui faisait peur, hé oui les amis, dans la première moitié des années et qui commençait à chambouler la scène heavy metal née dans les années 70. Le tempo s’accélère furieusement (le dévastateur « Hail Death »), les breaks se font plus lourds avec l’introduction de réelles mosh parts (« Worship The Goat »), et le chant devient plus menaçant et diabolique, telle la voix du malin. Nous passerons les habituels gimmicks lyriques ou visuels du genre tellement ils sonnent clichés (cf. artwork). Les solis de guitare ne sont pas en reste, et quand il s’applique, Amun fait un malheur. Vive le shredding ! Le vibrato devient une arme, et on atteint des sommets. L’exemple parfait serait la chanson « Hail Death », qui contient même un passage typé black metal à la old Mayhem avec une harmonie de guitare sur son break avant son pont central qui mène vers un solo du diable…
On pourrait citer encore le perfide « Death Slut », le direct « Sent Them To Hell » ou le bien speed « Baptised in Blasphemy », le guerrier « Spiritual Warfare », c’est bien simple : il n’y a rien à jeter ici, le groupe allant à l’essentiel, aucun temps mort, façon de dire : « vous vous reposerez quand vous serez mort ». Quant aux titres live, ils confirment tout cela, et même si le son est moyen, ça transpire, on entend le public et les pains, et l’ambiance speed/thrash/black est au rezndez-vous. Dans tous les cas, vous l’aurez compris, le revival étant à la mode, Devastator n’a pas l’intention de réinventer la rouge mais compte bien la graisser de nouveau avec humilité en faisant rugir les guitares et la nasse comme l’ont fait en leur temps les regrettés Lemmy Kilmister, Quorton, et le font encore les Tom Angelripper (Sodom) et Cronos (Venom) de nos jours même si tout cela ne nous rajeunit. Mais l’essentiel est que la flamme, non pas olympique mais métallique pour le coup, continue de brûler en soi. P.S. : petit coup de gueule quand même : il aurait été sympa d’inclure les deux nouveaux titres, à savoir « Liar In Wait » et « Death Forever » parus plus tôt cette année 2023. Mais il y a fort à parier qu’ils figureront sur le prochain réel second album de Devastator prévu au printemps 2024 chez Listenable Records. D’ici là, « keep the metal flame alive » ! [Seigneur Fred]
Publicité