Annoncé en 2018 comme le double album de sa carrière, DevilDriver sort seulement en mai 2023 le second volet de Dealing with Demons, signant par la même occasion son dixième opus studio. Du haut de ses vingt ans d’existence, avec ses publications quasi-millimétrées tous les deux ans, et ce premier double album conceptuel à l’effigie des démons qui hantent les hommes, le géant américain du groove metal prouve qu’il est plus que jamais dans la place ! [Entretien avec Dez Fafara (chant) par Marie Gazal – Photo : DR]
Déjà, comment te sens-tu Dez ? J’ai suivi l’annulation de ta participation au Bloodstock Festival (UK) avec DevilDriver, en raison de tes lésions cardiaques, conséquences du coronavirus…
Le covid m’a presque tué. Ça m’a pris quasiment quatorze mois pour en revenir. Je vivais au rez-de-chaussée de ma maison, je n’étais pas capable de naviguer entre les étages par les escaliers. Ça m’a pris un temps considérable pour en être capable, ne serait-ce que de penser que je pourrais un jour retourner sur scène. Sur les ordres du médecin, je ne peux pas effectuer de vols de plusieurs heures et même l’altitude représente un danger en ce moment. Mon cœur va bien, il me reste encore une inflammation qui guérit lentement. J’espère que dans un an, deux ou trois ans…, je ne sais pas, je serai capable de voyager à l’étranger. Mais dès que c’est possible, je reprogrammerai les concerts, bien sûr.
C’est la première fois que vous sortez un double album dans l’histoire de DevilDriver. Quelle était l’idée de départ ?
L’idée de départ était de sortir Dealing with Demons vol. 1 en 2020 et Dealing with Demons vol. 2 en 2021. Mais évidemment, avec la pandémie, ça a été retardé. Nous avons enregistré tous les morceaux au même moment. Nous en avons peut-être enregistré quinze à vingt de plus que ce que nous avons là, parce qu’on voulait vraiment que les albums soient des A+, je ne voulais pas de faces B dessus. Souvent, quand un groupe produit un double album, le deuxième album est un ensemble composé de faces B, fait avec les restes, et ce n’est pas le cas pour nous. Les albums sont aussi plus courts que la plupart. C’est pour permettre à l’auditeur d’écouter le premier et ce second volume au même moment. C’est la façon dont il faut les écouter. Dealing with Demons traite de ça : les démons que nous avons tous en nous, que ce soit gérer sa sobriété, les relations avec les gens qui t’ont poignardé dans le dos, toutes les problématiques que rencontrent les humains en général. J’ai raconté ce à quoi je faisais face et j’espère en faire ressortir quelque chose de positif, peu importe ce que les gens traversent dans leur vie.
Fais-tu une différence entre le premier et ce second volume ? Y a-t-il une évolution ?
Clairement. La musique prend un virage plus lourd dans le deuxième volume, et plus technique. Nous avons conservé certains des meilleurs morceaux pour le deuxième volume. Quand le premier volume est sorti, il a été très bien reçu. Il a atteint la troisième position au cours de l’année aux États-Unis. C’était judicieux de sortir de la musique au milieu de la pandémie, parce que les gens en avaient besoin à ce moment. Je voulais sortir le volume 2 lorsque je serais capable de tourner à nouveau, mais fin 2021 et toute l’année 2022, j’ai dû vraiment me mettre au repos pour me soigner, être avec ma famille et ne pas me concentrer sur la musique. Là , la tournée américaine se termine, c’est la dernière date ce soir avec Cradle of Filth en co-tête d’affiche. Elle s’appelle « Double Trouble » et ça a été incroyable, avec de nombreux concerts à guichets fermés. J’ai quand même hâte de retourner me reposer chez moi un moment.
Votre premier clip paru en début d’année pour le titre « Through The Depths » démarre comme un banquet, qui semble inspiré du dernier repas que Jésus partage avec ses apôtres… Tu y romps même le pain ! Quel rôle joue la religion dans la musique de DevilDriver ?
Beaucoup de gens ont pensé que la vidéo était inspirée par le dernier repas de Jésus, mais en réalité pas du tout. Cette vidéo parle de comment les hommes se transforment en animaux parfois. Je me transforme en bouc, par exemple. Tout le monde se transforme en personnages. Et le morceau traite vraiment de nous en train d’observer notre côté animal. Il y a des démons autour de nous. Il y a aussi une profusion d’aliments et de boissons sur la table, qui sous-entend qu’il faut y faire attention, se restreindre, ne pas gaspiller. Le message de la vidéo est de surveiller ses péchés. Je suis très inspiré non seulement pas l’histoire, mais aussi par la religion. Certaines personnes sont si gentilles, aimantes, alors que d’autres s’entre-tuent : c’est une dichotomie très étrange chez l’Homme ! Cette vidéo veut dire : « fais gaffe à ton côté animal ».
Avez-vous prévu de sortir d’autres vidéos extraites de ce nouveau volet Dealing with Demons vol. 2 ?
Oui, nous avons un morceau capté en live qui va sortir, et la troisième chanson qui sortira sera filmée en studio. Les vidéos sont très marrantes à faire. Nous travaillons avec une super équipe d’artistes : un véritable directeur de la vidéo, des artistes, du maquillage… Et c’est intéressant de lancer une idée au sein d’un groupe d’artistes pour voir quelle tournure elle va prendre !
Enfin, quelles sont les nouvelles du côté de Coal Chamber ? Vous vous étiez reformés en 2011, puis mis en pause de nouveau en 2016…
Nous nous sommes tous appelés hier soir, à rire comme des gamins pendant une heure ! Nous allons tourner avec Mudvayne en juillet pour un concert devant 25 000 personnes. On va aussi faire des festivals : Fake New World, Blue Ridge Fest aux USA. Comment nous sommes-nous reformés ? Je pense d’abord que chaque membre du groupe a géré ses problèmes. Ensuite, ma femme les a appelés en leur disant qu’elle ne savait pas si j’allais mourir et qu’ils devraient m’appeler. Ils m’ont appelé tous les jours. Et au bout de neuf mois, l’un d’entre eux a dit : « On devrait faire un concert ensemble ! » Je ne sais pas s’ils l’ont dit pour me faire tenir ou quoi, et je leur ai dit que j’étais partant dès que j’irais mieux et que je les aimais. Je pense que la merde qui a fait imploser le groupe a disparu et que nous avons tous grandi depuis. C’est le moment de réessayer !
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