Year 2 a été enregistré et mixé par Tim de Gieter, puis masterisé par Jack Shirley (Deafheaven, Downfall of Gaia, Oathbreaker), avec qui « le contact est simple, tout est logique avec lui et il a une approche similaire à la nôtre » selon Tim de G. himself. L’album s’ouvre sur « Pastel Prison » qui prend d’abord son temps pour installer une ambiance anxiogène, avant que colère et rage ne viennent happer l’auditeur, le tout accompagné par de puissantes nappes industrielles. Puis « The Sheer Horror Of The Human Condition » emprunte la même voie, avec l’apparition de growls, et même de screams stridents à la sauce black metal, jusqu’à une fin de morceau des plus chaotiques ! « Innocence (An Offering »), le troisième morceau, continue sur la même structure que « Pastel Prison », avec cette basse toujours plus vrombissante alors que « Bone Bipe » vient accentuer le travail de sape du groupe belge. Quelle tension, quelle souffrance, on se dit qu’avec encore cinq titres, il va falloir être costaud émotionnellement ! Et surprise, « Peine » rompt avec le schéma des quatre précédents, puisque nulle effusion de colère ici, mais le propos et l’ambiance demeurent néanmoins négatifs…
La machine Doodseskader repart alors avec « Future Perfect (A Promise)» et la même recette initiée en début d’album, à savoir le calme avant la tempête, la morosité avant le déferlement de violence, alors que sur « Secrets Make Lonely » plane l’ombre de Trent Reznor (NIN), avec la basse comme pierre angulaire du morceau. Nos deux flamands exhortent leurs démons intérieurs et finissent par envoyer « I Ask With My Mouth, I’ll Take With My Fist » et « People Have Poisoned My Mind… » à la face de l’auditeur égaré parmi ses sonorités, éreinté par ce marathon sonore. La tension est à son comble, une atmosphère malsaine, lourde, brutale mais aussi fragile, transpire sur la totalité de cet album, résultat du travail acharné de deux cerveaux en ébullition du côté de Gand (Flandre orientale). On ne ressort pas indemne à l’écoute de Year 2. Assurément l’une des premières claques musicales de l’année avec peut-être Vitriol, dans un genre différent et foncièrement plus metal celui-là (death metal). [Norman Garcia]
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