DVNE : Spicy metal

Déjà auteur de trois EP et un LP Asheran (2017), Dvne nous a interpellés et même séduits avec son second album Etemen Ænka car il y a un petit quelque chose de spécial dans l’univers de ce groupe franco-écossais qui risque de vous plaire, que vous soyez amateurs de riffs stoner énergiques ou d’ambiances progressives dans un trip SF & désert… Alors quand on a appris en plus qu’un jeune musicien angevin faisait partie de l’aventure, on a contacté leur nouveau label Metal Blade pour faire connaissance au plus vite !
[Entretien avec Victor Vicart (guitare/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]

DVNE band

Est-ce toi qui es à l’initiative du groupe Dvne ? Comment est né le groupe en 2015 à Édimbourg ?
Alors, Dvne, j’ai commencé en fait le groupe avec le batteur Dudley Tait en 2014. Je vivais à Londres, puis j’ai déménagé à Nottingham. J’avais eu des groupes entre-temps, mais à chaque fois j’arrivais dans un groupe déjà en place, mais ce n’était jamais vraiment ce que je voulais jouer. C’est parti d’une petite annonce, et, donc avec Dudley, on a décidé de démarrer ce nouveau projet. On a d’abord enregistré une démo sous le nom de Dune avec un « u », ce fut le premier EP Progenitor. Après, l’autre guitariste/chanteur Dan Barter nous a rejoints sur le second EP Aurora Majesty en 2014. On a fait des concerts et quelques tournées en Europe tout en restant amateur. En 2017, on a sorti notre premier album Asheran, déjà produit alors par Graeme Young, sur le label d’un ami français Wasted State Records au lieu de Holy Roar Records (Conjurer, Rolo Tomassi…). Ça nous a ouvert quelques portes, on a pu tourner aux US (Psycho Las Vegas), jouer au Desertfest à Londres, ouvrir pour Eyehategod, Crowbar, se produire parfois devant 2000 personnes comme au fameux Inferno Festival à Oslo le même jour qu’Opeth. Et maintenant, nous voilà chez Metal Blade pour trois albums dont le nouveau, donc on est ravi !

En tant que français émigré en Ecosse, as-tu pu voter et eu ton mot à dire pour le Brexit et comment ça se passe pour toi et le groupe car il va falloir déclarer le matériel, si vous partez longtemps avoir un visa, etc. car vous n’êtes plus dans l’espace Schengen ?
Non, car je n’ai pas la double nationalité et reste français même si je vis ici. Je n’ai pas eu le droit de voter. En fait, c’était déjà compliqué jusqu’à présent pour envoyer du merchandising en Europe par exemple à cause de la différence de devis les frais ports, etc. Cela prend du temps. En fait, c’est beaucoup de paperasse, et du coup ça va forcer à faire les choses malheureusement dans la clandestinité… Même si on commence avoir plus de visibilité maintenant, pour tourner cela va être compliqué pour les groupes, surtout avec la situation sanitaire actuelle, mais je pense que l’on va prendre un van immatriculé que l’on va louer en Hollande, et à notre échelle, on va pouvoir jouer et donner des petits concerts, ça devrait aller.


Ah ! Ces Anglais ! Ils veulent les avantages de l’Europe sans en faire partie ! Du coup, les traités en cours de négociation vont déboucher au final sur des compromis et des accords assouplissant les contraintes douanières. Mais l’Ecosse en majorité ne voulait pas se retirer de l’Europe, elle qui a d’ailleurs toujours été proche de la France historiquement et politiquement…
C’est vrai. C’est dommage car la culture en subit d’autant plus les conséquences. Je pense cependant qu’il y a quand même une petite lueur. La Grande-Bretagne et l’Europe se renvoient la pareille à propos des tournées d’artistes : ils auraient proposé chacun de leur côté qu’il n’y aurait pas l’obligation d’avoir un visa pour les tournées des groupes si ça n’excède pas quatre-vingt-dix jours, ce qui serait déjà pas mal. Après il faut juste concrétiser cet accord en cours de pourparlers.

Dvne 2020 - by Alan Swan (3)


Pourquoi ce nom Dvne pour le groupe avec un « v » ? Toi et les autres êtes fans du livre culte Dune de Frank Herbert et du film du même nom dont le remake est prévu pour l’an prochain au cinéma si tout va bien par Denis Villeneuve ?
À l’époque au début, il y avait un « u » comme Dune, puis on a écrit Dvne pour se distinguer dans les recherches afin que les gens nous trouvent plus facilement. Esthétiquement, on trouvait que ça rendait mieux aussi. Bien sûr, on est fan de l’œuvre de Frank Herbert et on aime cette science-fiction qui pose de vraies questions. On trouvait dès le départ sur notre EP Progenitor que nos chansons relativement longues t’emmènent dans de grands espaces sonores et atmosphériques avec des textures stoner et orientales, dans des univers lyriques avec ce côté un peu space. Donc oui, clairement il s’agit d’une influence et on est tous fans de SF dans le groupe. On joue aussi pas mal aux jeux vidéo, etc. Pour en revenir à Dune, le livre, il y a un côté mystique qui nous va bien, et c’est une science-fiction pas froide, l’humain est au cœur de tout cela. On a donc développé tout un imaginaire autour de ça mais qui n’est pas directement relié à Dune mais qui reste inconsciemment dans nos esprits en permanence. On espère que les auditeurs seront curieux et plongeront aussi dans notre univers…


Bon, penchons-nous sur ce second album et premier chez Metal Blade. Il s’intitule Etemen Ænka. Musicalement, j’ai pensé d’emblée pour tout t’avouer à Mastodon, mais pas que, car votre musique brasse bien plus large et contient diverses influences…
Carrément, je suis un énorme fan personnellement de Mastodon, surtout les albums Remission et Crack The Skye. J’adore ce mélange car c’est à la fois hyper lourd, technique, et progressif. Peu de groupes ont réussi à faire pareil. J’aime ce qu’ils ont fait ensuite après Crack The Skye, attention, mais ce ne sont pas mes préférés. C’est du prog’ metal bien mais plus spontané, moins froid, le chant me touche plus. Cependant, c’est une influence parmi d’autres pour Dvne, au milieu de beaucoup d’autres, comme Opeth, Yob, Intronaut, SubRosa, etc. Et Pink Floyd, bien évidemment. Cependant, nos influences je pense sont diluées aujourd’hui. Elles arrivent naturellement sans que l’on se dise : tiens, si on sonnait Mastodon ici, puis comme ça là, etc.

Étant donné que cet album a été repoussé à plusieurs mois pour sortir à présent en mars chez Metal Blade, je présume que tu dois avoir du recul à présent dessus… Comment le décrirais-tu avec tes propres mots ?
Cela fait un petit moment que l’on s’assoit dessus, en effet. (rires) Il devait sortir initialement en septembre, alors j’ai eu le temps de le digérer et je commence seulement à l’apprécier. En fait, je suis curieux et impatient de voir les réactions justement. Je dirais que ce nouvel album Etemen Ænka est peut-être le plus contrasté. Il y a moins d’entre-deux. Les passages plus brutaux et directs sont plus heavy, et les parties plus atmosphériques, en son clair, et progressives sont plus poussées et développées. Alors bien sûr, j’aime bien encore sur ce que l’on avait fait sur le précédent album Asheran. Mais là, on a réussi à faire ce que l’on voulait faire car on savait aussi plus ce qu’on avait en tête. On a pris plus le temps d’expérimenter peut-être. Sur Asheran, les choses s’enchaînaient bien et on était rentré direct en studio avec le concept en tête, presque de l’impro. Là c’est différent, et par exemple, depuis le temps que je voulais mettre du clavier par endroit, et bien là on a réussi à l’intégrer en studio. Aussi, on ne joue pas au clic, tu sais, donc ça sonne plus naturel, etc. Et quand ça bouge, alors ça bouge davantage sur Etemen Ænka.

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