La carrière d’Edu Falaschi a été parsemée de hauts et de bas qui l’ont amené à se faire très discret durant quelques années. Si on le croyait perdu, le chanteur brésilien est plutôt un miraculé, effectuant une véritable résurrection cette année 2023 ! Personne n’aurait pu imaginer qu’il soit capable d’atteindre un si haut niveau après ses déboires vocaux qui l’amenèrent à quitter Angra en mai 2012, lui qui pourtant succéda admirablement à André Matos (R.I.P.), parti rejoindre entre-temps les anges… S’il a sévi au sein d’Almath un certain temps (2006-2016), il choisit ensuite d’entamer une carrière solo (Moonlight, Ballads The Glory of Sacred Truth) nous livrant en 2021 l’excellent Vera Cruz. Un opus salué unanimement par la critique et qui ouvre le début d’une trilogie consacrée au patrimoine et à l’histoire sud-américaine dont la suite, Eldorado, est sortie l’été dernier à l’étranger, mais seulement et difficilement à présent en France car autoproduite. À travers ce dernier, l’artiste toujours aussi sympathique, nous invite au voyage à travers ce nouveau concept passionnant. [Entretien avec Edu Falaschi (chant) par Pascal Beaumont/Laurent Machabanski – Photos : DR]
Tu es actuellement en pleine tournée pour promouvoir ce nouvel album Eldorado. Tu as joué au Japon et au Mexique. Comment se déroule tes prestations sur ces premières dates ?
Les dates se passent bien. Nous avons terminé la tournée au Brésil et comme tu le disais nous avons fait le Japon et le Mexique. On va donner quelques concerts au Brésil et au Venezuela qui seront totalement différents parce que c’est très difficile de faire des concerts de metal au Venezuela, mais nous y allons quand même ! J’espère que nous irons en Europe l’an prochain pour présenter notre opus. Celui-ci est différent par rapport aux précédents au style power metal traditionnel car nous avons beaucoup d’éléments latins dedans. Pour les fans français et spécialement dans mes grandes heures avec Angra, ils seront heureux de voir que j’ai travaillé de différentes façons, avec des idées nouvelles. Le tourisme me va bien, donc je souhaite aussi venir en France par la même occasion. (sourires)
En parlant d’Angra, je ressens cet état d’esprit, ce feeling en écoutant Eldorado. Est-ce que c’est cela que tu recherchais pour la création de ce concept en fin de compte ?
En fait ce n’est pas ce que je voulais à la base, mais c’est naturel. J’ai joué avec Angra durant pas mal d’années, et fait des tournées pendant douze ans avec eux, composé beaucoup de chansons pour Angra comme « Nova Era », « Heroes Of Sand », « Spread Your Fire », « Angels and Demons », « Wishing Well », « Hunters and Prey », « Bleeding Heart », « Arising Thunder » en gros plein de superbes morceaux. Lors de la création de ce nouvel album, j’ai laissé mon imagination et mes sentiments coulés comme je l’ai fait pour Angra il y a plus de dix ans. C’est pour ça que beaucoup de gens me disent qu’il y a beaucoup d’éléments d’Angra. C’est naturel et logique puisque je jouais dans Angra et que je fus le compositeur principal de Rebirth en 2001 à Aqua. C’est tout à fait naturel de voir des similarités entre les morceaux d’Angra que j’ai écrits et chantés et les nouveaux. Même si j’ai composé « Rebirth », ou « Millenium », ce sont des titres de Temple of Shadows, et j’ai gardé l’esprit d’Angra dans mon cœur qui le restera pour toujours. Quand tu composes une nouvelle chanson, c’est tout à fait normal de voir tes racines resurgir par moment, en l’occurrence ici les influences d’Angra. Les mêmes éléments d’Angra y sont.
Le morceau qui ouvre l’album, mis à part l’intro, s’appelle « Señores Del Mar (Wield The Sword) ». Il sonne très espagnol et ramène aussi à Ennio Morricone dans la lignée de Le Bon, la Brute et le Truand. Le cinéma a-t-il eu une influence durant sa composition ?
Oui, les éléments espagnols ou mexicains sont ici présents car c’est un concept album qui fait partie d’une trilogie que j’écris. J’ai composé le premier Vera Cruz où j’y ai développé une histoire. C’est une fiction basée sur la réalité historique. C’est l’époque de la fin du Moyen-Âge et j’ai voulu prendre l’histoire du Brésil dans Vera Cruz qui est le premier chapitre de cette trilogie. Une période où les navigateurs sont venus du Portugal au Brésil. Ils ont découvert le Brésil et le premier nom du Brésil qu’ils ont utilisé en 1500, c’était « Vera Cruz ». C’est le premier nom brésilien. Pour continuer, c’est l’histoire d’un homme par exemple crée par l’Église ou des gens de l’Église au Portugal et a en quelque sorte reçue une malédiction. Il est un descendant de la famille de Jésus, des gens du mauvais côté de l’histoire, ceux qui voulaient tuer ses ancêtres. Ils ont essayé de le tuer au Portugal alors il est venu avec Pedro Escobar, lui qui a existé au Brésil juste pour fuir des ennemis. Pedro Escobar est un explorateur portugais. Et pour continuer l’histoire, la dernière chanson de Vera Cruz, il y a une bataille avec les caravelles, les bateaux portugais, brésiliens et indiens et Jorge est le personnage principal de l’histoire. Il y a une grande guerre et le principal ennemi qui s’appelle Black Bishop est le maitre, le grand maitre d’un très et mauvais secret de la mafia religieuse. Quelque chose comme ça si l’on peut dire. Ces mauvais gens voient qu’ils vont perdre la bataille et donc essaient de revenir au Portugal après cette guerre. Ensuite, lors de leur voyage de retour au Portugal, il y a une tornade, un ouragan qui les emmène à Mexico au lieu du Portugal. Les caravelles sont complétement détruites et les Indiens à Mexico au quinzième siècle étaient les Aztèques. Les Aztèques capturent le Black Bishop, prennent soin de lui et des autres soldats portugais. C’est le sujet de cette trilogie d’Eldorado. L’histoire commence au Mexique. C’est pour cette raison que les éléments de la première chanson bougent. Tu peux entendre des éléments indiens, les Aztèques, des éléments espagnols parce que les Espagnols entrent dans cette fiction plus tard. Donc c’est un mélange entre la culture ancestrale et la culture espagnole parce qu’en 1519, Hernán Cortés est le conquistador espagnol ayant découvert le Mexique. C’est un fait majeur. J’ai utilisé la vraie histoire de Mexico pour créer cette amitié entre Hernán Cortés qui existe vraiment et qui était une vraie personne, une amitié entre lui et le Black Bishop. Ils ont réuni leurs forces car ils étaient méchants. Hernán Cortés dans l’histoire était un tueur, différent des explorateurs brésiliens. Eux, les Portugais, sont allés au Brésil. Ils n’ont pas tué les Indiens. Ils sont devenus amis, ils les ont utilisés, certains indiens avaient des esclaves mais ils ont commencé à dialoguer et sont entrés en relation avec eux. Au Mexique, quand Hernán Cortés arrive, il détruit les Indiens mexicains, c’est-à-dire les Aztèques mexicains. Il a détruit l’empire aztèque. Il est considéré au Mexique comme une mauvaise personne. C’est pourquoi dans mon histoire il rejoint une mauvaise personne. C’est une fiction car ils sont mauvais. Ils deviennent amis et dans la troisième partie que je suis actuellement en train d’écrire pour le prochain chapitre, ils s’allient et reviennent du Brésil pour essayer de tuer Jorge qui est le personnage principal. C’est pour cela que tu entends beaucoup d’éléments mexicains, espagnols, aztèques… Cette partie de l’histoire qui est fictive se déroule au Mexique de 1500 à 1519.
Je suppose que tu as fait beaucoup de recherches historiques afin de coller au plus près alors à la réalité de cette époque ?
Oui, bien sûr ! En fait j’ai lu beaucoup de livres sur l’histoire brésilienne quand je composais Vera Cruz, aussi l’histoire mexicaine et espagnole. Mais quand j’ai fait Vera Cruz, comme je suis brésilien, c’est plus facile pour moi d’utiliser la culture brésilienne car je l’ai apprise depuis mon plus jeune âge. Mais pour parler de la culture mexicaine, j’étais embêté, alors j’ai décidé d’aller au Mexique. J’y suis allé avec mes guitaristes Roberto Barros qui est mon ami pour composer les morceaux. Nous y étions ensemble en 2021, nous étions là-bas pour l’histoire du Mexique. On est allé dans plein de villes, voir les pyramides aztèques, nous parlions aux gens pour connaitre leurs histoires, ce qu’ils aiment dire et ce qu’ils n’aiment pas dire sur l’histoire de leur pays, effectuer des recherches approfondies presque parfaites. J’étais là-bas avant de composer l’album. Je suis revenu au Brésil à la fin de l’année 2021 et j’ai commencé à travailler sur Eldorado. J’ai ainsi étudié la culture mexicaine. Cela m’a pris deux ans à composer et à écrire en étudiant toutes ces informations pour les rendre correctes pour les fans et pour les gens ce qui fait que ce nouvel sort seulement maintenant.
Est-ce que tu travailles déjà sur la troisième partie de cette trilogie, ou tu attends un peu ?
J’ai déjà commencé à composer et je continue l’histoire de la trilogie, comme je te disais tout à l’heure. Il y a un ami à moi qui est écrivain, un très bon écrivain, alors il m’aide à écrire cette trilogie. Il m’a déjà aidé pour Vera Cruz, il m’a aidé pour Eldorado et bien évidement il contribue encore pour la troisième partie. Son nom est Fabio Caoteras. C’est un écrivain brésilien et il est intelligent car il connait beaucoup de choses sur l’histoire et nous sommes donc déjà en train de composer la dernière partie de la trilogie.
Eldorado est le second chapitre de cette histoire incroyable. As-tu un Eldorado personnel en quelque sorte ? (sourires)
Non. « Eldorado », j’ai utilisé ce nom bien sûr pour le coté culturel mexicain et espagnol. J’ai choisi cette opportunité de rendre hommage à la culture latine, la culture latine américaine. J’ai des éléments de Colombie, du Chili, du Pérou. Eldorado en fait est le nom d’une cité en or que personne ne connait et sait si cela est réellement arrivé dans l’Histoire. C’est en quelque sorte une légende mais qui est colombienne. Mais le nom « Eldorado » représente les gens qui veulent avoir le pouvoir, ceux qui font tout pour avoir de l’argent, le pouvoir et le contrôle. Ce nom est la symbolique de l’avidité de l’humanité. Si tu regardes toute l’histoire de l’humanité, tout est soumis à propos d’obtenir de l’argent, avoir le pouvoir et le contrôle. (rires) Tout est là, argent pouvoir et contrôle. C’était la même chose à l’époque en 1500. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’utiliser ce nom qui représente la recherche pour l’or. La recherche du pouvoir et du contrôle. Après si tu regardes la pochette, tu vois les pyramides. C’est une pyramide maya, et non aztèque. C’est de la culture maya mais j’ai décidé d’utiliser nos pyramides car je crois que la plus importante icone latine de la culture ancienne, ce sont les pyramides. C’est pour cela que j’ai choisi ces éléments qui sont très forts, célèbres car tout le monde connait les pyramides en Egypte, au Mexique, au Chili et au Pérou. Ce sont des éléments puissants et la vraie signification des racines de la culture latine. Il y a beaucoup de choses connectées ici à l’Histoire. Mais pour les paroles, l’histoire en elle-même se déroule au moment où les soldats espagnols ont vaincu le Mexique. Les gens qui vivaient à cette époque étaient les aztèques et tu retrouveras ces éléments espagnols et mexicains dans l’histoire et dans les chansons.
Il y a aussi la production et l’enregistrement auxquels tu as participé dans le cadre d’une collaboration avec Roberto Barros, ton guitariste, et coproduit par Paolo Albino au Lab Sound Studio. Cela a dû être assez pointu ?
Oui, comme tu l’as mentionné, nous avons joué sur beaucoup d’instruments. Nous avons la flûte, les percussions, les guitares acoustiques, une multitude d’instruments et spécialement venus de l’Asie et de l’Inde. En fait, j’ai tout fait au Brésil au studio où j’ai rencontré différents musiciens pour m’aider dans la production. J’étais le producteur de Vera Cruz et d’Eldorado, et bien sûr je le serai sur le prochain pour finir la trilogie. J’ai fait cette coproduction avec Roberto Barros qui est le guitariste du projet. Il est très bon et très intelligent. Il peut jouer de différents instruments notamment la guitare acoustique. Il est vraiment bon et c’est un expert de jazz. Il joue beaucoup de jazz et m’a aidé par exemple dans la composition de « Señores Del Mar » comme à l’époque d’Angra. Car Kiko Loureiro est comme ça aussi : il joue de la guitare acoustique, la flûte, plein d’instruments, le piano. Roberto Barros est pareil. C’était formidable de pouvoir créer ces morceaux car il peut m’aider avec des idées folles. J’ai joué au Lab Sound studio à Sao Paolo puis j’ai enregistré les batteries, les guitares, les basses et les voix. Tout a été fait là-bas, ensuite on a fait le mixage, et le mastering s’est déroulé en Allemagne et a été effectué par Dennis Ward. C’est le producteur qui a travaillé sur Rebirth, Temple Shadows et Aurora Consurgens pendant ma période chez Angra, Ce fut un grand honneur de travailler encore avec lui sur Vera Cruz et Eldorado.
Tu as donc écrit tous les textes qui sont basé sur des recherches historiques. Est ce qu’il y en a un qui t’interpelle plus qu’un autre ?
C’est très difficile d’en choisir un seul parmi tous car ils sont tous connectés entre eux. J’ai voulu écrire et composer cet album dans le cadre d’un concept. Je n’aime pas faire ça juste comme ça, composer une chanson, puis une autre, etc. Lorsque je crée de la musique, c’est de l’art et j’y mets tout mon cœur. Ce concept je l’ai écrit avec toute mon âme, il vient de moi. Je suis allé à Mexico juste pour découvrir leur culture, connaitre le peuple, parler aux gens, à tous ceux que je rencontrais qu’ils soient riches, pauvres, les Mexicains de la rue, les musiciens, les enseignants et aussi les descendants de la civilisation indienne. Je voulais découvrir leurs ancêtres. Lorsque je fais de la musique, j’aime créer quelque chose de profond qui a une réelle signification pour les fans, qu’ils ressentent cela à travers les chansons, il faut qu’ils ressentent quelque chose de spécial. Donc pour moi c’est très difficile de choisir un titre en particulier mais je dirais le titre « Eldorado » justement. Il n’est pas agressif, c’est un titre très long avec beaucoup de changements de rythme, des ambiances différentes.
En France, on n’imagine pas forcément en fait le succès que tu rencontres au Brésil et en Amérique latine !
C’est vrai, je suis très heureux, tout est de nouveau en place, c’est ce que je ressens et vis, mais pour moi ce n’est pas complet. Ça le sera quand je pourrais rejouer en France, en Italie, en Allemagne. J’espère aussi revenir jouer à l’Élysée-Montmartre, c’est un rêve. Je travaille pour faire en sorte que cela arrive, peut-être que l’année prochaine ce rêve se réalisera.
Tu as aussi donné plusieurs concerts en jouant les albums Rebirth et Temple of Shadows en intégralité, ça a dû être important pour toi ?
Oui, je me suis très bien senti dans ce contexte parce que c’est une partie de moi. J’ai contribué à la création de ces albums. J’ai écrit la plupart des titres importants, « Nova Era », « Spread Your Fire », j’ai tout donné sur ces chansons, ma voix mon cœur, je me suis totalement investi sur tous les titres que j’ai composé avec Angra. Lorsque j’ai recommencé à chanter ces morceaux, c’était comme un retour sur moi-même, retrouver une partie de moi-même qui s’était perdu quelque part dans l’univers…
Tu as débuté ta carrière solo en 2016 avec Moonlight, un album de reprises acoustiques de morceaux d’Angra et Almath. N’as-tu pas l’impression qu’avec Vera Cruz, tu effectuais en fait ton vrai retour sur la scène metal internationale sur le plan artistique ?
Oui, j’en suis convaincu. Vera Cruz fut un nouveau départ pour ma carrière. J’ai écrit de très bons disques avec Angra, je leur en serai toujours reconnaissant, nous avons fait tant de belles choses ensemble, Rebirth, Temple of shadows sont des albums très importants pour moi, les fans japonais, français partout dans le monde. En 2012, j’ai quitté Angra et jusqu’en 2017, ces cinq années ont été très difficiles, j’ai eu des moments très compliqués dans ma vie. Je ne savais pas si j’étais sur la bonne voie, je travaillais avec Almath que j’avais fondé en 2006 alors que je chantais toujours au sein d’Angra, c’était à la base un projet parallèle. Lorsque j’ai quitté Angra, je n’avais enregistré qu’un opus. J’avais essayé de composer dans un style plus moderne, plus heavy, avec des sonorités nouvelles, les guitares étaient plus heavy qu’avec Angra, les chansons aussi. De même pour les textes ils étaient dans cet esprit-là, c’était très différent de tout ce que j’avais fait auparavant dans ma vie. Un jour j’étais dans ma maison et je réfléchissais à ma vie à tout ce que j’avais fait et à tout ce que je pourrais faire dans le futur. Et j’étais triste car pendant cette période on ne me proposait que très peu de concerts. Je n’avais pas de demandes des promoteurs ou d’autres groupes. Et il y a un type qui était au Pérou qui m’a invité à venir jouer là-bas mais pour donner un seul show. C’était très étrange parce que lorsque je joue hors du Brésil, je fais une tournée et je donne sept ou huit concerts mais jamais personne ne m’avait demandé de venir donner un seul show. C’était un peu magique comme si les dieux s’étaient penchés sur moi, une forme de grâce qui m’a touché venant du paradis. J’étais chez moi, triste, et ce type me demande de venir jouer au Pérou mais il me demande de chanter uniquement des morceaux d’Angra, pas d’Almath ou autre. J’ai répondu que je ne faisais plus partie de la formation et que je ne chantais plus ces titres sauf un ou deux. Je n’avais pas du tout ce projet en tête. Il m’a dit qu’il avait un combo là-bas qui jouait les chansons d’Angra et que je n’aurais juste qu’à chanter. Finalement j’ai dit oui et j’y suis allé. Le groupe était très bon, et j’ai joué devant deux mille personnes, tous les fans pleuraient, ils étaient tous très heureux de voir le chanteur original interpréter tous les titres de Rebirth, Temple of shadows. Puis, après le concert, j’ai été invité à dîner et là, il y avait Joe Lynn Turner (Ex-Rainbow, Yngwie Malmsteen, Deep Purple) qui était présent aussi. Durant le diner, il m’a demandé qui j’étais, il ne me connaissait pas mais il avait vu le concert, il jouait aussi au Pérou et il était venu me voir pour se détendre un peu. Il m’a dit : « je ne te connais pas mais j’ai vu 2000 personnes chanter sur tous les titres. Raconte-moi un peu d’où tu viens ! ». Et je lui ai tout raconté en lui disant que cette prestation était unique, que j’avais une nouvelle formation Almath et des nouveaux morceaux. A la fin il m’a r gardé et m’a dit : « Edu, tu es stupide ! ». (rires) C’était surprenant et je lui ai demandé pourquoi ? Il m’a répondu parce que tu es un vieux chanteur, tu es resté douze ans dans Angra, tu as de nombreuses chansons qui aujourd’hui sont des classiques et c’est ce que les fans veulent entendre, la voix originale de toutes ces chansons. Alors pourquoi ne le fais-tu pas ? Seul Angra le fait avec un autre chanteur, tu es stupide, tu essayes de créer une carrière solo mais tu ne penses pas à tes anciens fans qui veulent entendre tous ces titres avec ta voix. Il m’a dit de retourner au Brésil et de me lancer dans une carrière solo. Ce serait une nouvelle étape de ta carrière. Pour moi c’était une grande claque que je prenais en pleine face, je me suis dit : « Oh mon Dieu, je n’avais jamais pensé à ça ». Lorsque je suis rentré au Brésil, j’ai échangé avec plusieurs personnes, Aquiles Priester qui était le batteur d’Angra ; Fábio Laguna le clavieriste, et finalement on se retrouvait à être trois anciens musiciens d’Angra. On a donc commencé à travailler ensemble et on a joué les chansons de Rebirth, Temple of Shadows, Hunters and Prey, Aurora Consurgens, Aqua, et ça a été un gros succès dans notre pays. Avec Almath, je jouais devant 400 personnes peut être, 500 au maximum, et là je me retrouvais devant une foule de 2000, 4000 ou 5000 personnes chaque soir. J’ai alors réalisé que Joe Lynn Turner avait raison. C’est pourquoi je repense à cette époque et je n’oublierai jamais ça et ce conseil de sa part car il a été très important pour moi, il a changé totalement ma vie. C’est pourquoi je me suis lancé dans cette carrière et que par la suite, j’ai créé cette trilogie dont Eldorado est la seconde partie. Maintenant tout est en place. Je donne des concerts importants avec beaucoup de monde, j’ai pu rejouer au Japon, à Mexico… J’ai fait tant de choses que je ne faisais plus auparavant. C’est vraiment un nouveau commencement et tout a recommencé en 2017. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour moi dans ma carrière.
C’est vrai que dans le passé, tu as écrit de nombreuses chansons pour Angra et finalement peu de gens en sont conscients !
Oui c’est important aussi de le mentionner. (rires) Pour que les Français le sachent : « Nova Era », « Heroes of Sand », « Spread Your Fire », « Angels and Demons », « Wishing Well », « The Course of Nature » et bien d’autres encore… Lorsque j’ai rechanté tous ces titres, c’était comme retrouver une partie de moi-même qui était perdue. Pendant cinq ans, je m’étais perdu, et là, c’était enfin retrouver cette partie de moi et me sentir entier. C’est vraiment ce que j’ai ressenti.
En janvier et mars 2023, tu as donné deux shows exceptionnels accompagné de l’orchestre symphonique de Sao Paolo, d’Artur Nogueira, le tout dirigé par le maestro Ricardo Michelino. Comment as-tu vécu ces concerts ?
Oui, c’était comme un rêve. Durant ces cinq années après avoir quitté Angra, j’étais donc un peu perdu, je me suis retrouvé lorsque j’ai débuté cette carrière solo. J’ai commencé avec ce concert symphonique qui est sorti en dvd en 2021 pour les quinze ans de Temple Of Shadows, le maestro était João Carlos Martins, c’est un des plus importants au Brésil. Il est très célèbre aux Etats-Unis, au Japon, et dans de nombreux pays. À la base c’est un pianiste fantastique, un virtuose ! Aujourd’hui c’est un chef d’orchestre. C’était un rêve de pouvoir travailler avec lui, il m’a accompagné et nous avons sorti ce dvd avec cet orchestre. Cela a été produit devant 4000 personnes, il y avait beaucoup d’effets spéciaux, un orchestre et des invités comme Kai Hansen d’Helloween, Michael Vescera, Sabine Edelsbacher et d’autres artistes importants brésiliens. C’était vraiment un nouveau départ, cela a été très important de donner ce show. Ensuite il y aura un autre dvd qui devrait sortir pour Vera Cruz, le premier opus, car j’ai donné un concert important à Sao Paulo devant 4000 personnes qui devrait sortir en début d’année 2024. C’était un rêve qui se réalisait mais j’ai énormément travaillé pour qu’il se réalise. J’étais focalisé sur la musique et l’art, j’ai décidé de mettre toutes mes forces dans ce projet pour qu’il se réalise. Si je ne le faisais pas, personne ne le ferait à ma place. C’est pourquoi j’ai décidé de travailler avec cet orchestre symphonique mais cela a eu un coût très élevé. J’ai contacté un maestro, ça coute très cher, les vols internationaux, les hôtels tout ça a couté très cher. Je pensais avoir l’argent pour que cela arrive mais j’ai dû utiliser l’argent des préventes, de mes amis, des sponsors et j’ai pu créer quelque chose d’unique, très spécial pour les fans. Je n’ai pas honte de le dire, je n’ai pas gagné un dollar avec ce show, ça a été zéro. Tout l’argent a été dépensé pour la création de ce dvd, l’argent récolté avec ce concert de 4000 personnes a été utilisé pour la production de ce très beau dvd. L’argent est important mais l’art encore plus. C’est un peu un concept, si tu fais quelque chose de spécial, d’irréel, fais-le avec ton cœur et l’argent arrive, c’est ce qui s’est passé. J’ai sorti ce dvd et ma carrière a explosé de nouveau. Je suis allé au Japon, un peu partout et donné de grands concerts ici au Brésil et là j’ai gagné de l’argent. Pour le nouveau dvd qui sortira en janvier 2024, c’est la même chose. J’ai fait de nombreux efforts, il a fallu de l’argent et un investissement personnel pour créer un show unique pour les fans. Il y a des visuels, j’ai investi dans une scène, c’est très beau et tu verras ça lorsqu’il sortira. Ce dvd est incroyable !
Après trente ans de carrière, te reste-t-il encore des rêves à réaliser ? (sourires)
J’en ai réalisé beaucoup mais j’en ai toujours en tête. Comme je te l’ai dit, déjà, si je peux revenir en France pour donner un concert à Paris pour cet album ou le prochain… Si j’ai cette chance de donner un grand concert avec une grosse production devant beaucoup de fans cela sera un nouveau rêve qui se réalisera. J’espère avoir cette opportunité. En ce moment on a un promoteur en France, il y a eu Olivier Garnier qui a été un très important comme manager pour Angra, il les a amenés à différents niveaux. Je ne l’ai pas rencontré depuis mais si j’ai la chance d’avoir quelqu’un comme lui pour m’aider, pour emmener ce merveilleux travail (cd et dvd, tournée…) et plus loin, ce serait un nouveau moment pour ma carrière en France, tout sera complet et je serai très heureux. J’espère trouver quelqu’un comme Olivier Garnier ou lui-même pour faire en sorte que cela arrive. Je sais que j’ai de nombreux fans en France, je reçois beaucoup de message de Paris, Bordeaux, Lyon, et d’autres villes. J’espère revenir bientôt, l’année prochaine ou en 2025, ce n’est pas un souci. Je veux juste revenir un jour et pouvoir dire : « je suis enfin de retour en France ».
Kiko Loureiro est désormais le nouveau guitariste de Megadeth. As-tu été surpris par ce nouveau statut ? Pour un guitariste brésilien c’est assez exceptionnel, non ?
Oui, bien sur ! Mais pas tant que ça car il a du talent, Kiko peut jouer dans n’importe quel groupe. C’est un très bon musicien, il est très talentueux et c’est aussi un excellent compositeur. Il peut jouer de la guitare acoustique, du piano, d’un certain sens je ne suis pas surpris et d’un autre oui car Megadeth est un très gros combo, ils sont américain. Et c’est très rare de voir une formation américaine faire un contrat avec un musicien latin, ce n’est pas commun. Mais c’était une très bonne surprise, j’en suis très heureux pour lui. Il y a quelques années j’ai échangé avec lui par téléphone en 2019 ou 2020. J’étais heureux de lui parler on a discuté pendant quatre heures ! Il était très content d’avoir intégré Megadeth mais c’est mérité encore une fois, car c’est un très bon musicien.
En parlant d’excellent musiciens, tu as su aussi d’entourer d’une très belle équipe sur Eldorado !
Oui, c’est vrai, il y a trois anciens membres d’Angra : moi, le batteur et le clavier. Je les connais depuis 2001. On a donné de nombreux concerts ensemble, je savais qu’ils étaient très bons. Les autres Raphaël Dafras, le bassiste, et Diogo Mafra, l’autre guitariste, je les connais depuis mon précédent groupe, Almath. Ils jouaient déjà à mes côtés. Je les ai rencontrés en 2009 ou 2010. Et puis il y a Roberto Barros que j’ai trouvé par internet. C’est un excellent guitariste, il peut jouer de la guitare acoustique. Il faisait des reprises d’Angra et j’ai tout de suite vu qu’il jouait comme Kiko. J’ai voulu le contacter et je lui ai envoyé un message via Instagram. Il m’a répondu, on a commencé à parler et je l’ai invité chez moi et par la suite je lui ai demandé de se joindre à nous.
Publicité