Qui de l’œuf ou de la poule, Pantera ou Exhorder, aura amorcé le premier le virage power/thrash/groove metal et influença l’autre à la fin des années 80 aux États-Unis, du côté du Texas et de la Louisiane ? À vrai dire, on ne le saura jamais véritablement, restant du domaine de la légende… Alors, reposer aujourd’hui la question à Kyle Thomas, à l’occasion de la parution de Defectum Omnium, quatrième album studio seulement d’Exhorder depuis 1985, serait peut-être la question de trop pour son leader, las d’entendre des ragots comme quoi il aurait copié Pantera vers 1987/1988 pour leur deuxième démo Slaughter in the Vatican, alors qu’à l’époque, pour rappel, Pantera jouait encore du heavy/glam metal (réécoutez l’album Power Metal !) avant d’évoluer sérieusement et plus brutalement sur le cultissime Cowboys From Hell en 1990. De toute manière, les deux groupes ont toujours été plus ou moins complices, Phil Anselmo n’hésitant pas à chanter parfois à l’époque pour Exhorder. Bref, après de multiples splits et un nouveau come-back en 2017 marqué par l’album Mourn the Southern Skies deux ans plus tard, puis entaché par la pandémie, le trop souvent sous-estimé groupe américain de La Nouvelle-Orléans a décidé d’avancer avec un super line-up de choc. [Entretien réalisé par Zoom avec Kyle Thomas (guitare/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]
Comment vas-tu personnellement depuis la sortie de votre précédent album Mourn The Southern Skies qui fut plutôt bien accueilli en 2019 pour le retour d’Exhorder ? Beaucoup de choses se sont passées dans le monde depuis sa publication… Avez-vous pu quand même le promouvoir à l’époque et tourner pour le défendre sur scène autant que vous l’espériez ?
Ça va, merci. Ouais, ce fut vraiment un long processus, en fait… Il y eut beaucoup de doutes, d’interrogations. On était tous plus ou moins dans un état d’incertitude. Ce fut donc compliqué et un long chemin pour nous, mais pas seulement mon groupe Exhorder, mais pour tous les groupes et artistes comme tu le sais, et pour tout le monde en général, à cause de cette pandémie qui survint en 2020… On était alors en pleine tournée nord-américaine avec nos amis d’Overkill, et deux jours avant la fin supposée de cette tournée, tout ferma. La fin de tournée fut donc annulée. On a alors décidé de continuer quand même avec le groupe en travaillant de suite sur un nouvel album, même en étant éloigné les uns des autres. Voilà ce que l’on a fait. Et on a donc bossé dur sur de nouvelles compositions, en écrivant les meilleurs chansons possibles, en s’inspirant du meilleur de ce que l’on avait fait précédemment sur Mourn The Southern Skies, en travaillant à fond les toutes premières ébauches de chansons, et en gommant ce qui n’avait pas fonctionné auparavant ou en les améliorant. Tout ça, dans le but de revenir avec quelque chose de meilleur encore, pour rendre les chansons plus complémentaires entre elles. Et puis, tu sais, entre nous, dans la musique, l’un des meilleurs moments, c’est quand on crée et que l’on donne naissance à des chansons. C’est ça qui est existant et le plus plaisant. La dernière ou pire chose serait de faire un album et que l’on en soit déçu à son écoute une fois achevé. On a pris grand soin à concevoir un disque que l’on aime, et surtout que les fans aimeront afin d’être reconnecté à notre public.
Du coup, un mal pour un bien, durant la pandémie, vous avez pu prendre votre temps pour composer et réaliser tranquillement ce nouvel album studio intitulé Defectum Omnium ?
Ouais. En effet. On n’était pas ensemble, cependant, car on habite assez loin les uns des autres. Mais on a dû attendre pour se retrouver et répéter ensemble. On crée nos musiques, on échangeait, on se retrouvait plus tard en voyageant. On répétait et on assemblait les choses, puis on rentrait à la maison, retravaillait tout ça. Et on se retrouvait de nouveau, prenait l’avion, etc. Ainsi de suite… Mais on a pris notre temps en effet mais c’était ce qu’il y avait de mieux à faire de toute façon. Et on a fini seulement d’enregistrer les dernières parties l’an dernier, tu sais, notamment les parties de chant que j’assure complètement sur l’album. Je les ai d’ailleurs enregistrées ici, dans la pièce depuis laquelle je te parle. On a fini d’enregistrer fin mars 2023, puis on a finalisé et fait le tour pour mixer l’album ça durant, et enfin le mastering a été fait durant l’été dernier. Après, on a travaillé sur l’artwork (signé Travis Smith), etc. Et nous y voilà enfin, l’album va sortir, presque un an après son enregistrement.
Le temps est souvent long ensuite jusqu’à la sortie… Tu dois patienter, même si des singles sortent progressivement pour tester les réactions des fans. C’est Jens Bogren qui a mixé ou masterisé entre-temps le nouvel album ?
En fait, on a produit l’album nous-mêmes. Jens Bogren a réalisé le mixage en Suède dans l’un de ses studios. Alors il y a eu des échanges entre nous car parfois il voulait modifier telle ou telle chose, on revoyait ça ensemble, puis on en discutait si ça nous allait ou pas. Des fois il voulait essayer des choses, mais au final on obtenait satisfaction dans ses conseils et critiques. Et on fier du résultat aujourd’hui sur Defectum Omnium.
Comme je le disais, Mourn The Southern Skies reçut de bonnes critiques dans l’ensemble, alors quel bilan en dresses-tu et des années qui suivirent ? En es-tu toujours pleinement satisfait de cet album après votre nouvelle et quatrième reformation en 2017 finalement car tu disais que vous vouliez améliorer certains éléments du passé ou les gommer lorsque vous avez commencé à travailler sur ce nouvel album ?
Je ne pense pas qu’un artiste soit toujours satisfait à cent pour cent d’un album une fois celui-ci achevé et livré. On peut toujours faire mieux, tu sais. Mais au bout d’un moment, il faut savoir apporter la touche finale et arrêter, sinon tu deviens fou, et ne t’en sors pas. (rires) Il y a des choses qui étaient bien sur Mourn The Southern Skies qui étaient bien mais que l’on aurait pu faire mieux, je pense. De même que sur nos deux premiers albums. Alors oui, quand je regarde et écoute Mourn The Southern Skies, on aurait pu faire certaines parties différemment. Et pour le nouvel album, on savait forcément ce qu’il ne fallait pas refaire. On sait donc surtout donc ce qu’on ne doit pas reproduire. Mais essayer de faire un album que l’on aime, et en même temps satisfaire les attentes des fans, ce n’est jamais évident. Chacun y trouvera son compte dans le nouveau. Il y a ces influences punk qui ont façonné notre approche thrash par la suite, donc des choses plus old school et new school. Ceux qui ont aimé Mourn The Southern Skies aimeront donc Defectum Omnium. On retrouve aussi cette facette d’Exhorder parfois doomy développée par la suite en parallèle de mon autre groupe, Trouble. Ceux qui trouvaient que ça manquait un peu sur Mourn (…) en retrouveront ici donc cette fois. Donc toutes ces parties plus mélodiques, doomy, et punk, et globalement thrash, sont présentes sur le nouvel album. Il y a toujours cette signature d’Exhorder, bien sûr.
Oui, n’oublions pas que le thrash provient du punk, avec ce mélange crossover entre le heavy metal et le punk rock donc au début des années 80…
Tout à fait, ouais. J’étais un gamin qui a commencé en écoutant du heavy, du thrash avec Metallica, Slayer, et puis éventuellement Destruction, Celtic Frost, etc., mais aussi du punk rock ! Mais on a d’ailleurs commencé à la base en venant de la scène punk de La Nouvelle Orléans, et j’ai toujours eu un cœur de punk. (rires) À l’origine, on ne venait donc pas du metal. Et donc il y avait aussi tous ces trucs punks hérités des Sex Pistols et The Stooges : GBH, Jello Biafra et Dead Kennedys, etc., et puis plus tard Corrosion Of Conformity qui mélangea tout ça dans un punk/hardcore. Et nous, Exhorder, finalement on a toujours été un groupe de thrash metal un peu à part né de tout ça…
Exhorder a splitté plusieurs fois dans le passé : en 1994, en 1998, en 2003, et en 2011. Du coup, dans cette longue carrière interrompue à quatre reprises et relancée de nouveau en 2017, vous n’avez publié que quatre albums studio, si l’on inclut le petit dernier Defectum Omnium. Pourquoi avoir splitté ainsi plusieurs fois ? Avez-vous le syndrome de Spinal Tap ? (rires)
(rires) Alors faut savoir que l’on a démarré, on était tout jeune, à peine quinze ans quand j’ai lancé le groupe en 1985. Hum… Très sincèrement, la première fois que l’on s’est séparé, c’était vraiment en 1998, car en 1994, on voulait juste faire une petite pause. Mais le premier grand split fut en 1998 et on était alors tous encore jeunes. Et on avait tous une forte personnalité, chacun d’entre nous, en tant qu’individu avait son caractère. Tout simplement, on ne s’entendait plus entre nous, amicalement, je veux dire. Musicalement, ça allait, mais notre amitié en souffrait, et les relations devenaient difficiles entre nous. On réessayait, et puis on se remettait en colère, on laissait passer du temps, et ça recommençait, etc. C’était un peu comme une vie de famille, et on essayait et puis finalement, il valait mieux se séparer… Enfin, avec du recul, je pense que c’était le meilleur choix à faire à l’époque. Depuis on a tous muri, le line-up a changé, il y a de nouveaux membres, et on essaie tous d’aller de l’avant. On a là à présent sûrement le line-up le plus cool et pacifique que l’on n’a jamais eu, je te le dis sincèrement… (sourires)
En effet, Exhorder possède actuellement un sacré line-up, peut-être le meilleur et le plus fort jamais eu ! Alors on a : à la guitare lead à tes côtés, un certain Pat O’Brien (ex-Cannibal Corpse, ex-Monstrosity (live), ex-Slayer (live) quand Garry Holt s’absenta) qui effectue là son retour ; à la basse Jason Viebrooks (Beltfed Weapon, ex-Grip Inc., ex-Heathen…) ; et à la batterie, rien de moins que Sasha Horn (ex-Forbidden, ex-Heathen (live), ex-Ava Inferi, ex-Novembers Doom…). Quel line-up incroyable aujourd’hui !
Merci. C’est certainement là l’opinion d’un fan, mais c’est probablement vrai. On a là certainement le meilleur line-up qu’Exhorder n’ait jamais eu. Et on s’entend tous super bien, c’est vraiment agréable. Quand on a un problème, on en discute tranquillement, et on essaie de le régler de la meilleure façon possible afin d’avancer. Il n’y a pas de choses qui nous polluent au quotidien dans notre environnement, et même si on n’est pas à fond certains jours, parfois, ça peut arriver, et on se motive les uns les autres. On fait attention à chacun.
Cela s’explique : tout le monde a grandi, y compris toi, donc avec la maturité et l’expérience, on s’assagit généralement… (sourires)
Bien sûr, on a tous de l’expérience, et on a trouvé notre modèle de fonctionnement. Sur le plan de l’amitié, on a de bonnes relations entre nous. Il y a de nouveaux membres, certains sont mariés, ont des enfants, on est plus posé, et même si on a tous parfois des problèmes dans nos vies, cela en fait partie, alors on fait avec. On essaie de relativiser les choses par conséquent, même si on a tous un job à côté, une famille, etc.
Mais tu es aussi pas mal occupé avec ton autre groupe, Trouble (stoner/doom metal), même si tu n’as rien sorti avec depuis un bail ! (rires) Depuis l’album The Distortion Field (FRW Music) en 2013 ! Ce n’est donc pas Trouble qui a « troublé », si j’ose dire, la carrière d’Exhorder et provoqué ces différents splits du groupe suite à une double activité musicale ? (sourires)
(rires) Non, pas du tout. J’avais rejoint Trouble en 1997, bien après sa fondation (Ndlr : en 1979).
Au passage, quelle est l’actualité de Trouble car tu as peut-être composé et écrit des chansons durant la crise sanitaire ?
Il y a un nouvel album studio en préparation avec Trouble, mais là j’étais pas mal occupé avec Exhorder dernièrement. On a été longtemps absent avec Trouble. On a pris notre temps, doucement on refait des choses, doucement mais sûrement. Quand j’ai participé à l’album, la plupart des chansons étaient déjà écrites, je n’avais donc pas pu trop y participer. À présent, le nouveau processus d’enregistrement a commencé… (sourires) Les nouvelles chansons sont vraiment très très bonnes, et c’est prévu pour une sortie en 2025, je pense. L’un de nos deux guitaristes, Bruce Franklin, a super bien bossé, et j’ai pu y contribué. On a fonctionné autrement cette fois. Tout le monde a faim et a envie de revenir avec Trouble. (rires)
C’est une bonne nouvelle, ça, pour les fans de Trouble ! Cela fait ma transition avec Exhorder et cet album Defectum Omnium. Il me semble justement que les deux guitaristes de Trouble, Bruce Franklin et Rick Wartell, sont invités sur la dernière chanson de l’album, « Your Six », qui sonne justement très bluesy et doomy, avec cette influence typique de La Nouvelle-Orléans (Trouble, Crowbar, Down)…
En effet. Ils apparaissent comme invités sur cette chanson. C’est une idée de notre bassiste Jason (Viebrooks) dans Exhorder, qui a dit : « tiens, et si on réunissait la famille Exhorder et la famille de Trouble sur un seul et même morceau ? ». On a trouvé ça chouette comme idée de faire ça sur un titre, et on l’a placé exprès à la fin de l’album. Merci d’avoir remarqué, c’est cool.
Revenons au line-up d’Exhorder en 2024. Pourquoi avoir recruté à la guitare lead Pat O’Brien à tes côtés, car toi tu es le guitariste rythmique plutôt, et comment est née cette collaboration improbable ? Je ne reviendrai pas sur ses problèmes l’ayant poussé à partir de Cannibal Corpse en 2020, car on s’en fiche, ce que l’on veut, à vrai dire, c’est qu’il joue et fasse ce qu’il sait faire sur sa guitare : envoyer des riffs de metal et des soli qui déchirent ! (rires)
Je fais quelque solo, toutefois, mais oui, je suis le guitariste rythmique. Quant à Pat, c’est l’un des meilleurs du genre. C’est un peu, comme j’aime dire, le Randy Rhoads du metal extrême de ces dernières années. (sourires) Et Pat est un mec cool, et avant tout un ami. On a mis de côté ses problèmes et on lui a donc proposé de venir jammer avec nous, en tant qu’amis, et après on verrait bien. Et finalement on ne peut pas avoir trouvé mieux et on est heureux ainsi avec lui dans le groupe. C’est celui qu’il nous fallait.
Pourtant, vous n’avez pas le même style de jeu et le même répertoire, car Pat O’Brien vient de la scène death metal lui, et toi du thrash metal ? Cela aurait pu ne pas fonctionner entre vous au sein d’Exhorder, non ?
Ouais, mais le truc avec Pat, est qu’il possède un large panel musical, et est capable de jouer de tout. Il a grandi en fin de compte avec les mêmes trucs que nous : du heavy, du thrash, du hard rock… On a les mêmes influences, on partage les mêmes références. Il est fan comme moi d’Accept, de Scorpions, Iron Maiden, etc. Et quand on joue ensemble ces vieux trucs, on prend beaucoup de plaisir et on s’entend bien. Donc nos styles respectifs se rejoignent finalement et il n’y a pas de problème. Bien sûr, il est bon et spécialiste de death metal.
Je me souviens qu’en matière de thrash, Pat O’Brien avait dépanné plusieurs fois Garry Holt (pour des raisons personnelles ou bien d’agenda avec Exodus, son principal groupe) sur une tournée de Slayer avant leur split il y a déjà quelques années ?
C’est vrai, tout à fait. Oh oui ! Il a joué sur quelques concerts avec Slayer… Il y a d’ailleurs quelques vidéos live de Pat et Slayer sur internet.
Avec ce super line-up, comment avez-vous travaillé du coup sur le nouvel album ? C’est toi qui amène tous les riffs et du fait de l’isolement de chacun durant la pandémie, tu distribues ensuite les partitions à tous à distance dans un premier temps ? Les autres participent aussi en proposant des choses ?
En fait, on est trois à composer sur quatre dans le groupe : moi, Jason (basse), et Sasha (batterie). Et on a composé globalement l’album ensemble, ce fut donc un travail collectif. Souvent, je commence d’abord à la guitare, j’essaie de mon côté avec une batterie programmée à la maison, puis j’envoie ça à Sasha, le batteur. Il y a quatre chansons que j’ai amenées ainsi. Jason a fait de même avec Sasha pour les huit autres chansons. On voit tout ça ensemble, et après j’écris mes parties vocales. Sasha, lui, adopte son style alors à la batterie. On le laisse faire, et on essaie. On est ouvert, et chacun dit ce qu’il pense. Avec notre expérience, on est capable de travailler collectivement et on essaie, ça marche ou pas.
Et Pat O’Brien ? A-t’il participé à cet album finalement ? Il a simplement enregistré, mais rien composé ?
Comme on produisait l’album nous-même, on a demandé à Pat s’il voulait jouer les parties de guitares rythmiques en studio avec les miennes, en plus de ses solos de guitare, et il a répondu : « Non, tu les as composées et les joues mieux car ça se sent, il vaut mieux que tu les joues plutôt que de me dire comment les interpréter. Je m’occupe d’enregistrer que les parties de solo de guitare. » On lui a dit d’accord comme ça, ce qui était louable car il le sentait plus ainsi. Et c’est Jason et moi qui avons enregistré toutes les parties de guitare rythmique en studio. Pat ne s’est occupé que de ses solos à composer.
Qui chante avec une voix claire sur la chanson plus mélodieuse mais très heavy/doom « The Tale of Unsound Minds » ?
C’est moi qui l’ai fait !! Tu es surpris ? (rires) J’interprète toutes les parties vocales de l’album.
Félicitations. Le début de l’album est cependant très direct, ça démarre sur les chapeaux de roue avec « Wrath of Prophecies ». Pas d’intro, directement dans le tas. « In your face » comme on dit ? (rires)
C’était l’objectif, en effet. Ouais, on voulait ça, un impact fort d’emblée mais aussi de l’émotion plus loin et des parties plus mélodiques par moment, mais aussi punk/thrash. Il y a des contrastes.
Pourquoi ce choix de titre en latin très négatif : « Defectum Omnium », ce qui signifie en français « L’échec de tous » ? Cela a-t’il été influencé par la récente pandémie de covid-19, les guerres, et tout ce qui se passe dans notre bas monde ?
C’est l’une des choses parmi d’autres qui a, en effet, inspiré cet album et ce titre. Il y a tant de choses négatives, d’évènements bien tristes de par le monde qui arrivent et que l’on nous montre. Quand tu regardes autour de nous, il y a tant de divisions, de guerres, de problèmes financiers, sociaux. On devient de plus en plus individualiste et insensible à tout ce qui se passe, comme si ce n’était pas notre faute, ou pas de notre ressort, alors qu’il y a tant de besoins. En plus de cela, des évènements naturels se produisent, des catastrophes, et je te passe le réchauffement climatique accéléré par l’Homme sur Terre. On passe notre temps à s’entretuer alors que la Terre se meurt. On n’aide même plus nos voisins, on est arrivé à un stade, putain, je veux dire, on devient inhumain. Et le covid-19, finalement, cette pandémie, a révélé des choses. Mais je ne pense pas que le covid—19 était le virus, c’est l’être humain finalement le virus, et le covid n’était qu’un remède, une solution pour nous ouvrir les yeux. La prochaine fois, ce sera nous les victimes !
Au passage, et sans transition, une tuerie vient d’avoir lieu d’ailleurs aux États-Unis à la suite du défilé des vainqueurs du Super Bowl 2024 à Kansas City, faisant un mort et vingt-quatre blessés. (Ndlr : le 14/02/2024) C’est si fréquent et bien triste…
Oui, j’ai entendu ça. C’est arrivé après, durant les célébrations…
En France, au niveau sécurité, on est assez inquiet et au taquet dans ce contexte mondial actuel à l’approche des Jeux Olympiques d’été à Paris cette année 2024, comme tu le sais, avec en plus la guerre en Russie.
Je comprends. Oui. Tu sais, dès qu’il y a des rassemblements quelque part, du monde, forcément il y a un grand risque malheureusement…
Aviez-vous donné quelques shows après la pandémie par chez nous ? Je n’ai pas souvenir… Et quels sont les projets de tournée à présent en Amérique, en Europe, en France peut-être ?? Des participations à des festivals d’été peut-être cette année ou en 2025 ?
En octobre 2019, on a fait quelques concerts en salles et festivals, puis on était supposé revenir en 2020 pour les festivals d’été, mais ce fut annulé. On est revenu par la suite avec Overkill, l’an dernier, en 2023. En général, on vient à peu près chaque année en Europe, sauf quand il y a eu la pandémie. Maintenant, on viendra jouer en Europe au printemps (mai 2024), mais pas en France pour le moment malheureusement. Peut-être à l’automne 2024, je pense, pour la France. On est en train de voir ça. Pour les festivals d’été, ce sera plutôt en 2025, je pense.
Au fait, l’un de vos premiers singles qui est sorti s’appelle « Year Of The Goat » que l’on retrouve donc sur ce nouvel album Defectum Omnium. Mais au calendrier chinois du nouvel an 2024 qui vient de démarrer en ce mois de février, c’est l’année du dragon qui commence, non ? C’est parce que c’était déjà pris par Robb Flynn et Machine Head qui avaient publié un EP intitulé Year Of The Dragon en 2000 que vous avez choisi du coup le titre de cette chanson « Year Of The Goat » ? (rires)
(rires) Ah pas mal ! Bien vu, c’est drôle. En fait, c’est Jason, notre bassiste, qui a apporté cette idée. Il a écrit ce personnage, « Anton Evil goat ». À la base, cela fait référence, bien sûr, à l’animal, le bouc, mais c’est aussi un mauvais gars, qui fait des choses anormales, tabous, et ne fait pas les choses comme les autres. Et du coup, quand Jason est arrivé avec cette chanson, ce fut assez amusant. Il l’avait appelée « Evil Goat », et c’est devenu « Year Of The Goat » en référence au passé, quand on était des sales gosses. Mais on cherchait un côté plus méchant dans l’attitude (Ndlr : « nasty » en anglais). On a changé le titre en « Year Of The Goat » et finalement c’est devenu l’une des chansons les moins sérieuses de l’album alors que c’était plutôt le contraire au départ au niveau des paroles. (rires)
Vers la fin de l’album, il y a une chanson carrément punk/hardcore, « Sedition ». On retrouve là l’une de vos racines donc, comme on l’évoquait au début de cet entretien. Comment est née cette chanson particulièrement rentre-dedans et groovy ? Dis-nous tout !
Ouais, c’est Jason qui est arrivé avec cette chanson. Il nous a suggéré cet air, avec de la basse seule au départ. Il s’agit en fait de l’une des toutes premières chansons sur laquelle on a commencé à bosser tous ensemble en se retrouvant. En général, dans le punk, les paroles sont tout aussi importantes que l’attitude, avec un point de vue artistique sur notre société, du genre « Fuck the system ! », tu vois. (sourires)
Enfin, en tant que thrasheur, que penses-tu du retour annoncé de Kerry King avec un nouvel album solo, From Hell I Rise (Reigning Phoenix Music) qui doit sortir en mai 2023 sous son nom ? Un premier single est déjà paru : « Idle Hands ». L’as-tu écouté ?
Oui, j’ai écouté la chanson, il n’y en a qu’une seule pour le moment. Je pense que c’est bon, du bon Slayer. Avec Mark Osegueda (Death Angel, Kerry King) en plus au chant. C’est drôle car j’étais avec les gars de Vio-lence récemment avec lesquels Exhorder tournait, et j’en parlais justement avec Sean Killian (chant) et aussi Phil Demmel (l’un des guitaristes et fondateurs de Vio-lence). Phil a joué avec Machine Head, comme tu le sais, mais aussi un peu avec Slayer en live, comme Pat O’Brien à quelques occasions. On a donc écouté ce premier single avec Phil, et on l’a plutôt bien aimé à vrai dire. On repart ensemble en avril 2024 dans une petite tournée américaine.
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