Passées quelques notes de claviers façon orgue d’église comme si nous étions à la récente cérémonie de de réouverture de Notre-Dame de Paris, les quelques soupirs mortifères suivis des terribles hurlements signés du chanteur vétéran Chris nous ramènent rapidement à la raison, ou plutôt à la maison, avec un malin plaisir, comme si nous retrouvions là des amis de longue date oubliés par les années. C’est bien du black metal old school que nous avons affaire ici. En témoigne la chanson-titre qui ouvre ce septième péché capital de nos Méridionaux (Antibes) apparus sur la scène hexagonale en 1991. Capital car Gorgon compte bien remettre ici les pendules à l’heure, ou plutôt les crucifix à l’envers, trois ans après Traditio Satane qui ne put être défendu totalement en live à sa sortie en 2021 chez Osmose Productions. Et cette première salve éponyme nous happe d’emblée dans le monde des morts et de Lucifer avec une pensée pour ceux qui restent une fois les défunts partis… Chaque morceau nous scotche sur place mais on retient les riffs, et la production sonore aidant en 2024, rend notre écoute agréable tout en respectant les codes du genre black metal. Le single « Troops of The Fallen » en est un parfait résumé. Citons aussi les titres plus heavy au rythme mid-tempo comme « Next To The Mill » ou la seconde partie de « Hypnotic Fire » particulièrement habités. Il y a aussi, et forcément, des relents d’Impaled Nazare par moment, conscients ou inconscients, car n’oublions pas qu’ils font partie tous deux du catalogue Osmose et sont des confrères contemporains. On peut facilement percevoir cela sur les riffs incisifs et les rythmes sauvages de « Hypnotic Fire » ou « Tod. Mort. Death » avec son refrain imparable que Mika Luttinen, alias « Slutti666 » n’aurait pas boudé.
Pourtant Gorgon est lui aussi revenu d’entre les morts en 2017, et fort d’une collaboration avec le fameux label français, qui, pour rappel, lança toute une vague de formations de metal extrême, essentiellement black metal, durant la décennie 1990 (Immortal, Marduk, Impaled Nazarene, Tsatthoggua, etc.), le quatuor français a affiné son style, et propose sur For Those Who Stay un black metal puissant, non sans une once de nostalgie, avec un savoir-faire certain, où l’on retient les chansons, aux structures bien senties, et une succession de riffs assassins (le véloce « Despicable Beggars ») sous fond de rythmiques toujours entraînantes et clairement pensées pour l’impact scénique en live, en évitant le mode blast beats non stop (l’exemple parfait encore une fois de « Tod. Mort. Death »). Parfois, des influences plus heavy et thrashy se font aussi sentir dans certains riffs de guitare, le thrash étant une influence dans le black metal, rappelons de Bathory à ses débuts puis plus tard sur Requiem et Octagon), comme sur « Next To The Mill » ou « The Art of Dying ». Sur la chanson fantasmée « Vatican’s Fall », on est totalement pris par cette débaucherie sonore et sonique, et le méchant break au milieu du morceau nous donne envie de headbanguer comme un forçat. Il aurait même pu être la B.O. au générique du film Conclave actuellement à l’affiche au cinéma. Bref, en cet automne 2024, Gorgon frappe fort avec For Those Who Stay, et on aurait bien tort de se priver de cette nouvelle offrande saignant à point. Merci Chris, merci Gorgon pour perpétuer la flamme du black metal depuis tant d’années ! Respect. [Seigneur Fred]
->> Retrouvez notre interview de Chris (chant) de GORGON en vidéo ci-dessous :
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