HELFRÓ : L’Islande, terre de feu et de glace…

Actif sur tous les fronts, Ragnar Sverrisson vient cette fois-ci nous parler de son dernier projet musical en date : Helfró. Fondé en 2018 et auteur d’un premier album éponyme indépendant et réédité par Season of Mist en 2020, ce jeune combo islandais récidive déjà avec un nouvel album, Tálgröf. Un pur concentré de violence à en faire trembler les terres gelées et cracher les volcans d’Islande ! Préparez-vous pour une irruption black/death metal imminente, car l’hiver risque d’être froid… et volcanique ! [Entretien avec Ragnar Sverrisson (chant et batterie) par Louise Guillon – Photos : DR]

Bonjour, j’espère que vous allez bien. Je suis heureuse de faire cette interview avec vous. Vous faites partie des jeunes groupes de la scène metal islandaise et le public a du mal à vous connaître (en tant que Helfró). Pourriez-vous, à votre manière, présenter Helfró à nos lecteurs ?
Bonjour Metal Obs ! Helfró est un groupe de blackened death metal islandais, caractérisé par une batterie rapide et intense qui complète une écriture mélodique et froide. Nous avons sorti notre premier album en 2020 et sommes maintenant de retour avec un nouvel album qui va un peu plus dans le sens du death metal tout en conservant notre riff de trémolo culminant caractéristique du black. On s’efforce de créer une atmosphère majestueuse et furieuse.

Helfró constitue pour nous un nom exotique (et surtout nordique). Que signifie-t’il ? Est-ce que cela a une signification particulière dans votre culture, votre langue maternelle ?
« Helfró » est en fait un phénomène particulier qui arrive aux personnes malades avant de mourir, où elles retrouvent momentanément clarté, énergie et bonheur. J’ai l’impression que le mot peut aussi être utilisé dans un sens métaphorique.

Peut-on dire que vous faites partie de la scène underground ? Une étiquette bien souvent connotée…
Nous sommes en fait assez déconnectés de la scène islandaise en général. On n’a pas encore joué ici en Islande par exemple, ni avec nos autres groupes, nous jouons principalement à l’étranger. Je ne suis pas sûr que nous ayons en fait beaucoup de fans en Islande, la plupart de nos fans viennent de l’étranger.

L’accueil auprès de la critique musicale (du moins française) de votre premier album avait été quelque peu mitigé. Comment l’avez-vous ressenti et quel est désormais votre état d’esprit à la sortie de votre second album Tálgröf ?
J’ai été un peu surpris de voir que la presse française nous donnait des critiques moins favorables que les publications d’autres pays. En fin de compte, nous n’approfondissons pas vraiment ce qui est écrit sur nous. On crée simplement la musique que nous voulons écouter et sommes heureux pour tous ceux qui l’apprécient avec nous. On est déjà très satisfait du nouvel album car nous y explorons des styles différents de ceux du premier album et on a le sentiment d’avoir créé un album qui fera certainement craquer les amateurs à la fois de musique mélodique et extrême. Pour nous, le processus créatif est l’essentiel, c’est la partie que nous apprécions le plus. Tout ce qui se passe après la sortie est moins important…

Au fil de mes lectures (et aussi de mes écoutes de vos albums), j’ai remarqué que vous étiez très souvent comparé à Morbid Angel. Est-ce pour vous une source d’inspiration ou, au contraire, n’aimez-vous pas trop que les critiques fassent un tel rapprochement ?
Nous sommes très heureux d’être comparés à des groupes géniaux comme Morbid Angel. Je pense que la comparaison vient principalement du premier riff du morceau « Fláráð Fræði » et peut-être de « Ávöxtur af Rotnu Tré ». Nos deux albums vont loin mais dans des directions très différentes. Ils explorent également des thèmes comme le black metal symphonique et le metal industriel. On est inspiré par une grande diversité de musiques, mais dans la plupart des cas, nous sommes émus par toute musique contenant des thèmes troublants, grandioses et extrêmes.

La batterie, très technique, est omniprésente sur vos deux albums. Est-ce à partir des rythmiques que vous écrivez vos morceaux ? S’agit-il du point de départ de votre création ou est-elle plus aléatoire que ce que le produit finit laisse entendre ?
La batterie est en fait écrite en dernier ! Je commence par écrire la chanson, soit à la guitare, soit en créant une partie symphonique et je ne commence à penser aux parties de batterie qu’après qu’il existe une version démo d’une chanson entière.

Quelles ont été les conditions d’écriture, de conception de ce nouvel album Tálgröf ? Cela a-t-il était plus difficile que pour le premier ou peut-être plus plaisant ?
Quand j’ai écrit le premier album, je n’avais ni motivation ni objectif clair car je n’avais aucune idée qu’il serait publié professionnellement. Cette fois-ci, je voulais écrire à cent pour cent selon mon propre style, alors je me suis assuré de vraiment me vider la tête de toute influence actuelle avant de commencer le processus d’écriture. J’utilise beaucoup plus d’éléments supplémentaires sur le nouvel album, comme des VST symphoniques et des samples faits maison, donc plonger dans tout cela a été assez agréable et c’est devenu une source d’inspiration.

Si vous deviez décrire en quelques mots l’histoire de ce nouvel album, de quoi parle-t-il ?
Les paroles sont toutes basées sur les traits de personnalité de criminels et de meurtriers connus. Je lis des journaux et des rapports d’hommes condamnés et chacune des chansons tourne autour d’un certain trait de personnalité que ces individus semblent avoir en commun. Une chanson parle de mensonge compulsif, une autre de désensibilisation consciente, etc.

Pourquoi jouer avec un tel déchaînement, une telle violence qui finalement semble être votre marque de fabrique (comme le tend à le confirmer votre nouvel opus) ?
C’est simplement le type de musique que j’apprécie. La musique furieuse et implacable est très émouvante à mon avis et, d’après mon expérience, cela donne la capacité d’écouter d’autres groupes qui jouent très vite et de manière agressive sans interruption. Les albums de Helfró sont simplement le produit de mes goûts personnels en matière de musique.

Ragnar, ton style de batterie est-il, disons… islandais ? En plus d’être technique et personnel comme beaucoup de batteurs bien sûr ?
Je ne pense pas. Il n’y a pas beaucoup de batteurs ici en Islande qui se concentrent autant sur la vitesse et l’hyper-technicité. La plupart de mes collègues se concentrent sur une atmosphère et des grooves plus lents, j’appartiens donc à un petit groupe de batteurs islandais ici qui s’efforcent constamment d’obtenir plus de vitesse et de complexité.

Vous jouez de la musique extrême mais écoutez-vous uniquement de la musique extrême ?
Surtout, oui. J’apprécie également les musiques de films, la musique classique et le hip hop des années 90’s, mais 80 % de ma playlist est composée de groupes de death metal/black metal extrême. La plupart du temps, j’écoute simplement des livres audio et des podcasts.

Ragnar, quels conseils donnerais-tu à un jeune batteur ou à un batteur qui sommeille et n’ose pas franchir le cap d’apprendre d’apprendre cet instrument ?
Jouez autant que vous le pouvez ! C’est un excellent exercice pour l’esprit et le corps. Ayez des modèles et efforcez-vous d’apprendre d’eux et de repousser vos limites. Essayez de laisser des batteurs talentueux vous inspirer au lieu de vous démotiver. Croyez en votre capacité à grandir et à apprendre.

Dernière question, aviez-vous un objectif ou un but particulier en tête en créant votre groupe Helfró à l’origine ?
Au tout début, non, pas du tout en fait. J’étais un peu à la croisée des chemins dans ma vie et mes autres groupes n’étaient pas très actifs à l’époque. J’ai commencé à écrire des riffs juste pour passer le temps pendant les nuits blanches et tout est parti de là, d’une manière ou d’une autre. Actuellement, l’objectif de Helfró est d’être un lieu d’expression et de créer une musique captivante.

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