HIMINBJORG : The Fall Of Valhalla

The Fall Of Valhalla - HIMINBJORG
HIMINBJORG
The Fall Of Valhalla
Black/pagan metal
Adipocere Records

Et si l’Homme avait été trop loin ? Trop loin dans ses aventures, ses expériences, son évolution, son invasion, son arrogance, sa volonté d’expansion, sa folie ? Alors que finalement nous sommes bien peu de choses à l’échelle de l’univers… Tout cela, on s’en est un peu aperçu lors d’une pause forcée (pour certains) durant la pandémie, on a réfléchi un peu, et une aspiration à revenir à l’essentiel est née dans l’esprit de certains… En attendant, tous nos actes depuis plusieurs siècles, dont l’industrialisation, semblent avoir provoqué la colère des dieux et la chute de notre monde. On parle de là des anciens dieux dans un monde autrefois païen. Cela nous amène à ce nouvel et neuvième (!) opus studio du clan français Himinbjorg aujourd’hui, baptisé, enfin non, ce mot étant trop à connotation chrétienne, intitulé dirons-nous plutôt ici, The Fall of Valhalla . Toujours mené d’une main de maître par le sage Zahaah (guitares/chants) qui nous avait séduit en 2021 par son précédent album carrément folk (ses origines) The Chant of Trees, paru en pleine pandémie. On y revient. Mais à présent, Zahaah est plutôt d’humeur colérique et ce, dès le premier morceau « Brothers Sequane ».

A l’image des anciens dieux de l’ancien monde face à la bêtise de l’être humain, l’ambiance est plutôt belliqueuse à l’écoute de ce nouvel album studio. Les guitares sont très heavy. On évolue dans un black/death metal frondeur et direct, enregistré qui plus est à l’ancienne, sans surcouche ni batterie triggée. Les growls de son frontman appuient des paroles qui nous ramènent à nos ancêtres les gaulois (enfin pour certains), et une tribu, les Sequanes. On apprécie les quelques chants clairs qui apportent un peu de respiration sur ce titre très heavy donc. La suite s’inscrit dans ce registre, avec « The Pathetic Men Show », et un petit solo confié à un ami guitariste, avant que les choses n’accélèrent sur la seconde partie du morceau, jusqu’à un ultime solo bien senti. La basse est agréable et pour une fois, dans un groupe de black/death metal, elle sonne. Le rythme s’accélère et on passe à un speed/black metal old school sur la chanson « Dogma ». Sur « Architecture of Annihilation », on apprécie ce chant râpeux, entre un Abbath en colère et un Tom Angelripper (Sodom) après quelques cigares et bières, entre deux soli plutôt réussis. « The Fury Talk » accentue ce sentiment belliqueux présent tout du long. Les racines ne sont plus folk ici comme sur les prémices de Himinbjorg, mais bel et bien du côté du metal extrême où ça envoie du bois sévère aux guitares et au chant, amenant presque à une transe guerrière. Bon, il y a peut-être l’exception sur l’interlude « The Last Journey » qui propose une courte aération avant de repartir sur le galopant et très heavy « The Threshold ». Et sur les morceaux plus mélancoliques, on pense aussi à nos cousins germains de Helrunar pour ce côté sombre et black païen (« The Color of Truth »). D’ailleurs, Zahaah nous confiera d’ailleurs en entretien posséder quelques aïeux outre-Rhin.

Mais attention, Himinbjorg demeure impérial dans son genre depuis sa fondation en 1996 du côté de Chambéry. Né sur des racines folkloriques, il a su mêler rapidement celles-ci aux sonorités black metal alors en plein boum. Himinbjorg a ainsi façonné son style à travers les années, en parallèle du développement de la scène black/pagan scandinave. Puis, se moquant bien des modes, il a pris parfois quelques digressions, mais reste un redoutable chef de clan sur la scène black/pagan française et européenne, rencontrant même quelques jolis succès en tournant à l’étranger, preuve que même si l’on est français et que l’on chante en anglais, on arrive à s’exporter plus facilement et transmettre ses idées. Dommage néanmoins qu’il n’y a pas plus de prises de risque artistique ici, si ce n’est pas le choix d’une production sonore brute et quelque peu spartiate, qui aurait pu être davantage peaufinée peut-être en studio afin de faire ressortir les subtilités des neuf nouveaux morceaux, que ce soit au niveau des chœurs, licks de guitare (« The Fury Talk ») avec quelques arrangements supplémentaires, mais ce n’était pas l’objectif ici. Un certain retour live aux sonorités black/death old school aux accents pagan était le souhait de son shaman, Zahaah. Dans tous les cas, sur The Fall Of Valhaala, chacun y puisera son inspiration amenant à une certaine prise de conscience, pour continuer son chemin dans un monde plus que jamais en perpétuel chaos aujourd’hui. [Seigneur Fred]

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