Petite vague de fraîcheur en provenance de Scandinavie en ce début d’été, voici le premier album très appréciable d’Imperishable, énième combo de death metal made in Sweden. Mais comme dans tout, il y a les innovateurs, et les suiveurs. Pour le cas ici présent, Imperishable fait clairement parti de la seconde catégorie, mais ce sont alors d’excellents suiveurs et fans de Dismember (un nouveau disque de la bande à Matti Kärki ne devrait d’ailleurs pas tarder chez Nuclear Blast…), Entombed, Unleashed, Grave et autre héritage de Nihilist. Paradoxalement, et là ça devient intéressant, si Imperishable possède un son inspiré par ces derniers (le fameux son né grâce à la fameuse pédale de distorsion Boss HM-2 commercialisée en Suède avec une légère différence de composant et de compression par rapport aux autres pays lors de son import d’Asie), il n’est pas pour autant originaire de Stockholm, bastion des groupes cultes précités. En effet, ce jeune quatuor est basé à Göteborg, et même s’il agrémente son death metal ici et là d’influences plus mélodiques, il ne pratique pas le genre typique made in Göteborg à la old Dark Tranquillity, At The Gates, In Flames ou Gardenian, mais bel et bien celui né à la toute fin des années 80 dans la capitale suédoise… En plus de cela, ses membres sont loin d’être des manches sur leur scène metal nationale puisqu’ils officient (ou officiaient) déjà dans d’autres formations plus ou moins connues telles que Vampire, Portrait, Nominon, New Keepers of the Water Towers (groupe que l’on vous avez présentés dès 2013 dans Metal Obs #57 p. 16), ou bien encore les excellents Dr Living Dead! que l’on avait démasqués il y a quelques années sur notre site. Voilà pour le tableau, alors maintenant penchons-nous sur cette première longue galette qui succède à leur EP Deathspawn paru en 2021, année de l’émergence d’Imperishable sur la scène suédoise…
« Venomous » ouvre efficacement ce premier album : ambiance sombre, hurlements démoniaques en fond, puis ce grain de guitare typé pédale Boss HM2 et c’est parti ! Appuyé par une basse ronflante et un jeu de batterie élevé, nos jeunes Suédois déversent leur haine, comme si l’on avait remonté le temps jusqu’à l’aube des années 90 et les prémices d’un certain Entombed mais aussi Unleashed, groupes cultes de Stockholm qui émergèrent après le split en 1989 d’un certain Nihilist… Tout est là, bien en place, l’enregistrement ayant été confié à Oscar Nilsson aux Crehate Studios à Göteborg, et non à Stockholm comme on pourrait le croire à l’oreille. Au milieu de ce premier titre, on a droit à un petit solo de guitare qui nous rappelle qu’à l’époque, les Suédois, surtout ceux originaires de Göteborg justement, voulaient reprendre à la base les formations heavy metal de la NVOBHM qu’ils vénéraient, mais avec leur propre touche, en leur donnant plus de puissance et une sonorité qui devint par la suite légendaire chez des groupes comme At The Gates, Dark Tranquillity ou In Flames. Tout ce passé a inspiré Imperishable pour aboutir à ce mixage d’influences, où cependant l’aspect plus brutal et sombre prédomine, à l’instar des Dismember, Entombed et compagnie. Ensuite, « Infernal Lust » continue de plus belle, avec cette férocité vraiment communicative et sincère, et des breaks écrasants. Génial ! Vous en voulez encore ? Rendez-vous sur « The Perennial Desire » où l’on croirait entendre Unleashed et son primitif « Before The Creation Of Time » de 1991, avec cependant plus de dynamisme dans le mixage sonore actuel. Il en est du même acabit tout au long de l’album. Le frontal « The Phantasm » ou le nerveux « Vertiginious » un peu plus loin font tout aussi mal par où ça passe, avec des soli de guitare qui apportent une once de mélodie, alors que les growls de Henke Skoog apportent cette haine palpable, proche d’un Matti Kärki de Dismember ou du regretté L.G. Petrov (R.I.P.) d’Entombed/Entombed A.D. dont la bonhomie nous manque tant. Enfin, d’une violence absolue, l’ultime chanson-titre « Come, Sweet Death », située à la fin de l’album, enfonce le clou, certes, rouillé, mais ô combien efficace, à la frontière presque entre le death et le black metal scandinave d’antan.
Mais du coup vous vous demandez peut-être où réside l’intérêt d’écouter une telle galette si nos quatre gaillards ne font que copier ici leurs pairs ? Eh bien, en premier lieu c’est tellement bien ficelé et maîtrisé que l’on tombe dans leur séduisant piège. Deuxièmement, ils leur rendent avant tout hommage, et ce, avec sincérité. Alors certes, comme des légions d’autres formations le font déjà, mais ils rendent si justement hommage à ces groupes cultes qui disparaissent peu à peu (c’est déjà le cas d’Entombed A.D. qui a splitté suite à la mort de Lars Goran Petrov en 2021, et Entombed ne crée plus rien depuis des années, multipliant les rééditions, Alex Hellid semblant bien trop occupé à présent avec Fredlös), comment leur en vouloir ? C’est une sorte de tradition naturelle. Néanmoins, tout cela est justement symptomatique de la génération actuelle en Scandinavie dont la majorité des nouveaux combos n’innovent plus, ne faisant que reprendre les traces des légendes des années 80 et 90 en matière de death, thrash et black metal avec lesquelles ils ont grandi. Dans tous les cas, amateurs de chant caverneux et de guitares tronçonneuses avec des riffs à la old Entombed, Grave, etc., et en attendant la prochaine livraison de Dismember qui se fait désirer, même si vous étiez aux abonnés absents dans les années 90 (voire peut-être pas encore conçus, ni même pensés), il n’est jamais trop tard ! Alors hors de question de passer à côté de cet énorme Come, Sweet Death signé Imperishable ! Bravo les gars ! [Seigneur Fred]
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