INCANTATION : Unholy Deification

Unholy Deification - INCANTATION
INCANTATION
Unholy Deification
Death metal
Relapse Records

Apparus quelque peu fatigués sur la tournée accompagnant la sortie de Sect of Vile Divinities ces dernières années, nos vétérans américains donnaient l’impression de tourner un peu en rond même si leur death metal demeure terriblement féroce, sombre et habité, que ce soit sur disque ou en concert. Les caractéristiques du genre sont toujours au rendez-vous mais un certain essoufflement pouvait se faire sentir, ce qui, vous l’accorderez, est pardonnable, le groupe ayant été fondé dans le New Jersey en 1989. Mais son leader quinquagénaire John McEntee, seul membre originel, a su s’épauler depuis l’album Vanquish In Vengeance (2012) d’un bassiste à l’esprit créatif et très prolifique, Chuck Sherwood, doué notamment pour l’écriture des textes. C’est ainsi qu’on lui doit ce treizième méfait nommé Unholy Deification, qui, vous l’aurez sans doute compris, ne traite pas de licornes ni de love stories, mais bel et bien de religion, d’occultisme, et de tout le tralala autour de ça (satanisme, anti-christianisme, etc.). Sans connexion directe à leur précédent opus Sect Of Vile Divinites mais à l’artwork signé communément du même artiste incontournable, l’israélien Eliran Kantor (Hatebreed, Soulfy, Loudblast, Crowbar, Evile, Communic…), ce nouveau blasphème s’ouvre étrangement par le titre « Offerings (The Swarm) IV ». On s’interroge si on a bien le bon track-listing sous les yeux, mais oui, car son bassiste Sherwood (aucun lien ici avec la forêt de Robin des Bois) a voulu ordonner les choses différemment du track-listing, laissant à l’auditeur de se pencher davantage sur les paroles, et les sous-titres de chaque chanson indiqués entre parenthèses, car il y a là tout un concept de naissance d’une nouvelle entité ou divinité lors du cheminement spirituel et occulte de son protagoniste ici sur les textes d’Unholy Deification. D’emblée, on reconnaît le style sombre, lourd et malfaisant du quatuor américain : riffs saturés accordés six pieds sous terre (en Do), leads déchirants tout en shredding, batterie plus dynamique par contre qu’à l’accoutumée grâce au travail de Kyle Severn, et le chant guttural et vociférant du leader à la barbe grisonnante John McEntee. S’en suit immédiatement « Concordat (The Pact) I », tout aussi diabolique, et plus varié, passant d’une atmosphère sombre et pesante à de redoutables accélérations.

Au passage, comment ne pas penser également à leurs compatriotes d’Immolation qui évoluent dans cette même veine de death metal old school extrêmement sombre et oppressant (autre exemple : « Invocation (Chthonic Merge) X ») ? Si l’on recherche davantage de nouveautés, il faut aller plus loin et ouvrir les entrailles de la bête, jusqu’au morceau « Homunculus (Spirit Made Flesh) IX », d’une profondeur abyssale et sans retour, faisant ressortir, a contrario, non pas de nouvelles mais de vieilles influences doom de Celtic Frost chez McEntee qui ne s’en cache pas au côté de Chuck Sherwood (lire notre interview). Du même acabit, on notera l’ultime chanson de l’album, baptisé « Circle (Eye of Ascension) VII » qui, tout aussi heavy, voit le passage de quelques invités de renom dont Jeffrey Beccara (Possessed) et Dan Vadim Von (Morbid Angel) au micro. Génial et on en tremble derrière ses enceintes. Entre-temps, d’autres chansons comme « Chalice (Vessel Consanguineous) VIII » ou « Megaron (Sunken Chamber) VI » avec son intro au piano flippante, se montrent plus véloces et rapides, ou le très dark « Altar (Unify in Carnage) V », prouvent que le combo désormais établi depuis plusieurs années déjà à Johnstown (Pennsylvanie) n’a pas de leçon à recevoir des petits jeunes qui veulent prendre sa place sur l’autel du death metal américain. Incontestablement, Incantation a encore des choses intéressantes à offrir en matière de metal d’outre-tombe, faisant d’Unholy Deification un disque indispensable en cette année 2023 après Jésus-Christ. [Seigneur Fred]

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