JARED JAMES NICHOLS : Bienvenue au club des grands

Le guitariste/chanteur Jared James Nichols débarque à Los Angeles en 2010 et se fait immédiatement remarqué par sa virtuosité et son immense talent qui lui vaudra d’ouvrir pour des combos légendaires tels que Blue Öyster Cult, Fozzy, Glenn Hughes, L.A. Guns, Living Colour, Saxon ou encore des rois de la six cordes comme Joe Bonamassa, Peter Frampton, Billy Gibbons, Slash, Steve Vai, Leslie West. En 2015, sort Old Glory & The Wild Revival, son premier opus qui lui permettra de tourner dans le monde entier et qui fut suivi de Black Magic en janvier 2018. Si la route semblait toute tracée vers un succès mérité, le destin en décida autrement ! En 2021, l’artiste américain se casse le bras droit, un véritable drame pour ce passionné du manche. Il mettra seize longs mois pour retrouver son niveau et nous offrir un nouvel opus éponyme en janvier 2023. Une résurrection pour ce nouveau guitar hero incomparable de passage live en octobre à Paris. [Entretien avec Jared James Nichols (guitare/chant) par Laurent Machabanski/Pascal Beaumont – Photos : live par Laurent Machabanski ; autres : DR]



Tout d’abord, je souhaitai te féliciter pour ce concert d’une telle énergie et cette puissance de son de la Gibson si magique. Quelle surprise de te voir à Paris pour la première fois en tête d’affiche ?
Cela faisait si longtemps que je n’étais pas venu à Paris, je sentais que le moment de revenir jouer à dans la capitale était venu. Pour moi c’était très important de revenir. Et je suis ravi de dire que c’était encore l’un des plus grands spectacles. Je crois qu’en France il y a toujours un public génial, une énergie incroyable et je suis tellement content de revenir. Je pense que depuis la pandémie cela a pris du temps de revenir mais maintenant je suis tellement content de l’avoir fait.

La première partie de ce soir est Haylen. Actuellement tu fais une tournée européenne et vas jouer notamment dans la salle KK’s Steel Mill qui appartient à KK Downing (ex-Judas Priest, actuel KK’s Priest). As-tu eu l’occasion de le rencontrer ?
Oui c’est un très bon copain à moi. Il va être en tournée avec moi, en effet.

C’est d’ailleurs le retour de KK’s Priest !
Exactement, nous allons faire des shows ensemble. Cela devrait être fantastique, je le connais depuis longtemps.

En parlant de cette soirée, crois-tu que ce fût un grand show ?
Oh que oui ! L’énergie était grandiose, je crois que ce soir, c’était mon premier concert en tête d’affiche. C’est trop génial, et je suis tellement content que cela se produise ici à Paris.

Est-ce que tu apprécies la vie en tournée ?
Oui, je l’apprécie, c’est beaucoup pour la plupart des gens. Je dirais que partir en tournée n’est pas une chose facile, parce que tu es toujours dans l’ambiance. Même si tu t’arrêtes, tu dois penser à ce que tu vas faire après. Mais pour moi quand je suis sur scène, je fais tout pour que ça marche.

Ce n’est pas dur d’avoir tous ces fans autour de soi qui veulent te parler, te voir et qui sont en train de scander ton nom ?
Parfois j’aimerais me détendre, mais je comprends ce que je fais et c’est tellement important. Je ne veux pas laisser tomber les fans. Je veux qu’ils sachent qu’ils vont voir juste un spectacle pour me rencontrer et passer un bon moment.

Ce n’est pas commun pour la rock star que tu vas devenir.
Tout ce que je veux, c’est propager la musique que j’aime et rendre les gens heureux.

Concernant le nouvel album éponyme, comment s’est déroulé le processus d’enregistrement cette fois-ci ?
C’était très simple. Je voulais faire un disque sur lequel on puisse jouer en live. Pour ce faire nous sommes allés en studio et nous nous sommes installés comme pour donner un concert. Je n’ai pas chanté mais j’ai joué de la musique comme si nous étions en live. Je voulais de l’énergie, plus une approche naturelle, alors j’ai commencé à chanter. On n’a pas utilisé d’outils professionnels, directement sur bande. C’est la vielle école. C’est ce que nous avons fait et je me sentais vraiment très bien comme ça.

Auparavant, tu as travaillé sur les précédents albums avec le légendaire Eddie Kramer qui a produit les plus grands noms (Kiss, Jimi Hendrix, Led Zeppelin…). Pourquoi avoir changé pour Eddie Spear (Zach Bryan, Slash, Rival Sons…) ?
Quand j’ai rencontré Eddie, c’était un gars plus jeune et il avait beaucoup d’idées et d’énergie. Ce qui était sympathique c’est qu’il était excité quand nous avons fait l’album tous les deux. On avait une telle énergie. De mon point de vue c’est très important de faire confiance à quelqu’un avec qui je vais travailler, les contributions et les opinions. Avec Eddie dès les premiers jours, il a cette faculté auditive incroyable pour écouter de la grande musique et je savais que cela allait être un excellent partenaire en studio.

Quel a été ton défi personnel lorsque tu étais en studio ?
Le défi à mon niveau a été d’être naturel et de ne pas être trop stressé. Presque laisser aller la musique s’écouler. Je ne voulais pas faire un album parfait. Je ne voulais pas essayer de corriger, je voulais juste que cela sorte naturellement. C’est ce que j’ai essayé de faire.

Oui, il est presque parfait l’album.
Oui, (rires)

Le premier single s’intitule « Hard Wired ». Tu as travaillé avec Tyler Briant et Graham Whitford, fils de Brad Whitford, le guitariste d’Aerosmith. Comment s’est passée l’écriture de cette chanson ?
Nous l’avons écrite très rapidement, nous avons terminé cette chanson peut être en trente minutes. Mais avec Tyler Briant, j’ai l’impression qu’on est comme des frères. Alors cela marche un peu comme ça, il a une idée : « tu as fait ça, alors je vais faire ça « . C’est sorti si naturellement.

Quel est le sujet de « Hard Wired » ?
Le thème parle du fait d’être dans une mauvaise relation et tu te trouves piégé mais tu peux d’une certaine manière aimer cela (rires). Une méchante femme.

Il y a aussi le titre « Down The Drain », ainsi que la vidéo associée qui représente un peu l’innocence de l’adolescence. Apprécies-tu participer au tournage de clip comme celui-ci ?
Oui aussi. Ce morceau vient de nulle part. Quand je l’ai écrit je ne pensais pas trop à cette chanson, mais tous les gens autour de moi étaient unanimes sur le fait que c’était une bonne chanson. C’est une chanson cool. C’était d’ailleurs la dernière chanson que nous avons enregistré pour le disque.

La vidéo a-t-elle été faite par tes propres moyens ?
La vidéo a été faite par moi et d’autres amis à moi et Tom Flynn.

Le rendu est fantastique, simple mais si efficace. Est-ce autobiographique ?
Non, non pas vraiment.

Est-ce qu’il y a un texte dont tu te sens le plus proche ?
Oui il y a une chanson particulière qui s’intitule « Out Of Time » que j’ai écrite quand mon père est décédé. C’est une chanson très forte. Je ne pensais pas la mettre sur l’album, mais à la fin j’ai décidé qu’il le fallait car pour moi c’était sentimental. C’est une part de moi.

« Hallelujah » est un morceau épique influencé par Black Sabbath. Ce soir tu as joué « War Pigs ». Est-ce que c’était prévu ?
Nous l’avons déjà joué quelques fois. Car je sais que le public l’adore. C’est amusant à jouer.

Vous avez augmenté la puissance sur ce titre au concert, non ?
Oh oui (rires) !

Quelles ont été tes réactions quand tu es devenu l’Ambassadeur de Gibson en 2021 ?
Le rêve est devenu réalité. Je n’ai jamais pensé que cela aurait pu arriver un jour et je me sens si honoré et tellement content de ce qui arrive. C’est quelque chose quand j’étais gamin dont je n’ai jamais rêvé. Je suis soufflé que ça puisse m’arriver maintenant.

Des musiciens comme Slash ou Dave Mustaine ont obtenu cet honneur aussi !
Je me sens fier et heureux de jouer sur Gibson.

En parlant de cette distinction, il y aussi quelque chose de terrible qui t’es arrivé cette fracture du bras. Qu’est ce qui s’est passé ? Est-ce un accident ?
Oui, c’est totalement un accident. J’étais en train de déménager quelque chose et j’ai soulevé quelque chose avec mon bras et j’ai eu un cri de douleur car sous mon bras il y avait quelque chose qui me gênait. Je me suis dit que ça pouvait être mes muscles. Cela a tordu mon bras et un éclat est sorti de mes os. Donc j’ai dû avoir recours à la chirurgie et avoir une plaque pour le recouvrir. Une plaque vissée. C’est absolument fou.

Comment s’est passée la reprise ?
C’était difficile. Pour récupérer cela m’a pris une année mais je jouais de manière très tendue et serrée. C’était difficile de jouer.

Tu as eu recours à la chirurgie. Quand as-tu préparé cet opus ?
En 2021.

Est-ce que tu dirais que ce nouvel album est plus heavy ?
Oh oui. Plus heavy. Je voulais qu’il soit profond et intense.

Quelle est la plus grande rencontre musicale et humaine que tu es faite dans ta carrière ?Ça c’est une question difficile. Je ne sais pas, il y a eu tellement de gens. Trop dur je dois passer sur cette question (rires).

Tu as fait les premières parties de grands groupes comme Blue Oyster Cult, Glenn Hugues, L.A Guns, Saxon, Ufo, Zakk Wylde. Qu’est-ce que tu as appris à leur cotés ?
Beaucoup… J’ai presque appris comment jouer sur scène et être professionnel. Comprendre quand il est temps de se relaxer, quand c’est le bon moment de jouer, être à l’heure, faire la vérification du son, comment parler aux gens. J’ai tellement appris de leur part parmi ceux que tu as cité Glenn Hughes, Zakk Wylde, Ufo, ZZ Top, Lynyrd Skynyrd. Tout le monde ! J’ai eu de la chance, beaucoup de chance.

Comment s’est passée ta jeunesse et quels souvenirs gardes-tu de tes premières années, de ton adolescence, de l’école, de tes amis et ta famille ?
Il y a tellement de souvenirs… J’ai grandi dans une petite ville et les gens savaient ce que je faisais. Je crois qu’ils sont fiers de moi. Pour être honnête, je voyage tellement, c’est dur de rester en relation avec tout le monde. Je reste en contact avec ma mère et mon frère. Ils sont fiers de moi. Ils sont du Wisconsin et vivent dans la même région.

Est-ce que tu te souviens de la première fois que tu as joué de la guitare ?
J’avais quinze ans quand j’ai commencé à jouer de la guitare.

Avec une Gibson ?
Non, c’était une copie d’une Gibson. (rires)


Quelles ont été tes influences à cette époque ?
Black Sabbath, Pink Floyd, Led Zeppelin le rock classique que j’entendais à la radio.

Tu as commencé la guitare à quinze ans. Quand as-tu composé ta première chanson ?
J’ai commencé à écrire ma première chanson je devais avoir dix-sept ans mais cela reste très mineur, juste en train d’écrire des choses, mais ça a pris du temps pour prendre forme.

Te souviens-tu de ta première création musicale ?
Je ne crois pas. Je crois que je n’ai pas fait quelque chose de bien.

Est-ce que tu te souviens du premier concert que tu as fait ?
Oui, c’était un show pour détecter les talents dans ma ville. Je suis allé jouer de la guitare devant l’école. J’avais peur, j’étais nerveux.

Ça me fait penser à Steve Vai cette histoire…
Pas aussi bon que lui.

Penses-tu qu’ils ont apprécié le show ?
Oui mais j’avais peur, j’étais nerveux à l’idée de les regarder.

Crois-tu que cet album éponyme soit celui de la maturité pour toi, que ce soit en tant que guitariste ou chanteur ?
Oui, je pense que l’on est passé à un niveau supérieur, un nouveau niveau. Je me sens honnête envers moi-même et je sais qui je suis sur cet album. Je crois que c’est très important.

En parlant de Steve Vai qui a souvent fait le G3 avec Joe Satriani, ton futur serait d’aller encore plus loin dans le heavy metal, le blues, le rock, entre les deux ?
Les deux. Tout en fait. Aujourd’hui c’est important d’avoir la guitare, et c’est important de mixer la guitare ensemble.

Est-ce que tu aimerais participer au G3 ?
J’adorerais. Parlons-en !

Publicité

Publicité