KAOTEON : Neither God Nor Master

Neither God Nor Master - KAOTEON
KAOTEON
Neither God Nor Master
Black / Death metal
Osmose Prod.

Doté d’une pochette d’album symbolique qui a le mérite d’être claire (en signe de protestation : les cornes du diable, un point levé, et un doigt d’honneur, tous se détachant de leurs chaînes,) mais ne brille ni par sa beauté ni sa subtilité, ce quatrième album studio d’Anthony Koeteon propose dix nouveaux morceaux de Black / Death metal moderne, teinté parfois de légères influences orientales.

Désormais exilé aux Pays-Bas après avoir rencontré des problèmes religieux avec la maréchaussée locale voulant censurer sa musique lors des concerts (comme en déc. 2003), ce one man band libanais décida de continuer le combat en regardant vers l’avenir. Pour rappel, l’artiste a déjà collaboré sur certains enregistrements avec l’un des anciens cogneurs de Marduk, Fredrik Widigs, sur l’album Damnatio Memoriae (2018), ou bien le célèbre Adrian Erlandsson (ex-Paradise Lost, actuel At The Gates et The Haunted…) sur son précédent méfait éponyme Kaoteon (autoproduction 2020).

Toutefois, on le sait bien, l’invitation de différents guests prestigieux ne fait pas tout sur un album, et ne suffit pas toujours pour faire justement un bon disque. Une nouvelle fois, l’artiste libanais semble plutôt constitué en groupe. Derrière les fûts, on retrouve donc Adrian Erlandsson, un certain Linus Klausenitzer (des excellents Alkaloid, Obsidious, Eternity’s End, ex-Obscura) à la basse, et au chant Terry Stooker (du groupe néerlandais Eternal Insomnia). Côté live, le line-up s’avère cependant totalement différent.

Si les hostilités débutent de manière plutôt mélancolique et mélodieuse sur « A Dying Soul », très vite les choses s’enveniment (le rapide et méchant « Nimrod’s Demise »), avec des relents à la Marduk, notamment au niveau du chant qui rappellera Legion aux fans du combo suédois (dont on attend un nouvel opus).

Sur la chanson-titre, le multi-instrumentiste Kaoteon flirte de nouveau avec les mélodies méditerranéennes couplées à du metal extrême assez brutal, mais sans tomber non plus dans les stéréotypes du genre (Orphaned Land, Melechesh, etc.). Les guitares sont intéressantes et bien produites, les chants assez variés, mais cela manque de refrains fédérateurs, et le chant omniprésent empêche d’aérer l’atmosphère relativement sombre et colérique des compositions. Quelques breaks et prolongements de certains passages atmosphériques auraient mérité davantage de respirations par exemple (« Neither God Nor Master » rappelant presque dans son intro Rotting Christ période Sanctus Diavolos). Mais tout n’est pas qu’un patchwork d’influences métissées, loin de là. Depuis 1998, Chaotaeon, devenu Kaoteon en 2001, a forgé son style, contemporain à ses propres influences, et a grandi. Grâce à sa pugnacité et malgré des problèmes locaux autrefois de censure, ce dernier a continué son chemin musical, n’hésitant pas à faire mixer ses albums aux Antfarm Studios au Danemark par Tue Madsen (Aborted, Hatesphere, Dagoba, etc.), ou a travaillé aussi avec Daniel Bergstrand aux fameux Dugout Studios en Suéde (In Flames, Meshuggah, Behemoth, Dark Funeral…).

Mais cet album surprend encore ainsi l’auditeur (« The Oculus Eye » et ses cris de sorcières), n’hésitant pas à insuffler une certaine modernité dans ses morceaux grâce à des arrangements intéressants (« Skies of Nephilim », « Nimrod’s Demise » et son intro à la basse), même si le ton est clairement au rentre-dedans avec des riffs black/death très heavy (« The Blind Mind ») sur des accélérations foudroyantes (« Ultimate Destruction » une nouvelle fois proche d’un Marduk). Alors si vous êtes curieux, et que les influences précitées et les noms des musiciens vous parlent, n’hésitez pas à jeter une oreille à Neither God Neither Master, car là non plus, pour vous faire votre propre avis, il n y a ni Dieu ni Maître en la matière, même si nous vous recommandons malicieusement quand même ce nouveau brûlot de Kaoteon. [Seigneur Fred]

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